A Literary Tour de France
104. Revol, 4 juin 1782, Lyon

M. de Neuchâtel

Lyon, le 4 juin 1782

Messieurs,

Continuellement des reproches et si peu modérés, cela devient ennuyeux. Ci-inclus, deux lettres qui vous prouveront si nous avons des torts. Après qu’en aurez fait lecture, il vous plaira nous les renvoyer.

                  De Limoges à La Rochelle, les villes sont dangereuses pour les chambres. On  ne peut soustraire qu’en déclarant [mercerie] au lieu de [livres]. En conséquence, il faut payer les droits, qui sont assez considérables. Les dernières balles qu’avons expédiées à M. Pavie de la même ville, il nous a fait supporter les frais, attendu qu’il dit pour sa raison qu’il ne nous a pas donné ordre de les faire expédier sous le nom de [mercerie]. Nous avons écrit à M. Ranson de donner ses ordres pour se les procurer. Il ne fait aucune réponse.

                  Si, pour accélérer vos expéditions, vous voulez qu’on les expose, vous êtes bien les maîtres, mais ce ne sera pas par notre entremise, attendu que nous sommes trop attachés aux intérêts de Monsieur Ostervald, que nous respectons infiniment. C’est l’avis de votre affectionné serviteur,

                                                                                                                              Revol et compagnie.

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Messieurs,

Comme nous ne sommes point accoutumés à recevoir des lettres dans ce genre, nous vous la renvoyons, et vous prévenons que nous renonçons de bon cœur à un commerce fort désagréable pour nous, puisqu’en vous servant par inclination, vous nous injuriiez, et vous ne prévoyiez pas les dangers que nous courrons en [frustrant] vos balles des visites de la Chambre de Lyon et du Royaume. Les bénéfices que nous y faisons ne nous dédommagent point des peines et soins que cela nous occasionne, et d’une lettre de cachet pour notre récompense ! Ce qui pourrait bien nous arriver. Le 22 avril, nous avons remis à la diligence à l’adresse de M. Pomaret la balle P n°2. Elle lui a été rendue le 27 du dernier. Nous ne sommes pas assez dupes que d’aller nous compromettre en envoyant des ouvrages non permis à Paris, ainsi qu’il nous l’a ordonné. La balle lui a été adressée en droiture, qu’il en fasse ce qu’il voudra, peu nous importe. Nous ne sommes point d’honneur à supporter la mauvaise foi de vos correspondants. C’est l’avis de votre affectionné serviteur.

Date: 
Tue, 06/04/1782