Loudun, 15 novembre 1776

Messieurs,

Ma dernière lettre 16 octobre a croisé la vôtre du 13.  Préalablement, voici le tableau de notre compte, où je rappelle toutes vos factures. 

Je vous dois facture du premier juillet 1775  L.80-12-0

Celle du 7 novembre…………………………574-12-0_

                                                                        655-4-0

Rabais convenus et réglés suivant ma lettre

2 février………………………………………..34-2-0__

                                                                     L.621-2-0 remis 2 février 1776 chez Montessuy, mon billet. 

Reste dû sur cet article, rabais de 5 pr. cent pesant accordé, L.32-10-0. 

Facture du 20 février balle n°21 net L.647-18-0, Système de la nature déduit et autres réfractions convenues, restée fixée d’après ma lettre 26 juin à L.435-14-0, balancée par mon billet de ces L.435-14-0 chez Montessuy. 

Facture du ballot M. n°105 par Jonques, gardant à mon compte les Lettres de Ganganelli, Lusiade etc., réglée, monter par ma lettre 28 septembre à L.292. 

Autre n°59, L.453 réduite à.………………………………365-10-0 payée en mes billets

292

365-10     État des livres reçus à votre compte suivant votre premier juillet 1775.

Montant à………………………………………..L.245-14-0

Vendu pour, suivant ma lettre 21 septembre……...170-12-0, remis en mon billet. 

Invendus, reste……………………………………L.75-2-0

Plus exemplaires, 5 de La Description des arts, tome 1 à 3, L.130-12-6

[mot illisible], tome 4……………………………………..………………..48-2-6

[mot illisible], tome 5 en route……………………………..………………48-0-0___

                                                                                                              L.301-17-0

Plus la facture 28 juillet dernier

Requête de Linguet montant à ………. L.318-4-0 que j’écoule est à observer qu’au lieu de 500 exemplaires, il n’y en a que 400—erreur de 100 exemplaires à L.0-12-0.

C’est ………………………………………60-0-0__

                                                               L.258-4-0 à tenir compte à MM. de la Société, ayant vendu. 

Je dois maintenant vous payer

1 ex. tome 19 à 22 de L’Encyclopédie à L.12…………….…48

3 [mot illisible] ……………………………………………144_

                                                                                             192

J’attends avis de M. Senn qu’il ait reçu l’Essai de peaux, expédié pour le prier de vous compter L.155-5-0. 

Il me revient de l’autre part sur la première facture les 5 pr. cent pesant

de rabaisL.32-10-0­­­__   L.187-15-0

                                             4-5-0 pour balancer cette partie restera L.4-5-0

J’ai donc à vous tenir compte maintenant. 

Première facture de

10 Avis au peuple ………………33…………………..L.16-10-0

2 Loisirs d’Eon, 13 vols. à 12……………………………24

5 De l’homme à 45………………………………………11-5-0

12 Taureau blanc …………………5…………….……….3

4 [mot illisible] de Larretin, trop chère……..15………….3

60 Thérèse que vous passez L.4.  C’est bien trop

            cher.  Elles ne devraient valoir que 3.  Il

            manque la plus grande figure à presque

            tous les exemplaires, ce qui fait une

            imperfection considérable.  Supposées à 4…….240______

                                                                                    L.297-15-0

Seconde facture

20 Voyage de Brydonne…….33……...L.33

50 De l’homme à……………45………112-10-0

6 Journal de Maupeou ……….4………..24                 190-4-0                 

6 Système social……………...3………..18

6 Legs……………………………….……1-10-0           487-19-0

6 Éloge de Marc Aurélie ..…………….…..1-4-0_____

                                                  Rabais 5 pr. cent pesant   25            _____

                                                                                   L.462-19-0 

J’attendrai votre réponse pour savoir s’il y a moyen de réduire les Thérèse.  On n’en veut pas donner L.5.  Elles reviennent au moins à L.4-12-0 vu les frais extraordinaires que ces balles ont faits. 

