A Literary Tour de France
93. Revol, 29 octobre 1781, Lyon

MM. de Neuchâtel

Lyon, le 29 octobre 1781

Messieurs,

Indisposition, voyage, une multitude d’affaires compliquées, rien d’intéressant à vous marquer. Ne voyant aucune fin à cette Encyclopédie. Voilà ce qui nous a empêché de vous écrire et qui nous a occasionné les reproches en question. Les balles de Le Roy et celle de Barret vous ont été expédiées par Pontarlier le 22 courant par l’adresse de Pion. Vous réitérons de ne point payer si vous devez à Panckoucke et à Le Roy que vous ne soyez complets. Sans cela vous serez dupés. Ci-après, note des exemplaires que vous avez confiés et ceux qu’avons expédiés par votre ordre. Vous nous avez fait remettre par Duplain 11 exemplaires.                                                           61 exemplaires

Vous nous en avez envoyé tant complets qu’incomplets pour garder à votre disposition : 50      en tout.

4 à Ranson à La Rochelle                                                            49 exemplaires : 2 à coter et 2 que nous avons envoyés

1 à Pomaret à Ganges                                                                    à Marseille, et qui sont conséquemment placés à Nodet

1 à Baillus à Marmande                                                                1 rendu à Michel à Nyons

3 à Plinquet à Lyon                                                                                        1 qu’avons remis à un ami, qui est mort. Ces héritiers

1 à Darnal à Lyon                                                                          veulent payer, attendu qu’il y a des volumes

12 à Perregaux à Paris                                                                  d’égarés. Nous les contraindrons, ayant un [flacon d’or

10 à Lachesnezhende à Rouen                                                   du défunt de plus de la valeur.

4 à Henry à Valenciennes

2 à Jouenne à Chartres

1 à Ponpardin à Orléans

6 à Fontanelle à Montpellier

1 à Dubreuilh à Périgueux

1 à Bordeaux

1 18 à 36 pour Malherbe (il nous reste 1 à 17)                      8 incomplets

1 36 1, 2, 3 planches à Barthez de Marmonières

Il nous reste 1 à 35 incomplets

__________                                                                                   ____________________________________________

49                                                                                                       61 exemplaires qu’avons reçus

Nous avons écrit à Batilliot que nous lui ferions expédition sitôt que M. Le Roy nous complèterait des volumes qui nous manquent.

S’il manque des volumes dans la balle de Garrigan, ils auront été pris à la Chambre lorsque les syndics l’ont fait remballer. Nous espérons ravoir ladite ou par le commissionnaire ou par le voiturier. Mais M. Périsse l’a expédiée sans que nous nous en soyons aperçu, ce qui a encore été une raison que nous ne vous avons pas informé dans le temps.

M. Thorel nous a accusé réception de la dernière balle 192 par une lettre en date du 24 septembre. Il y avait quelques jours qu’il l’avait reçue. Elle ne nous était parvenue que le 25 août, conséquemment, elle n’est pas restée un mois en route. Si nous l’avons adressée à Versailles, c’est pour avoir la facilité de la soustraire à la visite de la Chambre, ainsi que le pratique les libraires de Rouen, qui nous prient de leur adresser à Versailles tout ce qui est suspect. Nous avons cru faire pour le mieux, puisqu’elle ne nous aurait pas tant donné d’embarras de la lui expédier en droiture. À l’égard de nos frais, nous ne pouvons les détailler ni ne donner note en égard à la soustraction. Lorsque les livres ne craignent rien, c’est différent.

La balle PL ne nous est parvenue que le 15 septembre. Nous l’avons expédiée quelques jours après. Il est bon temps de vous prévenir que les voituriers sont fort rares. Ce qui en est une [p…], c’est que la voiture de Lyon à Paris vaut L.10 du cent pesant.

Du 25 juin, nous avons expédié la balle Encyclopédie à Dubreuilh de Périgueux. Le prix de l’emballage est fixé à 2 sols par volume………. L.-18-0

Pour les plateaux………..L.1-7-0

Nous n’avons fait suivre que L.5-5-0 au lieu de L.5-10-0 ainsi qu’il vous le marque. Il a grand tort de se plaindre du retard, parce qu’il n’y en a point eu pour lui. S’il y en a, il est quelquefois occasionné par les précautions que nous sommes obligés de prendre pour éviter les saisies, et malgré tous nos soins, il arrive des malheurs que nous ne pouvons prévoir. Nous venons de recevoir la balle PL 247 avec deux balles de Fauche, dans lesquelles il y avait des Histoire philosophique de Reynal, dont nous n’étions point prévenus. Comme dans votre balle il n’y en avait point, nous les avons fait entrer en ville pour les soustraire avec plus de facilité et avec moins de frais à la Chambre. Les employés des fermes en faisant visite pour voir si on y avait point inséré des marchandises sujettes aux droits, telles que des indiennes et mousselines, ont découvert dans les balles de Fauche ces Histoire philosophique. Comme cet ouvrage a fait beaucoup de bruit, et qu’il a été brûlé à Paris, il ne nous a pas été possible d’empêcher qu’elles ne fussent conduites à la Chambre, et malheureusement pour vous, le commis de M. Bruiset s’est trouvé présent lorsqu’on a ouvert votre balle. Il a reconnu les Dictionnaires de [Bonard] dont ils ont le privilège, ce qui a fait une raison de plus. Les dites 3 balles ont été conduites à la Chambre où elles auraient été entièrement perdues sans ressource. Heureusement que ce n’était pas jour de visite, et par nos amis secrets, nous avons enlevé des dites balles tout ce qui n’avait pas paru suspect en douane, et n’y avons laissé que les Dictionnaires de [Bonard] et les Histoire philosophique qui ont été saisies, ceux de Fauche comme prohibés et les derniers de [Bonard] comme contrefaçon. Ceux de Fauche sont perdus sans ressource. Et les vôtres, peut-être, vous les renouerez, ce qui n’est cependant pas bien sûr à moins que vous n’ayez quelqu’amis auprès de M. Bruiset qui a part au privilège. Pour diminuer le mal, et pour vous faciliter dans votre demande, nous avons fait insérer dans le verbal que ces balles étaient destinées pour Avignon, et que le transit devait être permis de l’étranger à l’étranger. Nous avons expédié de suite le restant de la balle à sa destination. Si par hasard vous eussiez mis les dernières au fond de la balle, et ceux de l’Académie au-dessus, comme ne craignant rien, il n’aurait point été vu. Nous vous l’avions recommandé, et vous le recommandons encore de mettre au fond de vos balles les livres les plus suspects, ainsi que ceux dont il y a des privilèges à Lyon, et, à l’avenir, de nous marquer le contenu de chaque balle à peu près. Écrivez à M. de La Tourrette et représentez-lui que ces livres étaient destinés pour l’étranger, et que vous croyiez qu’il vous était permis de lui vendre et que vous n’en envoyiez point en France. Demandez-lui qu’il vous les renvoie, s’il ne veut pas les envoyer à Chambeau à Avignon. Nous trouverons le moyen de les faire rendre où vous les destinez. Nous sommes très fâchés de cet événement. Ce sont des leçons pour l’avenir. Nous avons l’honneur d’être toujours tout à votre service, et très sincèrement,

Messieurs,                                                                                                          Vos affectionnés serviteurs,

                                                                                                                              Revol et compagnie

Pressés par le courrier, nous ne pouvons écrire à M. Fauche. Vous prions lui communiquer ce qui le regarde. Tout autre livre quelconque que ses Histoire philosophique et la Vie privée, ce malheur ne serait pas arrivé.

Date: 
Mon, 10/29/1781