Messieurs de la Société typographique de
Neuchâtel Blois, le 14 décembre 1773
Messieurs,
Pour satisfaire à ce que je vous ai promis par ma dernière, je vous remets inclus lettre de change de deux cent cinquante-deux livres [sur] M. le grand marchand de vin au Soleil d’Or, rue des Augustins, quai de la volaille à Paris, payable 20 [janvier prochain] pour montant des vingt-et-un premiers volumes du Dictionnaire encyclopédique d’Yverdon que vous avez eu la bonté de m’envoyer et qui ne sont arrivés ici que le 14 octobre dernier. Vous voyez que cette remise n’est pas éloignée des trois mois que vous accordez après la réception. Vous solliciterez le paiement de ma remise et en déchargerez d’autant mon compte vous en ayant débité.
En faisant relier ce dictionnaire, j’ai trouvé au tome deuxième qu’il y manque trois feuilles, faisant ensemble 24 pages qui doivent être placées entre les pages 552 et 577. Ainsi celles qui manquent font 559 jusque et y compris 576 pages. Je vous serai très obligé de les faire réparer lors du premier envoi sans quoi ce volume serait imparfait et presque inutile s’il n’est compté.
Lorsqu’on vous aura livré six volumes de l’Encyclopédie, je vous prie de vouloir bien les faire relier proprement à trente-cinq sols le volume en Bazanne, si c’est le dernier prix.
On me demande aussi reliée l’Histoire politique et historique des Européens dans l’Inde 6 vols. à [1 sou] la feuille. Vous le faites L. 12 en feuille. Il ne vaut que L. 18, relié à Paris. Il faut qu’il y ait erreur, car le vôtre relié reviendrait plus cher, à cause du port et des droits. C’est pour un amateur qu’il ne faudrait pas refuser et qui a dessein de souscrire à votre Description des arts et métiers, mais il exig[era] et tous ceux à qui je l’ai proposée, de savoir combien vous en pouvez donner par an. Je vous avais prié de me le marquer, ceci est indispensable.
Un autre amateur demande aussi relié:
2 exemplaires de Londres, ouvrage d’un français 3 vols., in 8º
Caractère des femmes par M. Thomas
Voyage d'Oloff dans les Indes
Géorgiques de Virgile en vers français par Delisle
Lettres de l'Evêque Deuncey à Voltaire et les réponses
Avis au peuple sur la santé par Tissot 2 vols., in 12, sixième édition
Le Bonheur, poème par Helvetius in 8º
Le système de la nature et les réflexions philosophiquespar Holland, 2 vols. N’envoyez pas l’un sans l’autre.
le Dictionnaire des mœurs (s’ils sont imprimés)
l’Esprit d’Helvétius (s’ils sont imprimés)
J’aurais encore d’autres demandes à vous faire. Si j’étais aussi parfaitement connu que je désirerais l’être, car vos fonds qui ne peuvent me rentrer que dans l’année ne peuvent vous parvenir que dans ce temps.
Un ami désirerait l’Encyclopédied’Yverdon et ne le veut payer que six mois après l’arrivée de chaque envoi. Marquez-moi si cela se peut accorder avant de l’envoyer.
Je vous prie de m’envoyer votre Journal helvétique à commencer du premier décembre mais [donc] l’année ne commencera que du premier janvier prochain à L. 19-4- que je joindrai à ma première remise. En quel temps l’avez-vous commencé? Vous en reste-t-il quelques exemplaires?
Combien le vendriez-vous broché chaque année? Dès que j’aurai placé ce que vous m’avez envoyé, je vous en ferai passer le montant. J’en ai déjà vendu quelques articles qui ne me rentreront qu’en 1774.
J’ai lu dans la Gazette de France du [dernier ordre] que l’impôt de 20 pour cent [payable] sur la librairie étrangère vient d’être réduit à L. 6-10- et les [8 sou pour livre], ce qui reviendra à L. 9-2- . Cette nouvelle, qui est sûre, va être également avantageuse à votre société et à tous les libraires de province. On me conseille de présenter requête à M. Le Chancelier pour ouvrir sous son autorité un cabinet littéraire, et le titre de marchand libraire pour le [soutenir], ce qu’il accorde dit-on aisément y en ayant dans toutes les villes de France.
Un ouvrage qui serait d’un bon acabit pour vos presses est la Collection de toutes les académies de l’Europe, proposée il y a quelques années par souscription. Cet ouvrage est cher et va lentement. Vous pourriez accélerer et le donner à meilleur compte.
On assure que Messieurs Dalembert et Diderot ne travaillent plus aux suppléments du Dictionnaire Encyclopédique [parmis] [M. Penkouke] chargé de l’impression la [Ce---] à Genève, elle y va si lentement qu’un ami d’ici se repent d’y avoir souscrit. Il travaille à retirer sa souscription. S’il y parvient, il prendra celui d’Yverdon.
Je suis avec le plus vif attachement.
Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur
Lair de Blois
J’ai un excellent manuscrit que je pourrai confier qu’à l’un de vous, Messieurs.