A Literary Tour de France
97. Faivre, 15 août 1785, Pontarlier

Pontarlier, le 15 août 1785

Messieurs,

Je ne peux pas déchirer votre convention ou marché fait aux Verrières comme vous me le dites, parce qu’en conséquence du traité que j’ai fait avec le sieur Bournan, je me suis procuré un magasin pour y loger les marchandises que je devais recevoir. Vous me dites que c’est moi qui ai rendu cette mention nulle par le retard des marchandises que j’ai apporté. Je vous répondrai à cela que je n’ai apporté aucun retard par ma faute, puisque jusqu’à la fin de janvier, dernier temps auquel j’étais à Neuchâtel, vous ne m’avez fait aucun reproche, ni ne pouviez m’en faire, et que Monsieur Bosset me dit lui-même que Monsieur Bournan était à Paris, et qu’il allait faire de bonnes affaires, et qu’en conséquence je recevrais une quantité de balles sous peu de temps, et aujourd’hui, je ne trouve le centime du marché en m’imposant que j’ai annulé le marché par mes retards. Enfin toutes les balles qui me sont été [sic] expédiées en 1784 ont été à leur destination avec toute la diligence possible. Il n’y a donc que six balles qui ont été expédiées à Madame veuve Charmet à Besançon à la fin de janvier, dont deux ont été expédiées sitôt arrivées, et que Madame Charmet a reçu en février, [ceux] de Monsieur Pomaret pour Ganges en Languedoc ont souffert du retard, de même que les 4 derniers de Madame Charmet par la grande quantité de neige qu’il y a eu, où les chemins se sont trouvés impraticables pendant trois mois ; au reste, chacun le sait très bien. J’ai su que vous aviez expédié différentes balles à Paris en mars et avril, ce qui a été causé que je désirerais savoir le motif pourquoi elles ne m’étaient pas expédiées. Vous m’avez répondu que vous n’étiez pas le maître de cette expédition. J’ai passé là-dessus parce que l’objet n’était pas considérable. Si j’avais eu le malheur de perdre quelques balles, il m’aurait fallu faire des démarches pour les ravoir à quel prix que ce soit. Quand j’ai traité avec vous pour L’Ecole du bonheur où je me chargeais d’en prendre 1000 exemplaires, si je vous avais dit quand votre édition a été commencée de déchirer mon engagement, j’aurais gagné L. 400 à cela ; cependant, j’ai tenu mon engagement, et si je n’avais pas tenu le mien, vous les auriez fait valoir et vous m’auriez traité en conséquence. Je me trouve aujourd’hui un magasin sur les bras, que j’ai loué pour trois années, qui me devient inutile, ayant assez de place chez moi pour loger mes marchandises. Ainsi, Messieurs, je vous crois assez honnêtes et responsables pour goûter la raison que je vous dis ci-dessus, afin que nous n’entrions point en difficultés ni l’un ni l’autre. S’il en faut venir à cette extrémité, nous ferons céder cette affaire promptement. Tout ce que j’exige, c’est que vous payez le loyer puisqu’il me devient inutile par la rupture du marché, ce qu’[en] attendant, j’ai l’honneur d’être très sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur.

Faivre

Quand vous m’écrirez, vous mettrez Faivre libraire : plusieurs de vos lettres ont été remises à d’autre Faivre de cette ville parce qu’il a 8 maisons qui portent mon nom ici.

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Date: 
Mon, 08/15/1785