A Literary Tour de France
8. Revol, 22 août 1778, Lyon

M. de la Société De Neuchâtel

Lyon, le 22 août 1778

                  Messieurs,

Nous venons de recevoir à cet instant l’honneur de la chère vôtre. Nous nous hâtons à vous répondre que, malgré nos efforts, nous n’avons pu empêcher que le ballot BL pour M. Bergeret ne vous soit renvoyé. Par nos instances, il nous aurait été rendu, si l’on eut été persuadé que ce ballot n’était point pour M. Duplain. Comme c’est un ami de cœur, et que nous avons son entière confiance, l’on a cru qu’il était pour lui, attendu que l’on venait tout récemment (ainsi que vous l’avons déjà marqué) de renvoyer une balle pour son compte du même ouvrage venant de Maastricht. Pour toute décision, Messieurs, l’on a opiné que c’était un bon livre, que votre édition, étant d’une traduction différente de celle dont Panckoucke de Paris, de société avec Regnault de Lyon qui en avaient le privilège, il ne dépendrait que de vous d’en envoyer un exemplaire à Paris pour le faire censurer, et l’on a lieu de croire que l’autre en sera permise. C’est l’avis de notre inspecteur, M. de La Tourrette. Nous n’avons pas voulu faire suivre les frais. Ainsi, il vous plaira nous créditer de la somme de onze livres treize sols pour nos déboursés dont vous envoyons une note détaillée. Attendu le triste événement, nous sacrifions nos peines et les embarras qu’il nous a donné. [1]

Remboursement qu’a fait suivre M. Pion suivant sa lettre de voiture…………………….. L. 4-10-0

                                                      Pour voiture de Pontarlier, L. 120 à L. 4-10-0 du cent pesant,…L. 9-8-0

                                                      Frais de manutention en douane et port …………………………….15s.

                                                      Décharge d’acquit……………………………………….…...7s.                              

                                                      Port de lettre………………………………………………………....13s.

                                                      __________________________________________________________

                                     

                                                                                                                                                      L. 11-13-0                   

Nous observerons, Messieurs, que dans les 2 balles S n° 65. 66., M. Pion a fait suivre douze livres quinze sols. Ce remboursement n’est pas proportionné à celui du ballot BL et la voiture n’est qu’à L 5-15-0 du cent pesant.

                  À l’égard de la balle S n°2 que nous annoncez, pourvu que M. Pion se conforme à nos ordres, tout ira bien. À son arrivée, nous ferons le nécessaire. Soyez tranquilles sur la sûreté de vos descriptions des arts, nous avons des entrepôts sûrs et secs. Pour nous faciliter dans notre manœuvre, il vous plaira nous expédier trois ou quatre quintaux de vos livres originaux que nous garderons à votre disposition (n’importe quel ouvrage pourvu qu’il soit toléré). Vous observerons que nous présenterons ces livres aux lieu et place de vos contrefaçons pour obtenir la décharge des acquits. Quant à présent, nous profitons de l’Encyclopédie. Mais il se peut faire que, dans le moment que nous recevrons vos balles, nous n’en trouvions pas pour remplacer. Il n’est plus question de vous gêner à faire des balles pareilles à celles de l’Encyclopédie. Cette manière n’était bonne qu’autant que nous feriez des expéditions ensemble. Les unes auraient fait passer les autres.

                  Nous sommes très obligés à M. Girard de ce qu’il vous a fait souvenir que nous avions l’honneur d’être liés de correspondance avec vous, et, conséquemment, que nous pourrions vous faire expédition, aussi bien que M. Claudet, des balles pour votre compte, tout comme celles que nous adressez pour vos amis.

                  Nous réitérons, Messieurs, que si vous ne nous honorez pas de votre entière confiance, et que si vous ne vous servez de notre ministère que pour vos contrefaçons, quand vous nous donneriez un louis par quintal, nous ne nous en chargerions pas. Nous avons l’honneur d’être sincèrement, Messieurs, vos affectionnés serviteurs,

                                                                                                                              Revol et compagnie

                                                                                                                              Lyon, le 22 août 1778



[1]Commentaires mis en marge: «noté» et une abréviation indéchiffrable.

Book Titles: 
Date: 
Sat, 08/22/1778