Nîmes ce 6 août 1788

Messieurs,

Ayant reçu la dernière que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en foire de Beaucaire, je n’ai pu m’assurer de la remise de deux balles que le commissionnaire vous a fait passer ci-après mon retour à Nîmes. Or vous pouvez dès ma lettre reçue le réclamer de chez M. Dufard de Genève s’il ne vous les a fait expédier et lui rembourser les frais.

J’attendrai avec plaisir la bonne réception et avis de celle que vous devez me faire passer sous l’adresse de M. Troupenas commissionnaire à Nîmes et recommandant à votre correspondant de le faire porter à l’hôtel Notre-Dame du faubourg La Guillautière à Lyon où sont les voituriers de M. Troupenas, évitant la voie du Rhône qui les soumettrait à l’acquit à caution qu’il faut éviter par rapport à la chambre syndicale de Nîmes.

Je me chargerai de tous les livres séparés que vous aurez si le prix que vous y fixerez me convient. Envoyez-moi la note et le format de chacun, soit relié soit en feuilles ou broché, vieux ou neuf, cela m’est indifférent. Il n’y aura que le prix que vous y fixerez qui pourra me le faire refuser.

Je pense que vous préférerez en tirer un parti au-dessus de celui qu’on le vend aux marchands épiciers ou à celui de le mettre aux maculatures. D’ailleurs, si vous mettez en considération que le libraire qui vous le demande en fait un dépôt pour le garder longtemps en magasin mérite des égards sur les prix de pareils livres qui resteraient peut-être éternellement dans vos magasins, ayant l’honneur d’être bien sincèrement,

Messieurs,

Votre très humble serviteur

Buchet

p.s. je vous prie d’avoir la bonté de me donner l’adresse du rédacteur ou du directeur du bureau de la gazette de Berne, les prix qu’elle coûte, et jusqu’à quelle ville est-elle rendue franc de port ; j’ai le plus grand intérêt de me la procurer pour augmenter les nombres des journaux et gazettes qui méritent d’être lus dans mon cabinet littéraires.