Besançon ce 7 mai 1788

Messieurs

            Il m'a été remis un catalogue des livres de vos magasins.  Je l'ai noté de plusieurs articles, mais sur beaucoup je le trouve d'un prix excessif, c'est à dire bien plus cher que dans toutes la librairie en générale, même à Paris.  Le temps ne me permet de vous envoyer cette note aujourd'hui, ce que je ferai par premier courrier.  Je vous préviens que je mettrai à côté des articles le prix que je les paie ailleurs.  Je ne puis malgré la bonne envie que j'ai de travailler avec une maison que j'estime et respecte infiniment, ne rien faire contre mes intérêts par celle-ci. 

Je vous prie d'envoyer le plus promptement possible à MM [Barde et Manget] à Génève les [six] exemplaires des Mémoires du Comte de [Sanois] que vous gardez pour mon compte.  Vous leur donnerez avis que c'est par ordre de M. le Comte qui leur en arriveront 12 exemplaires don’t 6 par vous, et 6 que je leur enverrai d'ici.  Le monsieur qui m'a remis votre catalogue m'a dit que vous avez des moyens pour les passage des marchandises.  Je suis fâchée que son séjour ici n'eut pas été assez long pour faire une connaissance plus particulière.

            J'espère qu'il arrvera quelques circonstances où je serai plus heureuse, je le prie d'agréer mes compliments.

            J'ai l'honneur d'être avec une parfaite considération,

            Messieurs,

Votre très humble et très obéissante servante

Veuve Charmet