Lépagnez Cadet libraire à Besançon. Ms. 1174.

Besançon, le 28 octobre 1783,

Messieurs,

Je n’ai rien à ajouter à ma dernière du 3 septembre, sinon que les ballots qui ont été envoyés à Paris viennent de vous être remis, moyennant chacun 21 livres 18 sous de frais, dont vous voudrez bien me débiter. Ces ballots ne nous seraient point retournés, si mon commis ainsi que M. Charmet n’avaient par eu l’adresse de substituer en place de la description et des portraits, de l’autre marchandise qui pouvait passer à Paris. C’est ainsi qu’ils ont réparé la maladresse de l’expédition.

Je ne sais aucun secret ni manière de faire passer une feuille pour vous ni pour moi. Ainsi, je ne peux absolument me charger de marchandises que rendues ici.

Non, le désastre de notre pauvre ville ne reprend aucune faveur, au contraire. L’incendie est plus enflammé que jamais. Au moment où je vous écris, qui est le mardi matin avant le jour, il y a déjà 22 bilans de déposés, et celui où vous recevrez la présente, qui est jeudi, il y en aura bien 26 à 30. Je crains que Besançon ne puisse jamais se relever d’une pareille chute et quoique je n’y sois pour rien en livre directe, les contrecoups m’épouvantent, surtout depuis la mort tragique de M. Fleur, qui faisait toute la ressource et l’espoir fondés sur ce pays, puisqu’il n’avait absolument aucune mauvaise affaire, et que les affaires étant dans le meilleur état, on ne peut deviner quel peut avoir été le sujet de ce désespoir.

J’ai l’honneur d’être avec respect,

Messieurs,

Votre très humble serviteur,

Lépagnez Cadet.