MM. de la Société De Neuchâtel

Lyon, le 10 octobre 1778

                  Messieurs,

La présente est pour répondre à l’honneur des 3 vôtres du 17, 27 septembre et 4 octobre. Primo, nous avons reçu, ainsi que le désirions, la balle S n°2. Nous l’avons déballée et y avons trouvé les 10 exemplaires, tome 1 à 8 de la Description des arts. Nous les avons reconnus, et avons trouvé que tous les tomes premiers étaient fort roux et fort sales, c’est-à-dire, les premières feuilles des cahiers tachées par les mains de ceux qui les ont assemblés. Nous les avons placés et mis en ballot dans un endroit sec et sûr, et nous les gardons à votre disposition. Nous avons emballé le ballot BL n°119 et l’avons expédié à M. Brette à Grenoble qui doit l’avoir reçu. Nous avons aussi emballé la balle M n°116 et l’expédions à Messieurs Malherbe à Loudun par la voie qu’ils nous ont donnée. Nous avons remis l’habit à Jean, imprimeur.

                  Nous recevons dans ce moment avis de M. Pion de la balle ME n°125. A sa réception, nous l’accueillerons et la garderons à votre disposition. Messieurs Malherbe ont raison de se plaindre d’un si long retard. Il n’a pas été occasionné par notre négligence. Mais, Messieurs, pour ces premiers envois, nous n’aurions su assez prendre de précautions pour nous mettre au fait, trouver des gens sûrs, et des routes à l’abris de toute crainte. Nous avons été obligés de déballer la balle S 66 et d’en former 3 ballots, qui sont encore d’un poids honnête pour la charge d’un homme qui est obligé de le porter une lieue sur son dos par des chemins où les voitures ne peuvent parvenir et, de là, traverser la rivière de la Saône pour gagner le chemin de Roanne ou celui de Paris etc. etc..

                  À présent que notre route est tracée, vos expéditions ne souffriront aucun retard, et cela ira son train. Il ne sera question que de recommander à M. Pion, à qui nous venons d’écrire, de se bien conformer aux ordres que lui avons prescrits. Il a besoin que vous lui en rafraîchissiez la mémoire, car, malgré tout ce que lui avons écrit, peu s’en est fallu qu’une balle qu’il nous a expédiée, d’envoi de M. Fauche pour le compte de M. Girard, n’ait été saisie. Pour ne pas s’être conformé à nos ordres, cette balle est restée 3 semaines à notre Chambre où, par le plus grand des bonheurs, nous l’avons escamotée. Nous aurions désiré en pouvoir faire autant du ballot pour M. Bergeret. À propos de ce ballot, vous pouvez en faire demande à Messieurs Périsse qui se sont chargés de vous en faire le retour.

                  Nous présumons que Messieurs Rigaud Pons et compagnie vous ont accusé réception du ballot RP inséré dans la balle S. 65.

                  Sitôt la réception des 3 balles PC n°133, CL n°136, IG n°135, nous les expédierons de suite. M. Cézary vient de nous faire demande de la balle CL.

                  Nous recevons aussi une lettre de M. Mossy qui nous demande d’extraire du ballot IM n°87 les articles suivant et de le leur expédier en laissant le reste pour votre compte:

6 Anecdote de Duval

13 Prix de la justice

3 Extrait sur les haras 8

7 État du Portugal   12

4 Art de coiffer

2 Sermon de Châtelain

2 Arithmétique de [Senebiez]

6 Lettre d’un ecclésiastique

5 Fragment sur les colonies

6 Encyclopédie élémentaire

1 Histoire de l’Amérique

                  Il nous marque qu’il a traité avec votre voyageur en son particulier. Nous attendons vos ordres pour lui en faire expédition.

                  M. Mossy nous dit qu’il est d’accord avec vous. Les livres doivent lui être rendus franco jusqu’à Lyon.[1]

                  Nous espérons une prompte réponse, et vous renouvelons la demande que vous avons faite de nous envoyer une balle de vos originaux que nous garderons en magasin à votre disposition pour faciliter plus promptement nos expéditions. Cela nous serait égal quand ce serait des livres imparfaits ou maculatures. Nous avons l’honneur d’être très sincèrement,

Messieurs,

     votre affectionné Sieur Revol