MM de Neuchâtel

Lyon, le 4 août 1780

Messieurs,

Nous avons reçu en son temps l’honneur de vos chères lettres du 20, 25 et 30 juillet. De suite, nous avons expédié à M. Barthez de Marmonières, Maréchal général des logis du régiment des gardes suisses à Versailles, 1 tome 36 et 1 tome 1, 2, 3 de planches brochés, quoique nous ne ayez pas dit s’il lui le fallait broché ou en feuilles. C’est ce que vous prions nous marquer lorsque nous donnerez pareil ordre pour quelqu’autre expédition.

Nous avons pris note du défet que nous demandez. Il est très vrai qu’il y a des ordres très précis pour empêcher la circulation de vos Descriptions des arts. Nous vous en avions fait part de suite, sans M. Périsse, qui nous ont dit vous avoir envoyé une circulaire.

Nous avions envoyé à notre inspecteur la lettre incluse dans les nôtres, à la campagne, où il est depuis quelques temps, ce qui fait que nous n’avons pu recevoir les balles saisies. On nous a promis de nous les délivrer demain. La maladie d’un de nos syndics est aussi en partie cause de ce retard. Nous communiquerons à MM. Duplain vos raisons et leur soutiendrons que n’avez point les tomes qu’ils réclament, et que la faute vient de ce qu’ils n’ont point mis d’ordre dans leurs livraisons. Nous sommes prévenus d’avance qu’ils nous répondrons, ainsi qu’ils l’ont toujours fait, qu’ils avaient livré à M. Darnal la quantité des volumes qui vous revenaient ; que ces Messieurs les ont reconnus ; en un mot, que s’ils ont donné par hasard quelques volumes les uns pour les autres, le même nombre de volumes doit se trouver d’une façon ou d’autre, de plus qu’ils n’ignorent point que tous ce gâchis de volumes se soit fait chez la brocheuse, chez laquelle il n’y avait pas plus d’ordre que chez M. Darnal.

Ce sont là leurs raisons. Quoiqu’il en soit, nous ferons tout pour le mieux pour vos intérêts et nous ne délivrerons point que ne soyez complets. Vous avons fait expédition par l’entremise de Garnier de Genève, ne trouvant pas des occasions plus favorables, de la balle contenant les tomes 36 et quelques volumes dont nous présumions que pouviez avoir besoin. Nous ne les avons pas fait brocher, attendu qu’ils vous pressaient. D’après vos ordres, nous ferons brocher ceux que nous délivrerons. Ce n’a pas été que par une ruse que nous avons obtenu ces tomes 36 et les défets que vous avons envoyés, dont la note est portée dans notre dernière du 25. Ne vous inquiétez plus sur la circulaire de M. Duplain concernant les défets. Ce ne sera que dans un an et peut-être plus qu’il la fera. Ainsi, jusqu’à ce temps, on pourra le contraindre à délivrer. Nous avons passé sur son compte les frais de voiture des deux ballots qu’avez renvoyés.

Vous ne nous avez point fait réponse à ce que vous avions marqué relativement au Sieur Cellier. Il se plaint que n’avez point envoyé à ses souscripteurs qui l’accablent de ports de lettre, lesquelles lettres absorbent ses bénéfices. Lorsque nous aurons reçu les balles saisies et réponse du Sieur Duplain, vous en ferons part de suite. En attendant, croyez-nous avec un sincère attachement,

Messieurs,

Vos affectionnés serviteurs,

                                                                                                                              Revol et compagnie

La balle de Gauthier 215 et celles 213, 222 ne nous sont point parvenues.