A Literary Tour de France
Malherbe to Laurence, 6 janvier 1785

 

M. Laurence fils

et Poitiers

                                                                                              Loudun le 6 de l’an1785

 

Monsieur,

 

Ma dernière lettre du 20 décembre était principalement pour vous prier de recevoir et diriger à Périgeux une petite balle livres à M. Dubreuills, ce que j’espère vous aurez bien voulu faire.  J’attends un ballot de Chinon qui y est voilà un mois.  Le messager n’ayant pu venir de cette ville-là avec sa charrette à cause des mauvais chemins.  M’étant venu, je vous fierai de faire passer à Bordeaux un nouveau ballot etc. 

 

Sans réponse de cette, il m’est bien important que les MM. daignent prendre patience.  On travaille à Toulouse à m’obtenir un arrêt au parlement qui coûtera encore L.500 à L.600 et qui m’autorisera à agir contre mes deux débiteurs à Gignac pour L.12200, là depuis 1779.  S’il y a quelque chose en leur pouvoir, je toucherais quelques acomptes alors.  Il en serait bien temps.  MM. LeCouteux de Cadiz m’ont écrit en réponse à ma dernière le 3 décembre qu’ils allaient faire les derniers efforts pour me finir la vente de ce que j’y ai qui me fournirait 1000 à 1200 à passer à ces MM. de cette que je leur destine.  Hier , j’ai reçu lettre de Neuchâtel 19 décembre timbrée de votre ville venue sûrement sous votre couvert.  Elle est de vous de la Société typographique de Neuchâtel en Suisse.  L’issue malheureuse encore d’une négociation acceptée du Sieur Caboche de Bailleul me liasse dans l’obligation vers eux du remploi d’un effet de lui.  Sa promesse L.1700 fournie qui leur est revenue protestée et qu’il paraît qu’ils vous envoient avec frais L.1730-13-0 aux fins de payer. 

 

Nouvel embarras, ne le pouvant en comptant et seulement avec de la patience à fur et mesure que je vendrai des livres qui me sont confiés, par les remises et billets que j’en retirerai, l’approche de la belle saison et un approvisionnement nouveau que j’espère sous deux amis par Nice et Avignon me procurera quelques facilités pour éteindre et retirer ces L.1700 et satisfaire à cette.  Deux objets pressants pour moi: ne pouvant absolument m’aider de mes domaines, j’avais offert à ces MM. une obligation notariée pour la solde que je leur dois, ce qui me coûtera encore des frais et je leur payerai leur demeure chaque an jusqu’à occasion de vente que je ferais  par délégation ou me rentrant fonds, de 30 quelques milles livres retenues qui me valent mes gênes.  J’éteindrai le titre obligatoire que je leur consentirai en leur faisant passer remises de temps en temps.  Ils paraissent vouloir assez y consentir, cependant ils désireraient fort que je leur remplisse cette promesse du Sieur Caboche.  Je ne le saurais en comptant, mais peu à peu avec du temps comme vous aurez l’occasion de leur répondre, voici une lettre pour eux.  Daignez la clore dans la vôtre et les engager à m’accorder leur indulgence et bienveillance.  Ils veulent bien accepter pour L.500 à L.600 café ou plus.  J’espère l’avoir à Nantes y ayant quelques articles libri en train de se placer pour l’Amérique et je tâcherai qu’on me fournisse le montant de la pacotille qu’on doit traiter en café pour m’acquitter d’autant vers ces MM.  Ma bonne volonté leur prouvera au moins que je me voue absolument à surmonter les contrariétés qui me succèdent.  Puissent-elles prendre enfin une issue favorable.  Mon travail et mon économie en tout m’y feront parvenir si on m’accorde bienveillance et liberté de soutenir mes affaires.  Je vous prie de m’accorder votre suffrage autant qu’il dépendra de vous.  Je m’étudierai à le mériter.

 

Restant avec sincérité, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

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Date: 
Thu, 01/06/1785