A Literary Tour de France
84. Revol, 3 mai 1781, Lyon

MM. de la Société de Neuchâtel

Lyon, le 3 mai 1781

Messieurs,

Notre commis qu’avons été obligés de renvoyer par plusieurs raisons nous a privé de répondre aux chères vôtres du 27, 28 mars et 8, 15, 17 et 18 avril. Cependant, si nous avions eu des objets intéressants, nous n’aurions pas tant différé. Nous commencerons par vous dire qu’avons reçu et expédié les balles M 21, PL 22, PM 46, MM 73, AE 74, d’envoi de Flournoy et Rainaldis de Genève, et BL 21. Ce sont toutes les balles dont nous avez avisé jusqu’à ce jour.

                  Pour répondre de suite à chacune de vos lettres, vous dirons qu’avons expédié l’exemplaire Encyclopédie [Be] carton à M. Foulquier, maître papetier à Bordeaux et n’avons fait suivre que l’emballage à votre lettre du 27 mars. Nous avons différé de vous faire expédition de vos Dictionnaires de l’Académie par un malheur qui est arrivé à votre balle, que devez avoir reçue, sur laquelle il doit manquer deux exemplaires entièrement gâtés, et que vous remplacerons dans le premier envoi que ferons à Fauche. Au premier moment de loisir, vous enverrons notre compte détaillé. Vous ne nous avez pas encore donné aucune satisfaction au premier que vous avons envoyé. Dans la balle des Dictionnaires, vous y devez trouver les défets que nous demandiez à cette époque. Il sera bien que nous en accusiez réception.

Nous n’avons pu suivre les ordres que nous donnait Monsieur Bosset Deluse par sa lettre du 28 mars, attendu que les 2 tonneaux vin étaient expédiés.

À votre lettre du 8 avril. Nous avons de suite expédié à M. Fontanelle les 6 exemplaires Encyclopédie. Il nous en a accusé réception, et, suivant vos ordres, nous n’avons rien fait suivre. Nous avons remis à M. Darnal le paquet inséré dans la balle MM 75.

À l’égard des volumes qui vous manquent, pour vous compléter, ainsi que vos défets, nous y perdons notre Latin. M. Duplain étant à Paris, M. Le Roy dit que cela ne le regarde en rien. Celui qui était chargé de cette partie dit qu’il n’a pas le temps. Bref, ils en font un jeu et paraissent peu se soucier des menaces que pouvons leur faire. Tout ce qu’ils savent dire, c’est que Monsieur Panckoucke a à Paris tous les volumes que réclamez. IL serait bien que lui demandiez la note de ceux qu’il a de trop, et qu’il vous envoie ceux qui vous manquent. Ils sont très surpris de ce que M. Mondon de Verdun demande un tome premier et 4 en entier. En effet, il faut qu’il les ait gâtés ou perdus, car depuis le temps, il aurait dû s’en apercevoir. En ce cas, ces Messieurs ne sont pas tenus à réparer la faute de ce libraire. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il serait impossible de les lui fournir en entier. De tous ceux qui nous restent, et que n’avons pas rendus à M. Duplain, nous n’en avons aucun de complet, nous étant servis de plusieurs feuilles pour nous compléter. Il serait cependant temps de terminer toutes ces difficultés que vous occasionnent ainsi qu’à nous beaucoup de désagréments. Ayez la complaisance d’écrire à Panckoucke, et qu’il nous envoie la note au juste des volumes qu’il a de trop. Pour lors, nous verrons au net ce qu’il manque, et suivant le rapport des gens de M. Duplain, il y a de quoi compléter tout, à peu de chose près, c’est-à-dire en refaisant quelques feuilles qui manquent totalement.

Le 26 passé d’envoi de M. Delpont, nous avons expédié à MM. Flournoy et Rainaldis une caisse contenant 250 bouteilles eau minérale pour le compte de M. Bosset Deluse.

Vous préviendrons qu’il nous est arrivé un petit malheur à la caisse AF 74 pour Fontanelle. Peu s’en est fallu qu’elle ait été saisie. Voilà le fait. Elle est arrivée en notre douane entièrement fracassée. Lorsqu’on l’a ouverte pour la raccommoder, il s’est trouvé un libraire qui a aperçu un volume du Théâtre de Genlis et un Voyage de Le Gentil. Pour lors, il ne nous a pas été possible de pouvoir la soustraire à la Chambre. Heureusement que le syndic qui a été nommé pour en faire visite est un de nos bons amis. Ils le sont presque tous. Il a seulement soustrait de la caisse les 3 exemplaires du Théâtre et les 13 Voyages de Le Gentil, en fermant les yeux sur tout le reste ; et cela ne pouvant mieux faire à cause de notre inspecteur et du libraire qui avait fait son rapport. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ces livres vous seront renvoyés. Cela ne vous occasionnera pas beaucoup de frais, en égard au petit objet, et vous pourrez de suite nous en faire passer d’autres pour les remplacer. Nous ne concevons pas comment cette caisse a été brisée. Elle était fort mince et point cordée. Ordinairement, on les corde avant de les emballer, et encore après, cela les soutient. Mais celle-ci ne l’était nullement. Quoiqu’il en soit, c’est un grand bonheur que cela se soit passé ainsi. Il n’y a point de procès verbal. L’inspecteur a seulement ordonné à M. Périsse de vous la renvoyer en vous priant de n’en point envoyer davantage. Ce qui a occasionné cette petite sévérité, c’est qu’on en a saisi une balle entière du même ouvrage à la Société de Berne et à plusieurs libraires. Nous attendons l’honneur de votre réponse, et sommes très sincèrement,

Messieurs,

Vos affectionnés serviteurs,

                                                                                                                              Revol et compagnie

Date: 
Thu, 05/03/1781