A Literary Tour de France
29. Gaude to the STN, November 5, 1774

 

Gaude to the STN, November 5, 1774

 

Neuchâtel, Messieurs de la Société typographique                        Nîmes, le 5 novembre 1774

 

Messieurs

 

La lettre que nous recevrons de vous nous surprend infiniment. Nous ne payerons point votre compte de L. 500 parce que nous ne le pouvons dans ces circonstances et nous avons l’honneur de vous en prévenir. Mais, Messieurs, en vous prévalant sur nous le L. 500, avez-vous pensé que c’était là, à peu près, tout ce que nous vous devions? Avez-vous pensé que c’est très tard que nous avons reçu vos fournitures? Que les notres sont à la même époque? Que nous avons reçu de vous des livres non-commissionnés, qui ne nous plaisent point et qui nous sont inutiles? Voilà sur quoi vous auriez du réflechir et vous en tenir pour le réglement de votre compte, à notre probité que nous écoutons bien plus que toutes les menaces du monde. Réglons le ce compte et vous serez convaincus que c’est à tort que vous avez tant voulu exiger.

Le point le plus important sera bientôt discuté. Il est vrai, très vrai, que nous vous avons demandé ces livres dans l’idée de vous en faire le paiement, par portion égale, en livres et en argent. Nous vous le dîmes même. Vous ne rappelez pas ce fait, mais il n’en est pas moins constant. Cependant, Messieurs, pour vous prouver que nous n’aimons point à chipoter, nous vous ferons compte de vos fournitures à l’argent.

Il nous convient à prier de relever l’injuste erreur où vous êtes. Vous avez cru, Messieurs, que nous tirions d’ailleurs les livres que vous nous annonciez, et pour établir cette conséquence vous nous mandez que c’est de nous mêmes que vous l’avez apprise. Nous avons eu l’honneur de vous dire, il est vrai, que nous avions eu de M. Henbach certains de vos articles, mais c’est à compte d’échange et vous permettrez bien que sans négliger vos intérêts, nous n’oublions pas entièrement les notres. C’est pour nous un avantage très grand de nous procurer les livres dont nous avons besoin pour ceux de nos fonds, mais tant que nous serons obligés de les acheter à l’argent, c’est à vous seuls que nous adresserons nos demandes, à moins que notre correspondance ne vous fasse quelque peine. Il faut des raisons un peu fortes pour rompre avec une maison et certainement en considérant la satisfaction que nous avons toujours éprouvé avec la votre, vous n’y trouverez point le motif qui puisse autoriser l’interprétation que vous avez faite de notre dernière lettre.

Nous apprenons que votre ballot du 30e août dernier vient d’être arrêté aux bureaux de Villeneuve-les-Avignon d’abord parce qu’on croyait qu’il sortait d’Avignon sans payer l’impôt, ensuite parce qu’il contenait 12 Psaumes etc. Le procès verbal a été adressé à notre intendant qui a promis de nous servir. Enfin l’affaire est aujourd’hui chez M. le garde des sceaux envers lequel nous allons nous justifier. Nous le prierons de nous faire expédier le dit ballot et d’en extraire les 12 Psaumes s’il le juge à propos. Nous pensons qu’il nous sera rendu. S’il ne l’était point, ce serait à vous à attaquer le Sr. Jacquenod de Lyon, à qui vous avez sans doute marqué la route qu’il devait faire prendre au ballot. Il a fait ce qu’on ne fit jamais. Il expédie de Lyon à Nîmes par le cache d’eau au lieu d’expédier en droiture. Un commissionaire doit suivre les routes ordinaires et n’en tenir d’aussi singulières que par des ordres particuliers. Ce n’est pas de nous qu’il les tient et en supposant que l’on [pilone] ce sera à vous, Messieurs, à vous en faire payer par lui.

Nous vous remettons ci-joint nos deux effets de 375 Sou chacun. Le premier payable en avril prochain et le second en octobre aussi prochain. Si le ballot nous est rendu, nous vous redevrons à notre compte L. 139-6-. Au moyen de cela vous ferez très bien de nous éviter mutuellement de désagrément du [procès] de votre traite qu’il ne nous est point possible d’acquitter.#

Nous avons l’honneur d’être bien sincèrement

 

Messieurs                                                Vos très humbles et très obéissants serviteurs

                                                            Gaude père fils et co.



#  Veuilliez bien nous donner crédit de ces deux effets pour solde jusqu’à ce jour.

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Date: 
Sat, 11/05/1774
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