A Literary Tour de France
13. Rigaud à la STN, 20 décembre 1771

 

M. de Neuchâtel

                                                                                  Montpellier, le 20 décembre 1771

 

Messieurs,

 

Nous apprenons avec peine par M.M. Jacques Deandreis et comp. que ces messieurs ont expédié pour Sète [souligné dans le texte] port de mer à 4 ou 8 livres d’ici un ballot qu’ils avaient reçu de la part de M. Leonard Bourdillon de Genève à qui sans soute vous l’aviez adressé.  Sète est un port prohibé pour l’entrée des livres généralement quelconques et par conséquent aucun livre ne peut entrer par ce port même en payant les droits.  Nous avons écrit en conséquence [mot illisible] pour prévenir la-dessus les J. Jacques Deandreis et comp. et les avertir que s’ils y sont encore à temps [mot illisble], c’est-à-dire si le navire n’est pas encore parti à cause des vents contraires d’adresser le ballot à M. Joseph Colomb négociant à Marseille.  Nous allons de notre côté faire tout ce qui dépendra de nous pour tâcher d’éviter cette saisie mais nous vous prévenons que si nous ne pouvons y réussir la porte de ce ballot sera sur votre compte car nous ne vous avons jamais dis n’y à M. Bourdillon de Genève, ni aux M.M. de Nice d’expédier le ballot pour Sète car nous savons depuis que nous faisons la librairie que c’est un port prohibé pour l’entrée des livres.

Vous avez appris sans doute que l’impôt de L. 78 qu’on avait mis sur les livres latins ou français venant de l’étranger avait été modéré à L. 26. le cent pesant y compris les 6 sous par livre.  Quoique cette modération soit considérable, le droit ne laissera pas d’être fort.  Cependant pour nous prêter aux circonstances et pour entretenir notre correspondance avec vous et avec nos bons amis de l’étranger, nous nous sommes décidés à participer pour un bien au payement de ce droit à condition que nos correspondants y contribueraient pour deux biens.  Et cet arrangement-là est de votre goût comme nous avons lieu de le croire.  Prenez la peine de nous le marquera et ce sera fait une fois pour toutes.  Si nous nous ne tirons[1] de chez vous que la suite des ouvrages dont vous nous aurez[2] fourni les premiers volumes, c’est un arrangement général que nous avons fait avec nos correspondants des pays étrangers.  Il nous reste à vous dire que vos marchandises demeurent bien à nous parvenir ce qui fait un tort évident à notre débit, par exemple nous n’avons reçu que les tomes 5 et 6 des Questions sur l’Encyclopédie tandis que nos confrères ont reçu les tomes 6 et 7.  Jugez si c’est agréable pour nous et nos pratiques ne se fâchent pas.

Nous avons l’honneur d’être bien sincèrement, Messieurs, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

                                               Rigaud Pons et comp.



[1]   Il écrit “tirerons”

[2]   Il écrit “avez”

Date: 
Fri, 12/20/1771