A Literary Tour de France
87. Faivre, 21 février 1785, Pontarlier

Pontarlier, le 21 février 1785

Messieurs,

J’ai bien reçu l’honneur de la vôtre au jour. Je vous dirai en réponse que je ne sais à quoi me décider pour cette affaire de Turin. Je ne fais aucun cas des mauvais livres ; ces 60 Compères malheureux à L. 3, je n’en veux point. Je ne voudrais pas ces 60 exemplaires pour le port. Si Messieurs les frères Reycends veulent se charger de cette créance, je prendrai les deux Dictionnaires italiens en 2 vol. 4°, et autres bons livres. Enfin je suis décidé à tout perdre. Il faut faire discuter cet homme s’il n’a rien ; je ne répéterai rien, j’ai déjà perdu par les premiers arrangements L. 400. Monsieur Verné n’avait pas besoin de faire une obligation pour le sieur Régnauld. S’il ne pouvait pas payer, c’est un sous-entendu de ces gens-là fait à la main pour ne pas donner de l’argent : ils donneront pour aux environs de 400 de marchandises qui n’en vaudront pas L. 200 dans votre pays ni dans le nôtre. Les Compères malheureux se sont vendus 30 d. de France à Genève chez Cailler, et qui en a répandu dans tout Turin. Je prendrai pour la totalité de ce qui m’est dû des Dictionnaires italiens et français, dernière édition de Messieurs les frères Reycends 2 vol. in 4°. Pour me payer, il peut se procurer ou changer cet article-là avec ces Messieurs, et que vous ferez venir jusque chez vous. C’est un article que l’on tirera partie aisément en France et chez vous. Voilà tout ce que je peux faire au sujet. Vous pouvez écrire en conséquence à Turin. Monsieur Muratori me redoit de son côté sur l’argent qu’il a reçu. Il faut qu’il prélève ses honoraires et remette le restant aux personnes proposées de votre part.

Je dois aller à Besançon livrer 1500 de mes Instruction des jeunes gens. Les neiges et les mauvais temps qu’il a fait jusqu’au jour ont différé mon voyage pour y aller chercher paiement de mes livres et à tous, je remettrai de l’argent à Madame Jennet. Nous aurons plus de trois pieds de neige ici, et les chemins sont impraticables du côté des Verrières à ne pas pouvoir passer. Aucun voiturier n’a voulu s’hasarder d’y aller en traîneau. Beaucoup de marchandises sont ici en retard pour la Suisse. En attendant de plus amples nouvelles, j’ai l’honneur d’être très sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur.

Faivre

Date: 
Mon, 02/21/1785