Nîmes, ce 12 avril 1788

Messieurs,

J’ai pris des mesures sans vous donner de soins pour vous faire parvenir les deux balles qui vous sont destinées et ne veux rien recevoir de ce que M. Durand m’a vendu qu’après que vous aurez en mains ce qui vous appartient. Mes intentions et mes désirs n’ont jamais été de vous faire attendre, encore moins de vous faire perdre ce que je vous dois bien légitimement. Si la fortune ne m’a pas favorisé de ce dont mes sentiments ont toujours été de faire tous mes efforts pour remplir mes obligations avec [illisible] et je suis persuadé à force de travail, s’il y a des personnes qui gagnent de n’être pas connues, je peux sans vanité dire que je perds de ne l’être pas plus particulièrement de vous autres Messieurs.

M. Fauche que j’ai eu l’honneur de voir chez moi et avec lequel je me suis entièrement acquitté m’a fait la grâce de me rendre la justice que je mérite. J’espère s’il plaît à Dieu que vous ne me refuserez pas la vôtre et que je parviendrai à [illisible] de votre esprit le soupçon qu’a pu laisser le retard involontaire des deux cent quarante livres qui restent dûes à votre maison pour solde de toutes les affaires faites depuis environ dix ans, ayant l’honneur d’être très parfaitement,

Messieurs,

Votre très humble serviteur

Buchet

p.s. ayant appris que vous deviez quitter le commerce et que vous vendiez votre fond, je présume que vous devez avoir plusieurs ouvrages incomplets, tout ce qui peut être livres dépareillés, vieux ou neufs, en feuilles, brochés ou reliés, me conviennent si vous aviez un ou deux mille volumes séparés et qui vous plut de me le remettre à un bas prix, je m’en chargerai avec plaisir moyennant que vous me le fassiez rendre à Lyon contre vos frais  après avoir convenu des prix que me le passerez en [race ?]. Les infolios les in-4 [sic] font ordinairement un prix différent.