A Literary Tour de France
59. Revol, 24 juin 1780, Lyon

MM. de Neuchâtel

Lyon, le 24 juin 1780

Messieurs,

En réponse aux chères vôtres des 14, 15 et 21 courant, qui étaient bien désirées, puisque depuis un mois nous étions sans nouvelles de votre part, et inquiets sur le sort des marchandises que nous avions reçues sans avis et que nous n’osions [rature] en ville crainte d’accident. Tout est expédié et sera rendu à l’exception de celle de Gaude dont nous attendons les défets pour les insérer.

                  Nous vous témoignons notre satisfaction en ce que vous vous êtes enfin décidés à nous envoyer ce que vous demandions depuis si longtemps. Si vous nous connaissiez mieux, vous nous rendriez plus de justice, et nous auriez accordé plus tôt votre confiance et cet objet serait terminé depuis longtemps. Vous prévenons que nous ne ressemblons point aux Duplain et aux Le Roy, avec lesquels, quoiqu’amis intimes depuis l’enfance pour nous être livrés à eux de bonne foi et nous être fiés à leur parole, voudraient nous escroquer un objet de L4,000 et plus, qui nous sont dus. Heureusement pour nous que nous avons des témoignages et que nous pouvons et sommes en droit de les actionner sur certains titres, et nous ne tarderons point à les faire actionner ! Vous en parler d’avantage, ce serait vous ennuyer, d’autant plus que vous connaissez leur savoir-faire, ainsi que tous ceux qui ont à faire avec eux. Il vient de jouer un pareil tour à son cousin germain Pierre Duplain de Paris -- le même dont nous donniez ordre d’aviser Blaizot de Versailles que les 3 balles S venaient de son ordre. Suivant vos décisions, nous les avons expédiées à Madame de Lanoue à Versailles.

                  Soyez persuadés, Messieurs, que la droiture et la franchise dans notre commerce sont nos apanages. Nous ne connaissons ni les tours ni les détours. Plutôt que d’en user, nous préférons être dupes.

                  Vous renouvelons la promesse que nous avons faite et vous répondons que vous serez complétés de vos 313 exemplaires, et que tous les défets que demandez, et que demanderez dans l’intervalle de deux mois, vous seront livrés. Tous ces rencontres qu’avez faits vous ont donné beaucoup d’embarras, et à nous par contre, attendu que ne pouvions nous trouver d’accord par la mauvaise indication que vous avaient donné MM. Darnal des volumes défectueux. Vous en avions prévenu dans plusieurs de nos lettres à la réception de vos balles. Voici la manière dont nous comporterons. Dans le nombre que nous envoyez, nous prenons ceux qui nous manquent pour compléter nos 21 exemplaires. Dans ceux qu’avons de trop, prenons ceux qui vous manquent suivant votre note. Cette opération finie, nous faisons un relevé de ceux qui vous manquent ainsi que ceux pour être entièrement complets, et nous vous les ferons donner, ainsi que vos défets. Sans les avoir reçus et bien reconnus, et collationnés, nous ne leur livrerons rien. C’est de quoi vous pouvez être sûrs. Les frais des deux balles leur seront passés en compte, comme de juste.

                  Vous feriez très bien de faire retenir les balles 200 et 201, si vous en êtes atteints, à Pontarlier. Si ne le pouvez, nous en donner le plus tôt possible la destination, attendu que de nouveau on fait des perquisitions dans les entrepôts qui se tiennent aux faubourgs, et vos balles n’y seraient pas en sûreté, si elles y étaient découvertes. Il n’y a cependant pas grand risque à courir. Mais, comme dit le proverbe, la méfiance est mère de la sûreté. C’est l’avis de ceux qui sont avec zèle et attachement,

Messieurs,

Vos affectionnés serviteurs,

                                                                                                                              Revol et compagnie

Date: 
Sat, 06/24/1780