A Literary Tour de France
12. Rigaud à la STN, 25 octobre 1771

 

M. de la Société de Neuchâtel

                                                                                  Montpellier, le 25 octobre 1771

 

Messieurs,

 

Nous avons sous les yeux vos deux lettres du 28 septembre et 16 octobre.  Il n’est pas douteux que l’impôt qu’on vient de mettre sur les livres français ou latins qui viendront des pays étrangers ne fasse beaucoup de tort à la librairie en général et principalement à celles qui sont établies hors de royaume car il est fort peu d’ouvrages dont la valeur puisse supporter un droit de L. 60 par quintal.  Nous ne sommes pas encore bien certains si on perçait cet impôt sur les frontières ou si on ne le perçait pas.  Les nouvelles varient beaucoup là-dessus.  Nous avons écrit pour nous en informer.  Ayez bonté de prendre de votre côté des informations parce que si effectivement on a commencé à percevoir cet impôt, nous vous prions de suspendre toute expédition.  Vous sentez bien que dans l’état des choses, nous ne saurions accepter l’offre que vous nous faites des cent exemplaires de l’ouvrage in-duodécimo de 26 feuilles dont vous faites mention dans votre lettre du 28 septembre.  Si cependant on ne perçait pas encore l’impôt, vous pouvez en insérer 12 exemplaires dans le ballot des tomes 6 et 7 des Questions qui doivent êtres prêts en ajoutant à cet envoi deux exemplaires des deux ou 3 premiers volumes qui ont paru de la Description des arts sur le format in-quarto que nous demandons pour essai ; mais encore un coup, il ne faut rien expédier si ces marchandises doivent payer l’impôt de L. 60.  Nous vous marquerons dans la suite notre dernière résolution touchant votre édition du Traité du droit des gens par M. de Vattel in-quarto.

Nous sommes bien aisés d’apprendre par votre lettre du 15 octobre que l’impôt de L. 60 n’a pas encore eu son effet sur les frontières mais le fait est bien sûr.  Nous aurions bien souhaité que le septième volume des Questions eût accompagné le sixième dont vous nous annoncez l’expédition, mais si M. de Voltaire ne vous a réunis la copie de ce septième volume que depuis quelques jours, il faut prendre patience nécessairement.  Ce qui nous embarrasse c’est les moyens que vous pouvez mettre en usage pour nous faire passer ce septième volume et les suivants si l’impôt est une fois établi.  Nous sommes très impatients d’être instruits du sort du ballot précédant dont vous n’aviez pas vous-même de nouvelles ; et nous serions bien charmés qu’il nous parvînt sain et sauf.  Nous sommes bien fâchés du dérangement du S. Berthoud principalement à cause de l’intérêt que vous ayez dans cette affaire.  La proposition que vous nous faites touchant le transport des marchandises depuis chez vous jusqu’à Nice moyennant L. 15 du cent pesant ne saurait être agité dans le moment présent.  Il faut préalablement être bien assuré si l’impôt du L. 60 aura bien ou non.  Dans cette incertitude, il nous convient de suspendre ???? ???? de commerce dans l’étranger parce que la saisie ou le payement du droit pour une seule balle emporterait le bénéfice de 30 expéditions.  Nous croyons bien avec vous que cet impôt fera tort en général aux libraires de France, mais les imprimeurs et les fabricants, c’est-à-dire les libraires imprimeurs de Paris, de Lyon, de Rouen, etc., pourront y trouver leur compte.  Nous souhaitons bien sincèrement que votre Société typographique n’en souffre aucun dommage.  Nous pourrions bien prendre dans la suite la plupart des ouvrages que vous nous annoncez comme allant mettre sous presse par votre lettre du 15 octobre mais la prudence exige que nous suspendions toute demande ultérieure, et nous vous prions de ne rien expédier pour nous lorsque vous serez assurés qu’on a commencé à percevoir l’impôt de L. 60.  Il faut savoir céder au temps et aux circonstances.  Nous avons l’honneur d’être avec la plus parfaite considération, Messieurs, votre très humbles et très obéissants serviteurs.

 

                                               Rigaud Pons et comp.

 

M. Rigaud vous prie de dire bien de choses de la part à M. Baron.

 

Manque à un tome premier des Questions sur l’Encyclopédie la feuille 12 : page 193. jusqu’à 208. inclusivement. 

« «  idem à un troisième tome la feuille O. page 209. jusqu’à 224. inclusivement

Date: 
Fri, 10/25/1771
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