9 juin 1781

Messieurs

            J'ai l'honneur de vous accuser réception des deux derniers envois que vous m'avez fait, donc l'un de L. 103 et l'autre de L. 100, pour lesquels je vous envoie ci-inclus mon billet de L. 203 payable en juin 1782.

            Je n'ai pas au juste sous la main les factures de ce que je dois encore vous solder.  Donnez-m'en note pour terminer nos comptes jusqu'à ce jour.

            J'ai reçu les articles contenus dans le mandat de M. Fauche de 26 Tableau à L.3….L.72 que je vous dois, vous me ferez plaisir de m'envoyer encore un pareil mandat pour 13 exemplaires.  J'attend avec impatience ces Mémoires de Louis XV.

            Le commis de M. Lepagnez vient de me dire que vous avez écrit à sa maison que vous m'envoyeriez pour lui et pour moi 400Mémoires de M. N., quarto.  Je lui ai répondu que vous m'en aviez envoyé avec d'autres articles 25 exemplaires seulement, que je n'avais point eu d'avis de votre part d'un envoi de 400 à partager avec lui, ainsi je vous prie si ce commis vous écrit à ce sujet de lui dire que vous aviez formé le projet de faire effectivement un envoi de 400 ex. de cet ouvrage pour sa maison et pour la mienne, et que sur ce que vous m'en aviez écrit je vous avais témoigné une répugnance à me charger de gros nombre; qu'en conséquence vous m'en aviez envoyé un très petit nombre pour moi seul, qu'avec joint d'autres articles que vous deviez m'expédier, d'autre part qu'il vous a semblé apercevoir dans mes lettres que je ne me souciais point de ces espèces de sociétés d'articles; et que vous avez assez de bonté pour moi pour chercher à ne pas medéplaire dans notre suite de correspondance.  Vous m'obligerez beaucoup d'agir ainsi.  Cette maison ne cherche qu'à connaître mes correspondants, mes articles, et mes connaissances, pour en faire son profit, et point gâter les prix des articles.

            Vous me demandez ce que je pense de l'édition Philosophie de la nature.  Je crois cet article bien usé ainsi que tous les livres philosophiques en général don’t on nous demande très peu depuis plus d'un an.

            Quant à l'édition projetée de l'abbé Raynal, je trouve très excellente cette entreprise.  Suivant votre plan elle fera de grand débit mais il faut de la diligence dans l'exécution et du beau papier.  Grasset de Lausanne nous annonce cette édition pour le mois de juin, si l'édition est prompte je pourrai m'en arranger pour 50 exemplaires.

            Vous avez bien fait de ne pas m'écouter lorsque je vous demandais seulement 100 exemplaires de Mémoires de M. Necker.  Je pourrai vous en redemander bientôt; dans la persuasion que vous n'en fournirez qu'à moi ici comme vous me l'[avez] promis.

            J'ai l'honneur d'être avec considération,

            Messieurs,

Votre très humble et très

obéissant serviteur

Charmet libraire

Besançon 9 juin 1781