Messieurs de la Société typographique de Neuchâtel en Suisse

Lyon, le 11 juin 1778

                  Messieurs,

Par le contenu de notre dernière, nous vous assurons qu’avons vu moyen pour éviter l’entrée de vos balles dans cette ville. Nous ne pouvons en faire usage que pour les balles destinées pour passer debout, c’est-à-dire pour la Provence, Languedoc etc. etc.. Mais nous ne vous répondrions pas des événements qui pourraient en résulter dans les Chambres syndicales des autres villes du royaume.

                  À l’égard du ballot de M. Bergeret de Bordeaux que vous nous avez annoncé par votre lettre du 21 dernier, dont nous n’avons encore aucune nouvelle, nous sommes sûrs qu’il passera facilement attendu la quantité des balles que nous expédions journellement pour l’Encyclopédie. Nous n’avons à craindre que la Chambre de Montpellier et celle de Toulouse. Pour cette dernière, nous pouvons l’éviter, et, pour celle de Montpellier, comme nous chargeons des voitures complètes, elles passent debout sans être visitées.

                  Comme nous savons qu’il s’imprime à Neuchâtel des volumes de l’Encyclopédie, nous avons entendu vous prévenir que si vous nous faisiez envoi dans le même temps qu’à M. Duplain, et que vos ballots fussent conformes pour la marque en ne les différant que par les numéros, qu’elles fussent aussi de la même grosseur, cela nous faciliterait beaucoup, et ne nous ferait pas tant de frais.

                  Supposé que vos balles contiennent pour divers particuliers, d’après la note que vous nous en donnerez, nous en disposerions à votre gré. Vous pouvez être sûrs que nous ne ferons aucun quiproquo, c’est-à-dire aucune erreur, attendu que nous connaissons cette partie. Le beau-frère de notre Sieur Revol, M. Girard papetier de cette ville qui doit incessamment passer chez vous, vient de nous dire qu’il y avait dans cette ville un voyageur de Neuchâtel libraire de la Société. Nous aurons le plaisir de le voir et de lui donner les renseignements nécessaires.

                  Nous avons l’honneur d’être avec un sincère attachement vos affectionnés serviteurs, Messieurs,

                                                                                                                              Revol et compagnie