[Mrs.] de la Soc. Typogr. de Neuchâtel
Poitiers, le 5 mai 1773

Messieurs,

     L’on vient de me présenter une lettre d’échange de L. 474-15-, ordre de M. [Perigaux] que vous avez tirée sur moi à 10 jours de vue; me référant à ma lettre du 16 avril dernier, jugez de ma surprise; je n’ai point voulu accepter; quand j’aurai même souscrit aux arrangements que vous me proposez par celle du 16 février, je ne l’aurais pas accepté, vu que j’ignore encore où sont les balles. Je ne pourrais tout au plus payer qu’après la réception de la marchandise; votre argent est sûr, Messieurs, mais conformément à ma dernière, après la réception des balles je vous ferai passer mes effets et si vous voulez m’expédier le reste de mes mandats moyennant 10% quitte de risque, voiture et tous droits au magasin de madame veuve Fleury, et à Orléans. Aussitôt leur réception, je vous en ferai passer mes effets à un an, qui seront exactement payés à leurs présentations. Je ne puis autrement accepter aucune autre proposition. Comme vous me marquez par votre lettre du 26 du mois dernier que les frais absorbent au-delà de votre bénéfice, je serai fâché que qui que ce soit puisse prendre sur les affaires qu’il pourrait faire avec moi; ainsi, Messieurs, si mes propositions ne vous conviennent point, je vous prie de m’en donner avis, et je me pourvoirai par ailleurs pour avoir les sortes que je vous ai commises. MM. de Bouillon, de Hollande, etc., etc. prennent pour leur compte tous les droits d’entrée. Je fais beaucoup d’affaires avec eux, jamais ils ne m’ont rien demandé pour cela: j’aurai regret si nous cessions de faire des affaires ensemble, mais j’aime mieux n’en point faire que de les faire à mon désavantage. En attendant la réponse dont vous voudrez bien m’honorer, j’ai l’honneur d’être avec considération, Messieurs, votre très humble et obéissant serviteur,

          Chevrier