A Literary Tour de France
20. Lair to the STN, February 18, 1778

 

 

Messieurs de la Société                                                          Blois, le 18 février 1778

de Neuchatel  

 

Messieurs,

 

            Ayant à répondre à l’honneur de vos deux dernières du 11 novembre et 8 courant rien de mieux

[--ende] que votre impatience d’être rempli [---] de ce que vous m’avez envoyé pour mon compte, que de ce que j’ai vendu pour celui de la  Société, quoi qui m’en soit encore dû et qu’il reste des articles de librairie à vendre, ce n’est qu’aux malheurs de temps, à la récolte des vins, manquée totalement cette année ce qui me fait un [déficit] de plus de cent louis, de pareille somme employée forcément en réparations, il y a deux ans et [la dot] nécéssitée d’une de mes filles que je marie qui ont causé les grands retards de la rentrée de vos fonds. Mais comme vous observez fort bien qu’il faut une fin à tout et que là-dessus mon inclination est égale à la vôtre.

            Je vous remets ci-joint mes trois billets à votre qui non seulement seront bien exactement payés aux échéances, mais si vous ne les négociez pas et que ma récolte prochaine me donne en vins une moitié ou trois-quarts de ce qu’elle donne ordinairement, je vous remettrai de quoi les payer en une seule fois. Tant j’ai d’envie et d’inclination de vous satisfaire.

-- le premier billet de cent livres payable courant de septembre prochain ci………             L. 100

--le deuxième de pareille somme payable courant de mars 1779 ci………………             L. 100

--le troisième aussi de cent livres payable courant de septembre 1779 ci………...            L.100

                                                                                                                              _______

L. 300

Lesquels trois billets montant à la somme de trois cent livres viendront à compte de ce que je vous dois. Le surplus qui ne peut être  bien considérable sera joint au montant des quatre volumes in 4º de la Description des arts et métiers qui paraissent actuellement faisant [4 ---] des quatre premiers volumes que vous m’avez envoyés avec leurs planches assez bien gravées.

            Vous savez que je n’ai reçu que les deux premiers volumes de planches de l’Encyclopédie d’Yverdon,j’ignore s’il y en a d’autres quoi que je vous ayant prié plusieurs fois de me le marquer et de me les envoyer. Si j’en veux croire ce que M. Linguet en dit dans son quinzième numéro des Annales politiques du dixhuitième qu’il continue de faire à Londres, il en donne un tous les 15 jours. Dans l’article qu’il intitule « Brigandage de l’Imprimerie, » il fait une sortie sur les [Sociétés Penckouke] qu’il drape d’importance au sujet de l’Encyclopédie de Paris dont il s’était chargé de l’impression des cinq volumes de supplément de discours et de planches à Genève. Il rend justice à celle d’Yverdon à qui il donne 10 volumes de planches et qu’il regarde aussi supérieure à celle de Paris que celle de [Pellet] de Genève est incomplète et inférieure à l’une et à l’autre. Celle qu’on annonce à Liège par ordre des matières l’emportera sur les deux en utilité, en agrément, puisqu’on y promet plus de 3000 planches.

            Vous n’ignorez pas que M. de [Bure], adjoint à la Chambre syndicale de la librairie de Paris, a été mis à la Bastille pour avoir refusé d’estampiller à Versailles les livres contrefaits, il vient de sortir de la Bastille. Les libraires de Paris sollicitent vivement au conseil la suppression, ou du moins la modération des articles trop forts concernant les auteurs, imprimeurs, libraires, garçons imprimeurs, marchands libraires étrangères, et sur la librairie nationale et étrangère, commerce que ces différents édits intéressent. S’il est vrai qu’on persiste à en soutenir l’exécution s’en est fait de ce commerce, on le détruit, on le sape par les fondements, le-voilà anéanti pour la France, on se persuade qu’il est impossible qu’il se soutienne dans cette rigueur.

            J’ai l’honneur d’être avec l’estime et la considération que vous me connaissez

Messieurs                                                            Votre très humble et obéissant serviteur                        Lair                                                                           

Date: 
Wed, 02/18/1778
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