Messieurs,

Si vous n’avez pas expédié la balle de 26 pour 24 Bible, je vous prie de ne plus le faire aujourd’hui. Je ne veux, ni n’entends plus la recevoir pour mon compte ni pour celui de souscripteur qui n’en veuille à aucun prix.

Et depuis que vous leur aviez annoncé, on l’aurait reçue du bout du monde si véritablement vous eussiez fait comme vous leur aviez promis. Il faut convenir que les Gascons ne sont pas tous sur le bord de la Garonne. Et si ce que le souscripteur soupçonne est vrai, votre maison aura acquis à juste titre de les surpasser en tout. Que cela soit dit sans vous fâcher, l’ayant été moi-même cent fois par rapport à votre commissions [sic] que j’aurais voulu pour beaucoup ne m’en être pas mêlé. Je suis bien persuadé que vous aviez cru pouvoir tenir les promesses que vous m’aviez faites ; mais vous ne deviez pas me laisser ignorer que vous vouliez amuser les souscripteurs et me serais donné de garde de vous mettre à découvert par vos lettres que je leur ai communiquées pour leur prouver que ce n’était pas moi qui les avais trompés. Je suppose qu’ils le fussent, ce que je ne suis pas éloigné de croire d’après les retards que vous leur faites éprouver.

J’ai reçu la traite protestée du sieur Saint-Aubin que je vous rembourserai sous peu ou vous le retiendrez sur le prix des paiements que je vous j’ai faits de la Bible et suis très sincèrement,

Messieurs,

Votre très humble serviteur

Buchet

Nîmes, ce 2 juin 1799