A Literary Tour de France
15. Lair à la STN, 23 mars 1777

Messieurs de la société typographique de Neuchatel chez M. Parregaux,

Banquiers à Paris

Messieurs,

            J’ai bien reçu l’honneur de la votre 16 courant écrite de chez vous et mise à la poste à votre

 arrivée à Paris pour y répondre. La lettre incluse de Dom Cortot, [prieur], et celui en college royal de Pont-le-Voie du 26 novembre dernier vous [prouve], et la réponse que je fis, que je n’ai pas touché l’exemplaire du Dictionnaire encyclopédique que je lui avais envoyé dès le 7 du mois de novembre dont je vous ai informé dans le temps. Vous voyez par sa lettre ses raisons et son incertitude à prendre l’ouvrage et le temps qu’il demande pour s’y determiner. Je l’attendais [ce temps] avec autant d’impatience que vous, pour vous faire passer la décision finale, elle aussi heureuse que je l’ai prévue, voilà sa réponse.

            Tourmenté de la goutte depuis trois mois, il n’avait pu venir a Blois ni m’écrire, il y vint la semaine dernière pour voir et saluer notre nouvel évêque qu’il ne connaissait pas; mal affermi sur ses jambes tremblantes, il se fit conduire à l’évêché dans sa chaise, y dîna , et mercredi 19 courant je le fus voir à St. Launier, où il était descendu. C’est une maison de son ordre qu’ils ont ici. J’y restai plus d’une heure à causer seul avec lui dans sa chambre. Il me fit des ouvertures qu’on ne fait qu’à un ami. Il me dit qu’il commençait à se reconnaître dans le chaos immense des affaires de la maison qu’il avait débrouillées, et que je pouvais compter qu’il prendrait votre Dictionnaire sans me dire le temps qu’il pourrait payer.

            Comme je connais le caractère de M. Le Prieur, que tous ses soins ne [--nde] qu’à

dégager cette maison, je m’attendais sous quelque temps à quelques remises de sa part, que je vous aurais fait passer. Mais puisque vous êtes à Paris, je lui enverrai votre lettre étant [jour] du messager, j’espère que s’il a de l’argent il me l’enverra ou [avant] je lui marque qu’il le peut faire. S’il n’en a pas, je me flatte que sous quelques mois il m’enverra au moins moitié et le reste suivra le plus tôt possible, je le connais.

            Ce qui me flatte beaucoup, et ce qui doit vous faire plaisir, c’est que l’ouvrage est

placé solidement. Comme il n’y a que de pareilles maisons ou des personnes riches qui soient en état de l’acquérir et qu’on en annonce une nouvelle impression à Genève, en 29 volums in 4º de discours et 3 volumes de planches qui ne reviendront qu’à environ moitié de celle d’Yverdon, il est à craindre que son bas prix ne fasse diminuer celle-ci qui pourtant, selon moi, sera toujours préférée. Retirez la lettre que vous avez virée sur moi, car je ne peux la payer que de la rentrée de cette vente. Ayant intérêt de ménager cette maison, je vous prie de vous prêter aux arrangements que la situation actuelle du [père prieur] peut lui permettre de prendre.

J’ai l’honneur d’être bien respectueusement

Votre très humble et obéissant serviteur     

Monsieur                                                            Lair

Blois ce 23 mars 1777

Date: 
Sun, 03/23/1777
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