Ms. De la Société Typographique de Neuchâtel            Montpellier, le 18 janvier 1775

Messieurs,

J’ai reçu et je réponds à votre lettre du 10 courant par laquelle me donnez avis [que] vous êtes prévalus sur moi pour solde de tout compte jusqu’à ce jour de la somme de quatre cent trente-trois livres et quatre sols neuf derniers pour tout février prochain.  Vous auriez dû observer que suivant nos conventions portées par votre lettre du troisième août 1773 vous commettez à « payer » la « moitié » de frais de la voiture de chez vous à Lyon ; voiture qui jointe à la carabanice que la dernière caisse a faite en allant courir en Auvergne m’a écrasé et plus qu’absorbé le bénéfice que j’aurais dû faire sur vos envois.  Le commissionnaire de Lyon ne m’a pas envoyé l’acquit de la susdite voiture de Neuchâtel à Lyon ainsi je ne vous en ai pas donné avis et vous le portez en compte.  Cela n’empêchera pas, Messieurs, que je ne fasse honneur à votre traité en son temps, persuadé que si nous faisons quelque affaire par la suite, je ne puisse renevir sur cet objet.  Mais je vous préviens qu’avec la meilleure volonté du monde, je ne puis continuer une correspondance onéreuse à nos intérêts.  Je travaille pour gagner non pour perdre.  Si donc, Messieurs, vous voulez vous engager à me faire rendre à Lyon avec Savette et par moitié frais mes envois brochés à votre compte ainsi que la caisse et les ouvrages à un sol de France la feuille aux termes et conditions de quinze mois ainsi que je travaille avec Ms. Jean Marie Bruyset, père et fils, libraires à Lyon et messieurs GabrielRegnaultaussi libraire de la même ville, je vous fournirai note de ce qui peut me convenir et nous recommencerons correspondance bien volontiers.  Vous avez bien de sortes qui ne vaillent pas un sol la feuille.  Mais aussi vous ne devez pas vous récrier sur la diminution que j’exige de frais de brochages, caisse et moitié port.  Ce sont de petits objets et la librairie doit être favorisée étant d’un long débit et de peu de bénéfice.  Voyez, Messieurs, si vous voulez vous engager à ces trois suivantes conditions.

1˚.  Faire brocher à vos dépenses tous les ouvrages que je vous demanderai pour volume seul.

2˚.  Faire faire aussi à vos dépenses une bonne et solide caisse pour contenir les susdits ouvrages donc vous apportez vos soins à l’emballage.

3˚.  Payer la moitié du port et droits de Neuchâtel à Lyon et de vous y établir un commissionnaire l’un qui reçoive et m’expédie mes envois directement à Montpellier ou qui se charge de nouveautés lors de l’arrivée afin que je fasse notion là lesdites caisses.   Je souhaite que ces propositions vous soient favorables et de convenance réciproques et suis avec considération, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur, Abraham Fontanel.

Je vous prie de ne plus m’expédier le Journal Helvétique que je ne recevrais pas à l’avenir me devenanttrès inutile.