Lépagnez Cadet libraire à Besançon. Ms. 1174.

Besançon, le 4 juillet 1781.

Messieurs,

Oui, il est bien vrai que sur l’avis que vous m’avez donné le 29 mai de l’expédition de 400 Mémoires, je vendis sur-le-champ, à Paris où j’étais alors, les deux cents qui devaient me parvenir, que je donnais l’ordre à mon commis de m’expédier, et que mon commis était bien fondé, en mon absence, de vous écrire ce qu’il croyait devoir à mes intérêts. Souffrant, mais je me réserve de traiter cette affaire avec vous dans mon premier voyage en votre ville dans le courant de ce mois, surtout de ce que je vois par votre dernière du 30 du passé que c’est un fait exprès, puisque vous me dites que vous avez vu avec peine que depuis deux ans je ne tire presque rien de vous et que M. Charmet a pris 12 Voyages de Suisse pendant que je ne vous en ai commis que deux, qui ne me sont pas encore parvenus.

Votre récrimination n’est pas fondée parce que toutes les fois que vous aurez de bonnes sortes, je vous en débiterait beaucoup plus que la personne favorisée, puisque malgré la lenteur sans laquelle je vous aurais placé moi seul 1200 Compte-rendu au roi de Necker, j’en ai encore placé 415 exemplaires et votre préféré 100, et que j’aurais pu sans trop dire vous placer une édition entière de vos Mémoires.

J’aime M. Charmet autant que vous, ce n’est point lui qui a tort, et je vous jure encore une fois que je ne suis pas jaloux de l’exclusion, mais que je suis sensible, tant à la perte que vous m’avez occasionnée, qu’à l’affront que je dois supporter, ne pouvant livrer une marchandise que je croyais pouvoir vendre.

Celle-ci ne devait être uniquement pour vous donner avis que j’ai expédié à M. Pion à Pontarlier, en un ballot marqué S.T. N. 3 contenant 235 Contes avec les cartes pour m’en faire suivre vos ordres puisque le ballot était fait lorsque j’ai reçu vos ordres de le diviser.

J’ai l’honneur d’être avec tout le respect et la considération dont je suis capable,

Messieurs,

Votre très humble serviteur,

Lépagnez Cadet.