Il ne restera plus que votre facture de la balle 227, en route, que j’attends, montant à L.467-8-0.  Vous y avez mis 100 Jezennemours, ouvrage que je ne connais pas.  J’ignore s’il sera débité donc à L.8-10-0, c’est fort cher et les Lettres de Ganganelli à 29 le font aussi trop.  On en a fait une édition à temps avec joli frontispice, beaux caractères, qu’on laisse à L.0-30-0 au cent.  Les Lectures pour les enfants sont aussi chères, à L.0-10-0.  Le Partage de la Pologne sera un livre de peu de vente ici.  Je ferai de mon mieux, pourtant, à réception, au moyen de ce tableau de mes comptes.  Vous verrez que tout est réglé.  Je n’ai encore envoyé que 2 exemplaires de La Description des arts, et encore à un colporteur sur Le Conte du Graal.  Je ne suis pas des plus tranquilles.  J’offre les 3 autres à toutes occasions.  Vendus, je vous en ferai raison.  Il y a au moins 100 requêtes de Linguet placées.  Je pense qu’elles s’écouleront peu à peu.  Par votre facture L.467-8-0, la prenant à mon compte, il y aura 45 pr. cent pesant à me bonifier. 

Dans le temps je vous ai observé avoir eu avec 5 pr. cent pesant de rabais La Contagion que vous mettez 2 à L.1-10-0, Cruauté religieuse 20 à 14, Parnasse 20 à 12, même à 10, Fille de joie 35 à 25.  Vous accédâtes par une de vos lettres à m’accorder ces rabais.  Ainsi, tout doit être d’accord.  Il est très difficile de trouver gagnage avec les bons libraires qui voudraient trouver chez moi aux mêmes prix que dans vos magasins, ce qui ne peut être puisque 4 voitures vont au moins à L.12 pr 100, prix de factures et souvent à 15 et 16 et les risques évités rendus au dépôt ici, ce qui vaut cependant bien des préférences, auxquelles ils se rendent difficilement.  On pourrait profiter avec les colporteurs coureurs, mais ce sont de si chétifs gens sans bien ni domicile qu’on est dupé par les trois quarts et moitié.  Je cherche toujours votre Planquais qui roule en Poitou vers Confolens et Limoges.  Il se fait même adresser à Confolens et Limoges, car M. Fauche a aussi eu la facilité de lui envoyer pr L.500 qui sont protestés.  Si je pouvais le découvrir, je ferais saisir ce qu’il aurait.  J’y donne tous mes soins.  Quand je trouve seulement avec les bons libraires 4 à 5 pr. cent pesant, j’écoule.  M. Barré vient me faire part de votre lettre.  Il est décidé de faire sa maison à Paris.  C’est un garçon actif et intrigant.  Il pourra vous être utile.  Il désirerait, paraît-il, 10 pr. cent pesant de commission.  Arrangez-vous ensemble. 

Votre pays doit être flatté de voir M. Necker, bourgeois de Genève, à la tête du trésor royal.  On en espère bien et de M. Taboureau.  Il est dans le caractère de notre nation d’aimer et chérir la nouveauté.  La suite fera plus solidement penser.  Il serait bien essentiel d’avoir dans ces charges-là pour le bonheur public, quelqu’un de permanent et bien disposé à faire mettre les poules au pot aux bons paysans, sans grever trop les gens aisés.  On parle de guerre.  Le manque d’argent y fera penser sérieusement avant de brouiller les cartes.  La querelle des Portugais avec les Espagnols, celle de l’Amérique avec l’Angleterre pourront bien entraîner d’autres cours dans les différents.  L’esprit de la Russie paraît surveillant pour profiter de toutes les occasions pour l’agrandir et étendre son commerce.  La ville du Havre reçoit déjà nombre de navires russes et en expédie.  On espère un  traité de commerce de notre cour avec cette puissance et on le désire fort.  

J’attendrai avis de ce que vous pouvez me fournir des articles notés par mes dernières.  J’ai l’honneur d’être avec bien de la sincérité et un zélé attachement, Messieurs, votre très humble serviteur,

Malherbe, l’aîné