A Marseille 4e août 1777

MM. de la Société typographique de Neuchatel

Messieurs,

J'ai reçu les deux ballots que vous m'avez expediés les 3 et 25 juin derniers.  Je ne fais, pour ainsi dire, que de les avoir.  Le premier se monte, suivant votre facture, à

…..L. 50-14-0

Le second, du 25 juin, reçu le 2 du courant, à                                                 …..L. 118-6-0

L. 169

Voici ce que j'ai trouvé ou incomplet, ou à déduire, pour frais de Neuchatel à Lyon

Premier, au 1er envoi, au lieu de 12 Principes de legislation je n'en ai trouvé que 11 malgré que vous auriez du en mettre un 13e ainsi que l'avez fait à l'envoi du 25 juin

………..L. 1-2-0

1 Thévenon incomplet                                                                                                ……..L. 1-1-0

pour frais de Neuchatel à Lyon                                                                        ……..L. 5

au second envoi:

1 Maladies des yeux de St Yves dont un cahier se trouve dechiré par le billet avec lequel

vous avez cerné le ballot                                                                        …..L. 1-2-0

1 Etat du Portugal, même défaut                                                                        ……..14 d.

Il y a aussi 1 voyage de Br[               ]; mais il est raccomodable                       

Plus pour les frais du dernier ballot payés                                                            …L. 12-9-69

Reste que je vous dois                                                                                           …..L. 147-11-69

dont je vous envoye ci-inclus mon billet pour solde payable à un an.  Vous aurez la bonté de m'en créditer de conformité.  Quant aux 6 Dictionnaires de Bayle, ils furent renvoyés dans le mois d'octobre dernier à Lyon, dans un ballot que j'adressais à M. Castaud, et je le priai de remettre ce paquet, qui portait votre adresse à MM. Schodelli commissaires chargeurs, avec ordre de le tenir à votre disposition; et je dois vous l'avoir écrit; ainsi vous pouvez le faire reclamer à Lyon, et en disposer.  Je vous prie de prendre note de ce que j'ai l'honeur de vous dire à ce sujet.

            J'ai reçu par la votre du 22 juin, que vous m'avez inserit parmi les souscriptions de l'Encyclopédie pour 13 Encyclopédies, faisant pour 12.  J'y vois cependant que vous ne faites pas un liard de remise sur cette partie, et que je dois la payer en plein.  Je vois aussi que la remise n'est que de 50 d. par volume; tandis que vous avez un confrère qui nous donnait la moitié à celle qu'il vient de finir.  Enfin j'entrevois que cette entreprise est combinée par un français, et qu'il a envie d'abandoner le commerce après cette opération, qui était assez orageuse; apparement que ce que nous aurions du gagner, a servi à appaiser quelque gros chien.  J'y prendrai cependant tout l'interêt possible, et peut-être pourrai-je doubler mon nombre, mais je ne vais pas si vite; il y a tant d'avances à faire pour notre commerce, qu'il n'est guère nécessaire de prendre des engageents incertains; et sans voir où cela peut aboutir.

            On m'a dit que ce serait de Lyon que les balles partiraient.  On en avait promis une livraison en juillet.  Nous voici en août.  Enfin je compte que l'inspection des nouveaux volumes pourra attirer de nouveaux souscriptions.  Il ne me fera pas peine d'en avoir quelques uns à découvert; mais une douzaine c'est trop.  Je vous en dirai mon sentiment dans le temps.  Certaines inconstances arrivées dans le temps, certains ordres donnés ad hoc, ont interrompu la chaleur des souscriptions. S'il parait sans obstacle, cela remettra les esprits.

            Vous me parlez de quelques articles nouveaux, il estnécessaire de les connître un peu pour s'engager à en faire profiter.  Si la prudence ne conduit pas nos opérations, nous nous trouvons étranglé.  Quand on connaît la valeur d'un article, qu'on en voit à peu près le [               ], pour lors on s'y abandonne; mais ne soyez pas surpris, si je ne

[          ] pas dans toute proposition, j'aime mieux à y revenir.

            Vous m'y donnez note d'une Histoire de l'Amérique par M. Robertson, traduite par un auteur connu, mais vous n'ignorez pas que l'ouvrage de l'abbé Raynal qui a une aussi grande réputation, peut bien faire tort à cette nouvelle.  Enfin j'en prendrai bien pour essai une douzaine.

            Je verrai avec plaisir votre nouveau catalogue, mais je ne le voudrais pas par la poste; insérez-le dans quelque ballot jusqu'`a Lyon, et je pourrai me le procurer.  On pourrait le faire remettre à M. Castaud Libraire, rue de la Comédie qui, ayant des occasions assez fréquentes, pourrait me le procurer facilement.

            Je prendrai aussi un ou deux de ces Plans et Statuts de l'impératrice de Russie in folio.  C'est surement tout autre ouvrage que celui qui a paru il y a 4 ou 5 ans.  Si c'était par exemple le même, et qu'il n'y eûtt que quelques augmentations, je n'en veux point, en ayant du 1er que je ne vends pas souvent. 

            Quant aux œuvres de [Piran], je n'en prendrai point.  Je ne sais si cet ouvrage fera fortune, mais, à en juger par ceux que j'ai, je pense que le nom de l'auteur a plus fait de sensation, que l'ouvrage lui-même, rempli de bien de fadaises.

            Ajouter:

12 Manuels des jeunes orateurs.  Le titre est important.  Je ne le connais pas.

            Qu'est-ce que cette Vie et opinions de [                   ] mettez un ou deux, pour les voir.

12 Correspondance de M. de Montalembert, 3 vols.

Quant à la Bible d'Osterwald, cet ouvrage pouvant [                   ] quelqu'altercation, je ne suis pas d'avis de m'en embarasser.  Je verrai cependant si, sans risque, on peut en

placer quelques unes.

            Je suis de tout mon cœur

                        Messieurs,

Votre très humble et très

obéissant serviteur

J Mossy