Messieurs de la Société A Neuchâtel
Lyon, le 8 mars 1780
Messieurs,
Me voilà enfin de retour d’un grand voyage que je n’ai pu me dispenser de faire, lequel à la vérité je ne croyais pas être si long, car j’espérai en partant être de retour dans le temps que Messieurs Bosset et Deluse et d’Ostervald passeraient dans notre ville. J’ai été privé du plaisir de les voir, et j’ai un grand regret qu’on n’ait pu leur donner dans ma maison toute la satisfaction et les renseignements qu’ils exigeaient. Quoiqu’il en soit, Messieurs, j’ai là toute votre correspondance, et examiné en partie tous les objets. J’ai trouvé que tous les envois qu’avons reçus ont très bien passé, sans aucun risque, et seront rendus (une partie doivent l’être) à leur adresse ultérieure, tel que nous en avez donné les ordres.
Ce n’est que pour vos volumes d’Encyclopédie qu’il paraît que vous êtes mécontents. Puisque vous nous faîtes de si vifs reproches, vous objecterons que ces reproches sont mal fondés, puisqu’il n’y a nullement de notre faute. Premièrement, nous ne pouvions expédier à M. Henry fils à Valenciennes les 4 exemplaires, puisque nous ne les avions pas complets. Deuxièmement, nous ne pouvions pas non plus vous expédier dans le temps les tomes 36, puisque M. Duplain ne nous les remettaient point; ni les volumes de planches, attendu que nous ne les avons point encore reçus. Troisièmement, vous vous plaignez de ce que nous avons expédié le tomes 2 à 8 sans nous réserver 50 volumes de chaque. Vous n’ignorez point, Messieurs, que ce sont Messieurs Darnal qui étaient chargés de faire brocher, et que ces Messieurs nous remettaient les balles emballées pour vous en faire expédition. Dans le même temps, leur aviez donné ordre, ainsi que nous, de nous remettre 50 volumes de chaque tome, ce qu’ils ont fait de tous les autres, à l’exception de ces tomes 2 à 8. C’est donc erreur de leur part. Ce qui est une preuve certaine, c’est que ces Messieurs ont fait emballer toutes les balles que vous avons expédiées et qu’avez reçues. Il n’était pas nécessaire qu’ils fissent emballer les 50 volumes 2 à 8, puisque vous leur avez donné des ordres, ainsi qu’à nous, de nous les remettre. Vous avons prévenus dans les temps que ces Messieurs n’étaient pas au fait de cette partie et que la brocheuse qui avait traité avec eux était une mauvaise ouvrière. Ce qui nous prouve la réalité de nos avances, c’est que le hasard vient de faire tomber entre nos mains un tome XVI, dans lequel il y a des parties du tome XV ! Ainsi jugez si pour votre sûreté ces 50 exemplaires qui doivent nous rester n’ont pas besoin d’être collationnés.
Sous peu de jours, nous débrouillerons tout, et nous vous donnerons un tableau net de l’état et des nombres de volumes qu’avons en magasin vous appartenant, ainsi que de votre compte par débit et crédit.
Nous venons de recevoir une lettre en date du 3 courant de vos Messieurs qui sont à Paris, lesquels nous donnent ordre d’expédier un exemplaire complet à M. Ranson à La Rochelle, ce que nous venons d’exécuter, et leur avons fait réponse en leur apprenant l’arrivée de notre Sieur Revol. Nous n’avons pas encore reçu les balles notées ci-après. Toutes les autres doivent être rendues ou sont en chemin.
IL n° 282 pour Letourmy frères à Orléans
AP n° 262 pour Alphonse Petit à Reims
RC n° 297 pour nous, Encyclopédies
n° 298 Toutes ces balles sont parties
R n° 296 pour Rigaud Pons et compagnie et rendues presque à leurs
PG n° 309 pour Pomaret à Ganges destinations
MS n° 9 pour Michel de Cette
PR n° 10 pour Pavie à La Rochelle
W n° 11 pour Lanoue à Versailles
Balles, dont nous avez avisé, que n’avons pas reçues (lettre 22 décembre):
ML n 201 pour Malherbe de Loudun
Du dernier, les divers paquets pour différentes villes.
Lettre 12 février :
GL 24 pour Gaude à Nîmes
DP 234 pour Dubreuilh à Périgueux
GM 38 pour Gérin à Marseille
FL 34 pour Fontanel à Montpellier
Lettre 16 février :
W 39 pour Lanoue à Versailles
Dès que nous aurons reçu ces derniers colis, nous les expédierons de suite. Nous espérons que vos Messieurs, étant à Paris, obtiendront le relâchement de vos balles saisies. Cet objet nous tient bien à cœur.
Vous vous plaignez par votre lettre du premier mars des frais qu’on fait suivre sur le tonneau d’huile. Vous paraissez même douter s’ils sont justes. Ci-joint, la note détaillée :
[*] d’Aix à Lyon, 400 [*] à L5-10-0 L.22
Nouveaux droits L.9-10-6
Douane de Lyon et de Valence L.3-17-0
Certificat et acquis L. 0-14-0
Frais en douane et port L. 1-10-0
Port de lettre L. 0-7-0
Pour rabattre le tonneau L. 0-16-0
Commission et provision L.1-10-6
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L.42-5-0
Notre commis a fait suivre les frais, attendu qu’il croyait que cette partie ne devait point entrer dans nos comptes. Il a regardé cet objet comme affaire particulière. Quoiqu’il en soit, me voilà sédentaire. Vous pouvez disposer librement de nous et nous croire avec un sincère attachement,
Messieurs, Vos affectionnés serviteurs,
Revol et compagnie