A Literary Tour de France
189. Caldesaigues to STN, 27 septembre 1779

Marseille le 27 septembre 1779

MM. la Société typographique de Neuchatel

en Suisse

Messieurs

            La triste situation et l'état de détresse où je me trouve réduit ne me laissant d'autre espoir, [                ] mes affaires et pouvoir travailler en cette ville que dans votre seule charité et [              ]; je ne sais que trop combien vous êtes fondé à vous plaindre de moi et des tous les reproches que vous êtes en droit de me faire mais n'ayant plus [        ] espoir d'accomodement et me voyant forcé d'abandonner Marseille et de m'expatrier pour toujours par le refus que vous avez fait jusques à présent d'acepter le [15%] payables dans trois ans que vous a offert pour moi M. [Iscard], procureur de Marseille, j'ai cru devoir pour derniere réponse vous écrire moi-même la présente pour vous dépeindre en vrai ma situation.  Convaincu [               ] de mes torts et obtenu par la votre indulgente et votre consentement et signature [     ] mon concordat, je suis Monsieur et [                ] pas qu'il y a eu de l'inconduite dans mes procedés.  Je ne doute point que vous en ayez été instruit mais je suis [     ] qu'on vous a exaggeré le tout au contempte et que vous [                ] de beaucoup.  Si je pouvais vous convaincre que c'est moins la dissipation et le libertinage qui ont causé mes malheurs que l'ambition, ça je puis vous protester Messieurs avec serment que je n'ai jamais eu l'idée de faire perdre un denier à aucun de mes créanciers mais voici au vrai ce qui m'est arrivé, ayant des [             ] pour environ L. 5000 en ayant perdu la tête toujours dans la crainte qu'on ne m'emprisonnât, et me voyant tous les jours mes échéances arriver sans pouvoir y faire honneur par une perte de L. 10,000 que [je n'avais dû] perdre et que les Anglais m'ont pris; alors je [prens] la partie de mon aller en recommandant à mon épouse de proposer 50% pour accomoder mes affaires et lui laissant ma maison et mon magasin avec des marchands pour environ L. 19000 et moi je parts avec quatre malles des livres se montant environ à L. 4000.  Malheureusement pour moi que ma traversée fut un peu longue car je restai 34 jours pour me rendre à Cadix, sitôt arrivé je [             ] mes lettres mais ainsi [            ] que bien loin de proposer le 50% mon intention était mon beau-père avait pris sa fille et avait fait saisir ma maison et mon magasin, moi ne pouvant pas croire une [              ] comme ça.  J'attends ce salaud courrier mes amis me disent de revenir tout de suite car l'on va vendre toutes mes marchandises au [                 ] alors que fis-je, je profitai de [                           ] pour

[                         ] et ne fus pas plutôt à Marseille que j'apprends que tout a été vendu par

[               ].  Alors je demandai un état de ce qu'on m'avait vendu Messieurs l'on me montre un quart de ce que j'ai laissé en me disant que [          ] emporte jusques aux meubles de ma maison dans le temps que je suis parti avec deux [          ] et douze [       ].

Je vais appeler au Parlement mais je ne puis rien faire attendu que je n'ai point ma liberté.  Ainsi [Daigues] avoir la même commisération que MM. Duplain qui ayant ét'e instruit au vrai de tous mes malheurs a été le premier à accepter les [15%].  Aussi Messieurs j'ose espérer que vous me ferez cette grace, soyez persuadés que si je pouvais vous en donner 50 je n'hésiterai pas d'un moment mais je suis peiné je travaillerai pour payer tous mes créanciers et me rehabiliter un jour. Sans quoi vous me ferez [      ] à m'expatrier et aller mourir auz îles, j'attends par votre réponse que vous m'accorderez la grace que je vous demande et vous obligerez celui qui a l'honneur de [                 ],

Messieurs,

Votre très humble

et très obligeant serviteur

Caldesaigues

Votre réponse s'il vous plaît et vous l'adresserez à Monsieur [Iscard] procureur à Marseille pour remettre à M. C.

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Date: 
Mon, 09/27/1779