A Literary Tour de France
35. Gaude to the STN, February 12, 1776

Gaude to the STN, February 12, 1776

                                                                                    Nîmes le 12 février 1776

Messieurs

Notre lettre du 29e janvier, dont vous faites l’analyse, est précisément celle que nous vous eussions adressée aujourd’hui. S’il ne s’y était glissé une erreur, il est vrai que nous acceptâmes 12 Durand et 50 Bertrand pour notre compte.# Il est donc bien juste de réparer cet oubli.                                                                                     L. 98-10-

Nous garderons les 6 Morale évangélique  [Morale évangélique, ou discours sur le sermon de N.S.J.C. sur la montagne]

qui vous furent demandées, il est vrai                                                            L. 24

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                                                                                                            L. 122-10-

Par notre compte remis, il vous revenait                                                L. 6-8-

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                                                            Nous vous devons                        L. 128-18-

Nous n’avions pas répondu à trois de vos lettres, Messieurs, parce qu’elles contenaient l’annonce de bien des livres qui ne nous convenaient point. S’ensuit-il que notre silence nous condamne à garder pour notre compte les articles qu’il vous a plû insérer dans nos ballots? Toute marchandise envoyée sans ordre reste à la disposition de celui qui l’envoie. On n’a pas besoin  de l’en informer et nous ajoutons que si nous avions été dix ans à régler notre petit compte, nous ne serions pas plus tenus à vous la payer. C’est ce qui se vérifie tous les jours.

Ce n’est point au moment que l’argent doit sortir de la bourse que nous mettons de côté ces livres qui vous appartiennent. C’est du moment qu’ils nous sont parvenus, et si vous n’en avez pas été avisés plutôt, ce n’a été que pour ne pas multiplier des frais de poste inutiles parce que nous comptions avoir bientôt l’occasion de vous faire quelque demande.

Les livres imparfaits n’ont point été gâtés par le voiturier, mais par la faute de votre emballeur qui ne les avait pas serrés suffisament. Nous ne ferons pourtant pas difficulté de les garder pour notre compte, mais les défets sont si considérables qu’il vaudrait mieux nous remplacer les articles par d’autres exemplaires complets. Alors vous disposeriez des imparfaits. Si vous l’aimez mieux, nous vous ferons passer une note des défets et vous nous les fournirez par occasion quoiqu’il en soit dès que ces livres seront chez nous en état, nous vous les payerons. Vous avez tort de penser que vous ne seriez pas tenus au complément de cette marchandise.

Nous attendions, il est vrai, le 19e decembre 1774, comme aujourd’hui, la rentrée de votre ballot, saisi à Villeneuve, mais nous n’avons jamais assuré qu’il nous serait rendu. La même subdélegué nous mande encore qu’il va faire décidément l’envoi. Il vous est bien permis de vous informer de lui si nous avons negligee cette affaire. Est-ce notre faute à nous si vous adressez à un commissionaire inhabile? Est-ce notre faute s’il envoie à Villeneuve au lieu de suivre la route connue et sûre? On a dressé des procès verbaux qui ont couru tous les bureaux du Ministère et vous sentez que cela ne se fait pas sans temps ni frais.

Il faut être juste, Messieurs, et ne pas vouloir tout pour soi. Nous vous avons dit que nous payerions la moitié des frais faits à Villeneuve, et nous n’y serions pas forcés certainement puisque s’il en était autrement, la fortune d’un commerçant serait dans les mains d’un commissionaire. Vous sentez cela comme nous et comme nous vous voyez que cette arrestation nous est très préjudiciable. Lorsque ce ballot nous sera restitué, vous recevrez un compte exact de ce qui vous reviendra. Ensuite lorsque les défets qui manquent à vos livres ou leurs exemplaires complets nous seront parvenus, nous en ferons autant. Tout cela peut être fait promptement mais nous ne saurions être [dupes] de tout cela. Il vous est libre aujourd’hui de vous prévaloir sur nous des cent vingt huit livres dix huit [fols] que nous vous devons en ce moment. Tout l’honneur sera fait à cette traite et non à celle de L. 190 qui porterait la confession dans notre règlement.

Nous avons l’honneur d’être sincèrement

Messieurs                                    Vos très humbles et très obéissants serviteurs

                                                Gaude père fils et compagnie

P.S.

Votre envoi de Villeneuve contient en partie majeure, des livres que nous n’avons pas demandés. Nous les garderons cependant, contre votre moitié de frais, parce qu’il faut bien finir cette misérable affaire.



#  On oublia de les porter au nouveau compte et c’est une erreur dont nous vous faisions des excuses.

Date: 
Mon, 02/12/1776