A Literary Tour de France
26. Pavie à la STN, 25 mars 1784

 

Pavie à la STN, 25 mars 1784

                                                                              À La Rochelle, le 25 mars 1784

Messieurs,

Je vous remets ci-inclus mon billet à votre ordre payable en tout juillet prochain de L. 79 qui remplace ma traite de pareille [somme] sur M. Fauche que vous me renvoyez dans l’honneur de la vôtre du 14 courant. Le sieur Fauche ainsi que sa compagnie ont bien mal à propos refusé de payer cette traite, ayant depuis longtemps à moi des fonds. Il est vrai qu’ils ont surpris ma bonne foi. Voici le fait : en 1781 lorsqu’ils annoncèrent le Tableau de Paris, ils demandèrent à être payés d’avance. Je leur représentais que ce n’était pas l’usage. ; enfin ils me dirent que c’était vrai mais que le besoin où ils étaient par les dépenses que leur occasionnaient des entreprises considérables, les forçaient à en venir à ces extrémités ; et si je voulais me prêter à leur besoin, qu’ils sauraient me le reconnaître. En décembre 1781, je leur envoyais pour L. 750 deux billets et leur demandais des Tableau de Paris que j’ai contremandés. Ils m’ont marqué que le commissionnaire de Lyon en avait disposé selon leurs ordres en faveur d’un autre. Ils n’ont pas moins négocié mes billets que j’ai payés à leur échéance, m’étant fié sur leur parole qu’ils m’enverraient d’autres marchandises, et qu’ils sauraient me dédommager de mes avances. Ils m’ont envoyé depuis pour L. 319-10-. Il m’est donc encore dû L. 430-10-, sur quoi ils ont refusé ma traite de L. 79. J’ignore absolument s’il y a eu une balle de saisi. Je sais bien n’avoir jamais entendu parler que par eux d’un ballot montant à L. 172-2- qu’ils ont marqué avoir adressé en novembre 1782 à M. Revol et Compagnie à Lyon qui ne m’en a du tout point parlé, de façon que je ne sais si ce M. Revol a reçu ce ballot ou non. Voilà, messieurs, où j’en suis avec M. Fauche fils aîné qui ne montre pas beaucoup de délicatesse dans le commerce non plus que ses associés. Je voudrais cependant bien être payé. Me trouveriez-vous un moyen, vous seriez dépositaire des fonds et m’enverriez à mesure que j’aurais besoin pour la somme en me dédommageant du comptant. Mandez-moi ce que vous en pensez, faites-leur remettre l’inclus, s. v. p.

Je viens de faire mettre à la messagerie de Nantes un paquet à l’adresse de Mme Veuve Massieu de Clerval à Caen avec prière de le remettre de votre part à M. son fils aîné. Ce ballot contient les tomes 13, 14, 15 et 18 des Arts et Métiers.

Des moyens que vous m’enseignez pour avoir de vos sortes, je ne trouve que la route de Paris, étant la moins dispendieuse et la plus sûre, à ce que je peux entrevoir. Malgré que je suis en correspondance avec toute la librairie de cette capitale, je ne puis vous en nommer aucun pour y adresser mes balles si l’occasion se rencontrait que j’y fus, cela changerait dès ce que vous pouvez m’en procurer, ou cela revient au même.

En conséquence, vous pouvez lui adresser ce que je vous ai demandé par ma dernière, consentant à payer les dix livres qu’il en coûte du quintal de chez vous à Paris. Vous marqueriez au libraire de me marquer la route qu’il fera prendre à ce ballot pour qu’il me parvienne, vous prévenant que les ballots et caisses qui sortent de Paris passant par Orléans sont visités à la chambre syndicale à cette dernière ville. Ainsi prenez vos précautions à ce sujet, vous prévenant que je ne vous en tiendrai compte que quand je l’aurai reçu, c’est-à-dire que l’envoi se fera à vos risques.

Il est question de la Vie privée du duc de Chartres, j’en prendrai volontiers 50 exemplaires. Si cependant cet ouvrage que je ne connais pas était trop fort, il vaudrait mieux le retrancher plutôt que de trop risquer. Vous m’expédierez donc aux conditions ci-dessus les articles de ma lettre du 20 courant. Si cette route réussit, je verrai à faire une demande plus conséquente. Vous n’oublierez pas de m’envoyer votre catalogue dans le ballot à moins que vous ne trouviez moyen de me le faire passer franc par la poste, ce qu’attend celui qui a l’honneur d’être, messieurs,

                                                               Votre très humble et très obéissant serviteur,

                                                                              Pavie, second fils pour mon père.

 

6 Essai de Morale, par Mably, in-12 ou in-8° si vous l’avez.

Date: 
Thu, 03/25/1784