Pontarlier, le 21 juillet 1771

Messieurs,

A mon retour de la foire de Besançon, j’ai trouvé l’honneur de la vôtre. Je vous dirai que je viens de parler à notre sous-délégué qui m’a dit qu’il avait eu des ordres dernièrement du grand ministre de France pour ne point laisser passer aucun livre sans être visités, et qu’il avait ordre de prendre garde à une histoire de France contrefaite, que les libraires de Paris s’étaient plaints au ministre, qu’ils avaient imprimé ce livre-là et si l’on en permettait l’entrée, cela serait capable de les ruiner.

Ainsi Messieurs, Monsieur Droz notre sous-délégué vient de me dire que je pouvais la réclamer pour la mienne et que si l’on ne veut pas la rendre, je suis en droit de la faire rétrograder jusqu’aux Verrières Suisse. Je me transporterai demain aux bureaux des Fermes pour en faire la démarche.

Monsieur Fauche devait la mettre dans ma balle. Ainsi, quand vous aurez quelque chose, vous n’aurez qu’à me le faire passer aux Verrières Suisse chez Monsieur Jannet et j’en ferai pour lors mon affaire.

Je vous prie de dire à Monsieur Fauche que j’ai un paquet libry venant de Lyon pour lui, que je lui ferai passer sitôt par la première occasion. Je vous donnerai avis dans le courant de la semaine prochaine [de] ce que j’aurai fait pour vos livres. Je veux faire cependant en sorte de les faire rétrograder jusqu’aux Verrières. Quand il y aura quelque autre chose pour votre service, je vous prie d’en disposer comme de celui qui a l’honneur de se dire, Messieurs, votre très humble obéissant serviteur.

Faivre