A Literary Tour de France
6. Capel à la STN, 27 novembre 1777

Dijon 27 novembre 1777

 

Messieurs,

 

     Je [serais très flatté d’entretenir] la correspondance que nous avons commencée il y a quelque temps, [mais les] difficultés et les longueurs des expéditions me découragent absolument.

     J’ai [, entre autres lettres] de votre société, l’annonce des livres dont j’étais fort pressé et que je n’ai pas encore reçus; cependant, votre lettre [d’envoi] est du 1er octobre. Comment voulez-vous que je compte désormais sur vous? J’ai cependant écrit à votre commissionnaire à Pontarlier comment il devait s’y prendre pour me faire parvenir le ballot en question que j’attends toujours inutilement.

     Vous m’annoncez par votre lettre du 23 novembre un autre petit envoi que je ne recevrai peut-être pas plus que le premier, du 1er octobre; de tous ces obstacles il résulte que les [acheteurs] se lassent et que [moi-même, je serai] obligé de [recourir aux branches] de commerce que vous pourrez me proposer, et ce qu’il y a de plus [infructueux] pour moi, pour ne dire rien de plus, c’est que j’ai reçu au moins tout de votre part que de votre commissionnaire plus de huit lettres sans aucune marchandise, ce qui est on ne peut plus déplaisant. Un commerçant ne regarde pas à des ports de lettres qui [vont] au bien et à l’accroissement de ses affaires, mais quand on reçoit plusieurs lettres de Neuchâtel, dont les unes ne disent rien, et les autres annoncent des marchandises qui n’arrivent pas, cela a tout-à-fait l’air d’une comédie, où je suis l’acteur joué et dupé. Je vous prie de me pardonner de cette expression, mais en honneur je suis piqué de voir que je commençais à faire valoir vos Arts et métiers, et que par une négligence, je ne sais de qui, les Arts et métiers que je [prescris], qu’on attendait, et qu’on commençait déjà à goûter, n’arrivent jamais; on se met à me rire au nez quand je [montre] au 27 novembre que j’ai de vous un avis du 1er octobre que les Arts et métiers sont expédiés et qu’ils n’arrivent toujours pas.

     Je me fais toujours un plaisir de joindre vos intérêts au miens, mais je compte et je crois devoir compter sur un envoi annoncé qui est peut-être retardé de la part de vos commissionnaires par aucune bonne raison. Puisque nous avons à Dijon une Chambre syndicale, que nous en avons envoyé des certificats, et que notamment par un des 6 arrêts du conseil du 30 août dernier, concernant la librairie, Dijon est spécialement désigné pour Chambre syndicale avec l’arrondissement des villes qui y doivent ressortir, vous me ferez donc grâce, s’il vous plaît, sur l’espèce de mauvaise humeur qui s’est mêlée dans mon style, et j’espère que nous serons [encore] comme ci-devant.

     Avant de finir, j’ai aussi un petit reproche à vous faire, c’est que je vous avais demandé, outre l’exemplaire complet des Arts, le tome 2 séparé concernant les forges et que vous ne m’annoncez pas. Je ne puis pas dans une lettre vous faire part de ce que contiennent les 6 arrêts du conseil dont je vous ai parlé; tout ce que je puis vous dire par rapport aux contrefaçons, c’est qu’il y a un de ces arrêts où le roi dit que voulant user d’indulgence à l’égard des libraires qui seraient chargés de livres contrefaits, il leur permettra la vente de ceux qui existaient à la date de l’arrêt, et qui en exécution dudit arrêt, lesdits livres seront estampillés par un inspecteur et l’adjoint dans tous les magasins de librairie, pour que dorénavant on n’en passe pas un seul contrefait en France sous les [p...] etc.

     Vous pouvez demander à Paris les 6 arrêts qui ne sont pas encore envoyés dans les Chambres syndicales comme ils doivent l’être, pour y être enregistrés: je les ai seulement parcourus entre les mains d’un particulier qui n’a pas voulu me les céder.

     On prétend que les libraires de Paris crient beaucoup contre ces arrêts; peut-être espèrent-ils en arrêter la publication: il n’en est pas moins vrai que nous avons tous reçu des ordres de M. le Garde des Sceaux de lui envoyer dans la quinzaine sa [déclaration] exacte des livres contrefaits et imprimés sans permission que nous pourrions avoir dans nos magasins: voilà tout ce que je sais de plus positif.

     J’ai l’honneur d’être très parfaitement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur,

 

Capel

 

     Je ne sais pourquoi nous ne recevons point de l’Encyclopédie; les souscripteurs sont avides, il faut les contenter, ou bien ne pas leur promettre: pourquoi s’engager sans tenir parole? [...] le commerçant [n’entend] pas bien [souvent] ses intérêts, par toutes sortes de petits [ruses] qu’il emploie, ce qui tourne toujours à son préjudice.

Date: 
Thu, 11/27/1777