A Literary Tour de France
Malherbe à la STN, 13 juin 1785, Loudun

                                                                                              Loudun, le 13 juin 1785

Messieurs,

Je venais de vous écrire ma lettre 21 avril quand la vôtre premier mai, qui la croise, m’est parvenue le 8.  J’ai différé d’y répondre, voulant vous donner quelque preuve de ma bonne volonté, plutôt que promesses, toujours différées dans leur exécution.  J’ai donc pu avoir de mon ami de Nantes un boucaud café dont il se payera sur vente de quelques articles qu’il a à moi à placer.  Voilà des navires arrivés de l’Amérique mais les réarmements sont lents et retardés même parce que le commerce sollicite le retirement de l’édit qui autorise indéterminément les étrangers à armer pours nos colonies, ce qui rend les affaires difficiles.  Ce boucaud café est rendu à Orléans chez M. Pisseau Cagnyé.  Je lui écrirai demain de vous l’acheminer.  En voici la facture montant à L.715-8-0 dont je vous débite. 

M. Lavocat fils, depuis la manque de la maison DaCosta frères de Nantes en décembre se tenant à Rennes chez MM. DaCosta frères pour leurs affaires, faites indice à son billet 500 remis qu’il soit présenté à M. Lévesque chez M. Lambert près Le bon pasteur à Nantes qui doit payer ou le faire passer à Rennes si M. Lévesque n’avait pas les fonds, ce que je ne présume pas.

Je dois livrer quelques libri à un chanoine du chapitre de cette ville.  Il y en a qui viennent de vous, comme quelques volumes des Arts 4°.  Il quitte ce chapitre pour celui de Menigoutte près Potiers.  Il ne veut payer que de Noël dans un an.  Cette livraison sera de vers L.150 à L.200.  Je remettrai et saisirai de la reconnaissance pour votre compte M. Laurence fils.  M. Fauche sera en l’absence de M. son fils et associé, voyageant à Hambourg etc., me promet de reprendre les Voyage de Saussure 4° et 8°, article ingrat pour moi, ce qui me retient L.700 à L.800 en marchandises.  Voilà plus de 3 ans je lui ai proposé le change à L.8 l’un 4° et l’un 8° à L.5 pour les diriger à ses ordres.  Si vous vouliez ce qu’il me fournira, je vous le ferais remettre ou vous pourriez me dire quels articles vous prendriez.  Je les lui demanderais à M. Fauche.  J’attendais une autre solution de lui d’un objet qu’il doit régler à Paris et qu’il [mot illisible] son fils rendu.  J’espère qu’il m’y rendra satisfaction. 

Je continuerai peu à peu à m’acquitter avec vous, mais toujours empêché par plus de 40  mille livres de retenues qui m’ont forcé à vous demander des grâces et délais, je ne puis avancer comme je le voudrais à payer encore 19 à 20 mille livres à divers amis qui patientent.  S’il s’ouvrait quelque moyen de vendre les domaines qui m’existent toujours, je ne balancerais pas.  Voici encore l’approche d’une année qui sera difficile à passer et dans laquelle les acquéreurs seront plus rares que jamais.  La sécheresse a nui et vient à toutes nos récoltes.  La disette du foin est décidée.  Il vaudra vers L.72 le millier au lieu de L.18 à L.24 dans les années ordinaires.  Les froments passables en quelques bonnes terres sont fort molestés dans les communes et petits terrains.  Le seigle rendra peu.  Les maïs, s’ils ne mouillent pas, seront comme nuls.  La vigne seule est superbe et si tout y réussit, la barrique sera plus chère que le vin qu’il faudra à la remplir. 

Enfin, Messieurs, je cherche tous les moyens de le placer, ce domaine.  Puisse-t-il se trouver une négociation praticable à cet effet. 

                                                                                         

Je ne sais quand les 2 procès qui m’arrêtent à Cadiz 13 à 14 mille livres et la demeure de ce fonds-là depuis 1773 prendront fin.  La créance que j’ai à Gignac depuis 1779 – 12200 est au même état.  Si dans cet automne je puis quitter, j’en tenterai le voyage d’après quelques renseignements que j’attends à ce sujet et de Toulouse et de Gignac même.  Je crois sur 3 à 4 mille livres dus au port Margot, confiés en 1763 et vers 5 mille livres aussi confiés en 1763 à un autre ami que j’apprends après bien des désastres se refaire au Port-au-Prince.  Je vais employer par un ami de La Rochelle quelque capitaine chargé de procuration pour en tirer partie.  Ces vides me laissent sans superflu, bornent absolument mes affaires.  Les colporteurs libraires m’ont envahi 7 à 8 mille livres comme perdus.  Vous connaissez cette engeance comme moi.  J’y ai renoncé au moins les domiciles, s’acquittant peu à peu.  Je n’ai en retard avec ceux-là que deux sommes à Bergerac et à Étampes.  Je cherche en outre à pouvoir traiter de quelques marchandises qui vous conviennent, telles que draps, toiles.  Je ne le puis qu’en faisant changes, ou à des termes qui me laissent les facilités d’y pourvoir.  Je devrais avoir pour 5 mille livres de librairie d’une part, et L.2500 de l’autre qui sont bien en route, mais des entraves les arrêtent à Marseille.  On espère depuis 3 nuits les lever.  Cela recule leur direction vers moi qui m’aurait fourni quelque occasion de change. 

Dans ma dernière je vous parlais de vers L.5 coton rouge à marquer qui m’était venu en prix de L.0-40-0 l’once le plus gros à L.3-12-0 le plus fin.  Vous conviendraient-ils ?  En voici échoir.  C’est par petites pelotes.  Après toutes les raisons existantes, je ne puis remplir le dernier billet vous existant de L.1069-17-0 à échoir que je n’aie satisfait à la solde qu’il vous faut pour la promesse de ce sieur Caboche toujours absent de Bailleul.  Daignez donc le garder et éviter frais inutiles seulement destructifs à mon avoir et devenus publics et trop communs, achèveraient de détruire le peu de crédit que ma conduite je crois sans reproche et mon économie en tout me conserve encore chez et dans l’esprit de quelques amis.  Je vous fais passer encore cette présente ouverte par M. Laurence fils qui vous l’acheminera.  Daignez me continuer votre bienveillance, Messieurs, et me croire disposé à tout faire pour vous satisfaire. 

Je suis sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur,

Malherbe, l’aîné 

Loudun, 12 juin 1785

Doivent Messieurs de la Société typographique de Neuchâtel en Suisse pour expédition[ mot illisible] faire de Nantes, à l’adresse de M. Pisseau Cagnyé d’Orléans pour leur être acheminé d’un boucaud café destination de Neuchâtel en Suisse marqué [mot illisible] me en marge et pesant comme fait savoir

  1. Boucaud café pesant L.868

                               .................72

                                          L.796

                  net à L.17-6-0…L.696-10-0

frais

[mot illisible] et rabatage…………..L.1-10-0

acquit à caution………….......……...L.0-9-0

port à la charrette…………….…….L.1-7-0

                                                          L. 418___       

                                                           L.701-8-0

La commission à Nantes 2%..............L.14-0-0

La mienne………………………………0-0-0__

à votre débit………………………………………….L.715-8-0

sauf erreur

Malherbe, l’aîné 

Book Titles: 
Date: 
Mon, 06/13/1785