A Literary Tour de France
28. Pavie à la STN, 30 septembre 1784

Pavie à la STN, 30 septembre 1784

                                                                              À La Rochelle, le 30 septembre 1784

Messieurs,

Je n’ai pas répondu plus tôt à l’honneur de la vôtre du 6 avril dernier croyant apprendre de jour en jour la liberté de l’introduction des livres étrangers en France sans qu’ils passent à la chambre syndicale à Paris, mais il y a lieu de penser que toutes les tentatives qu’on a faites, n’ont pas réussi.

Je vous remercie des démarches que vous avez faites auprès de M. Fauche fils aîné, Fabre et Compagnie pour me faire payer ce qu’ils me doivent. Si je ne peux dans la présente, je vous enverrai par la première poste, le compte de ce qu’ils me doivent pour leur faire présenter et agir par voix juridique dans le cas qu’ils refusent de payer.

Les frais sont bien chers pour tirer de vos cantons car vous dites que moyennant L. 15 par quintal, on vous promet d’entrer en France sans risque. L. 15 et L. 25 qu’il en coûtera au moins de port font quarante livres de quintal de manière que l’in-12 et l’in-8° me reviendront de 6 à 8 sols pièce pour les faux frais sans y comprendre le laps de temps qui se passera à recevoir les ballots qui restent 5 à 6 mois en route, ce qui dégoûte. Malgré que je sois en correspondance avec presque toute la librairie de Paris, je n’en vois aucun qui voulût se mêler de recevoir ces ballots. D’ailleurs pour les ravoir de Paris, il faut qu’ils passent à Orléans où ils seront visités. Leur contenu les fera arrêter et confisquer. À Versailles il n’arrive pas un ballot de librairie sans qu’il ne soit envoyé à Paris pour passer à la chambre syndicale. Vous voyez, messieurs, que voilà bien des entraves. Si les L. 15 pour quintal pesant lèvent toutes ces difficultés et qu’on garantisse les ballots jusqu’en cette ville, il faudra bien faire un essai. Mais avec ce même paiement, ne trouveriez-vous pas moyen d’en faire l’entrée à Lyon, n’y étant rendu le commissionnaire à qui vous adresseriez le ballot, me l’enverrait par Limoges ; cette route étant encore libre, recevant souvent des envois de Lyon sans difficulté. Dans tous les cas, messieurs, je demanderai que vous entriez par moitié des L. 15 pour quintal pesant. Cela n’est pas trop exigible puisque ces MM. de Lyon paient le port jusqu’à Limoges et me répondent des dangers de la route, ne leur tenant compte des envois qu’après les avoir reçus. Ce sera aussi une de mes conditions si nous faisions affaire. Il faut bien que ces MM. de Lyon trouvent moyen de tirer de vos cantons puisqu’ils ont le Tableau de Paris, le Bonnet de Nuit, les Œuvres de Charles Bonnet, l’Heptaméron et une infinité d’autres articles imprimés chez vous-mêmes et dans vos cantons.

Vous m’annoncez une note de vos nouveautés que je n’ai pas trouvée dans votre lettre. Sans doute que vous m’y annonciez la nouvelle édition de l’An 2440 par M. Mercier. J’en prendrai au moins 50 exemplaires mais il faudrait qu’ils me soient expédiés en même temps que ceux que vous destinez [lacune] Lyon et qu’ils me fussent expédiés de suite par Limoges. S’il faut que le ballot passe par Paris, les Lyonnais auront le temps d’en faire rendre en cette ville et aux environs avant que mon ballot soit rendu à Paris. Je vous fais toutes ces observations afin que vous preniez toutes les précautions requises pour que je reçoive sans risque, promptement et sans frais. Combien en coûte-t-il de chez vous à Amsterdam ou à Rotterdam du quintal ? Les occasions sont-elles fréquentes ?

J’aurais besoin de :

Nourriture de l’Âme.

Abrégé du Catéchisme d’Ostervald.

Nourriture de l’Âme [sic].

Devoir des Communiants.

Sermons de Lulin.

Sermons pour Les Fêtes de l’Église Chrétienne, par Bertrand, 2 vols., et non les Sermons sur Divers Textes de l’Écriture Sainte, par J. E. Bertrand.

Sermons de Pomely, 2 vols.

Prière de Pictet.

Ce que je pourrai trouver dans votre catalogue de nouveautés que j’attends par la première poste avec la réponse sur les observations que je vous fais. Je ne prendrai pas la suite des Arts et Métiers. Il en coûte trop cher de port et cet ouvrage ne finit pas. Vous trouverez ci-inclus une lettre de M. Ranson. J’ai l’honneur d’être parfaitement, messieurs,

                                                               Votre très humble et très obéissant serviteur,

                                                                              Pavie, second fils pour mon père.

Quand ferez-vous paraître L’An 2440 ?

Date: 
Thu, 09/30/1784