A Literary Tour de France
11. Lair to the STN, September 21, 1774

 

 

Messieurs de la Société typographique                             Blois, le 21 septembre 1774

de Neuchatel

 

Messieurs,

 

            On m’a envoyé en campagne l’honneur de la vôtre 13 courant à la construction d’un pressoir que j’y fais faire et préparer tout le nécessaire pour les vendanges qui sont ouvertes ici mais que je ne commencerai que dans le courant de la semaine prochaine. Nous espérons bonne [de ---] année et une qualité dans le vin qui en facilitera la vente.

            Le compte courant que j’ai trouvé dans votre dernière n’est pas juste. Vous y faites erreur à votre préjudice et au mien. J’en ferai note dans ma première, étant pressé de repartir pour la campagne qui se passera d’aller et venir jusqu’au voyage que j’espère faire à Paris du premier au 15 octobre pour y livrer lettre de marchand libraire. Comme j’y resterai trois semaines ou un mois, j’aurai l’honneur de vous écrire de là pour vous donner mon adresse, vous offrant d’avance mes services avec prière de me procurer [quelqu’unes] de vos connaissances dont je ne ferai usage que pour nos intérêts respectifs.

            Ce que j’ai prédit, s’est confirmé au sujet du retard de votre envoi du 12 avril dernier, n’étant arrivé que le 20 juin suivant, si à ce délai vous y joignez celui entre ma demande et l’envoi. Vous ne pouvez trouver mauvais le refus qu’ils ont fait de recevoir ses ouvrages, ainsi je n’en ai encore placé aucuns. On m’offre trois livres de chacun des 36 volumes des œuvres de M. de Voltaire, ce qui fait L. 108 qui ne balanceront pas l’achat et les frais pour quoi je ne le donnerai que [sous] de nouveaux ordres.           

            le Dictionnaire encyclopédique a eu le même sort, mais par une raison contraire. On est content de la célérité et de la fidélité avec laquelle on pousse l’ouvrage, mais lorsqu’on pense qu’elle est portée à plus de deux tiers et qu’il ne paraît pas encore un seul volume de planches, on est tenté de croire et l’on craint qu’ils n’en donnent point parce qu’elles sont plus difficiles et plus dispendieuses que les volumes de lettres, ce qui fonde ce raisonnement c’est que lorsqu’on donna celui de Paris, les volumes de planches ont toujours accompagnés ou suivis de près les volumes de lettres. Ce raisonnement qui n’est point équivoque préjudicie au débit de l’ouvrage. Si les éditeurs vous sont attachés, comme je le pense, vous ne sauriez leur faire de trop vives et pressantes représentations en les assurant que c’est de la bonté  des planches qu’on attend depuis près de quatre ans que l’ouvrage paraît qu’ils en doivent espérer le succès qui serait bien plus considérable encore s’ils eussent eu les égards que mérite la sainteté de la religion catholique qu’ils traitent quelquefois moins bien que toutes les autres et sur lesquelles ils auraient dû marquer la plus exacte impartialité.

            Vous connaissez mieux que moi, Messieurs, qu’un Dictionnaire encyclopédique sous le titre d’universel sans planches est un corps décharné sans âme et sans vie, qui ne répond point aux vues des acquéreurs. Je vous avoue que si j’avais le malheur d’être privé de planches, je regretterais beaucoup l’instant où j’ai pensé d’en faire l’acquisition. Tranquillisez-moi là-dessus, je vous supplie. J’aurai le même soin auprès de ceux qui s’intéressent à la réussite d’un ouvrage aussi vaste qu’utile. Je vous remettrai en décembre ou janvier sur Paris, ce qui vous sera dû vers ce temps à cause

des retards, ainsi qu’un petit reste du premier envoi que je n’ai reçu que le 14 octobre quoique parti de chez vous le 8 avril 1773.

            Je vois que vous avez changé de [commissionaire] à Lyon, le retard à l’expédition du dernier envoi n’en doit pas être la seule cause, mais bien trente-huit livres dix sols qu’il compte pour voiture et droits de chez vous à Lyon, ce qui ne peut être rapport à la réduction des droits et à la modicité du prix des voitures de chez vous à Lyon que vous avez toujours regardé si peu importante que vous avez promis de vous en charger . Voulez-vous bien lui en demander la note détaillée et me l’envoyer, engagé Messieurs André Fenedelli et compagnie de m’envoyer la leur en m’avisant de l’envoi que vous leur avez adressé pour moi le 3 courant?

            Vous priant de me croire toujours avec considération, estime et attachement .

 

Messieurs                                                            Votre très humble et obéissant serviteur

Lair de Blois

 

Vous oubliez toujours les 2 cahiers qui manquent à un des volumes dont je vous ai envoyé la note. Je vous écrirai plus au long de Paris

 

Date: 
Wed, 09/21/1774
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