A Literary Tour de France
210. Lépagnez Cadet libraire à Besançon. Ms. 1174.

Lépagnez Cadet libraire à Besançon. Ms. 1174.

Besançon, le 26 juin 1781,

 

Messieurs,

De retour de mon voyage de Paris, je m’empresse de répondre aux 3 lettres dont j’ai été honoré dans mon absence. Dans la première du 29 mai qui m’est parvenue à Paris en son temps, vous m’annoncez l’expédition de 400 Mémoires pour nous deux, M. Charmet [et moi]. En conséquence, je les vendis, mes 200, aussitôt, et mon commis reçoit les ordres de me les expédier par la diligence, car votre lettre ne supposait point de réponse, mais au lieu de recevoir cette marchandise, il m’a été envoyé votre seconde du 12 du présent, où vous dites finement que n’ayant point reçu de réponse à votre première (qui n’en exigeait point) vous en avez seulement envoyé quelques-un à M. Charmet (détour dont je n’aurais pas soupçonné la Société Typographique de Neuchâtel en Suisse). Ah ! Messieurs, quoique je ne connaisse très bien la lettre que M. Charmet vous écrivit après la vôtre du 29 mai, ainsi que votre réponse, je vous jure que  je ne suis pas fâché de l’exclusion à lui accordée (ces choses sont permises pour l’intérêt du commerce), ni de vos lettres réciproques à ce sujet, mais devait-je m’attendre à vous voir plaindre dans votre dite lettre, de ce dont seul je suis fondé à me plaindre, relativement aux comptes rendus qui n’en restent à votre compte que par votre inexécution à les livrer suivant nos conventions ? Si vous aviez rempli vos offres au lieu d’en avoir encore 250 pour votre compte, ce nombre m’aurait manqué quand même M. Charmet n’en aurait pas pris le cent qu’il a eu, et devais-je me voir exposé par vos lettres mêmes et que j’ai sous les yeux, à me voir traité par mes correspondants de charlatan ne pouvant leur livrer ce que je me suis engagé par écrit à leur fournir en vertu de votre lettre. Ne révoquez pas ce fait en doute, je vous le prouverai dans un voyage que je ferai bientôt en votre ville, en vous reproduisant votre lettre du 29 qui m’a fait faire cette équipée.

Et dans votre troisième du 19 du même vous prenez l’avance fort adroitement, à vous plaindre de ce vous avez eu une occasion de placer le reste de vos comptes, ce qui ne se rencontrera peut-être pas, comme si j’en étais la cause, et vous avais refusé de les rendre. Je vous fais grâce de tout ce que je pourrais encore répondre sur les articles de cette troisième lettre, ainsi que sur les deux autres, et je me contente de dire et de penser que ma correspondance vous est à charge, ce dont je suis très fâché, et en vous assurant de mon plus profond respect, j’ai l’honneur de me dire,

 

Monsieur,

Le plus humble de tous vos correspondants, et serviteur,

Lépagnez Cadet.

Book Titles: 
Creator: 
Lépagnez Cadet
Date: 
Tue, 06/26/1781
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