A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 1 mars 1781

 

                                                                                              Loudun le 1er mars 1781

 

Messieurs,

 

Je n’ai cessé de mettre tous mes soins à me procurer de [mot illisible] en vendant, ou aliénant mes domaines par me faire un compte de 30 à 33 mille livres, mais je n’ai pu réussir à rien encore.  L’espoir de la négociation ouverte ­à Paris y est toujours indécise.  Elle traîne trop et je n’ose plus y compter.  Je reste désolé d’être obligé de vous annoncer la nouvelle de ne pouvoir satisfaire mes engagements vers vous, vu la difficulté de faire rentrer mes fonds dus, vendre les objets qui me restent, enfin de disposer de mon bien.  Ces obstacles me jettent dans une perplexité bien aggravante, puisque je suis nécessité d’avoir recours à l’indulgence de mes créanciers.  J’ose solliciter la vôtre pour concourir à un accord à l’amiable qui puisse me permettre de soutenir mes affaires—sans éclat fâcheux et ruineux et de [mot illisible] par les moyens de vous satisfaire pleinement et à cette fin [mot illisible] de l’aveu que je vous fais me devient d’une conséquence dont il est inutile de vous représenter l’importance. 

 

Mon économie, mon travail assidu, et tous mes soins qui seront appliqués à recouvrer mes effets et objets, ayant l’aisance d’y vaquer en tranquillité doivent vous mettre en sûreté sur tout événement désastreux à vos intérêts.  Je me vois de quoi payer mais il m’est de toute impossibilité de changer aux moyens en espèces qu’avec du temps.  Depuis plusieurs mois j’ai tenté toutes les voies possibles.  Je n’ai pu réussir à Paris à la vente ou aliénation proposée.  Je ne trouve rien dans ma ville fort bornée en ressources.  Mes engagements tombent journellement, sans comptant sur y parer.  Si éloigné de requérir les grâces que je vous demandais, on me perdra en frais et il ne me resterait à la longue que pertes à vous offrir, au lieu que je puis encore vous satisfaire pleinement et me réserver de quoi soutenir quelques affaires avec  la continuation de l’estime de mes amis que j’implore.  Il est intéressant de m’éviter un éclat vu de [mot illisible] et de me mettre sous la protection des lois.  Je perdrai tout mon crédit qui au contraire ne restera peu altéré, si vous daignez adhérer à l’amiable à mes propositions.  Il n’est pas possible de vendre de biens sans y perdre gros pendant que cette guerre durera où je me verrai réduit 44 mille livres d’estimation.  Il y a 3 ans peut-être 18 à 20.  C’est la vérité. 

 

J’ai 8 mille livres à Cadiz de ventes faites il y a 4 ans à l’an et payé les 6 derniers mois l’intérêt qui ne me viendront peut-être qu’à la paix.  J’ai beaucoup de créances pour la rentrée desquelles il me faut attendre, des marchandises qui ne peuvent s’écouler qu’à l’occasion de demander, entre autres 8 à 10 mille livres de librairie etc. 

 

Pour vous communiquer le tableau de ma situation présente, je viens d’en tirer le bilan que je ferai connaître à vos ordres, ou M. Dumoustier [mot illisible] de cette ville.  J’en passe aussi une copie à Saumur à MM. veuve Boutet, Daillé et Dupuis, maison de pleine confiance qui connaît ma situation et qui a été la première à me conseiller [mots illisibles] que la nécessité du temps m’oblige d’adopter.  J’espérais toujours réaliser une 30e de mille livres en aliénant mes domaines, mais je vois cette négociation traîner trop et est fort douteuse dans la réussite.

 

J’ai essuyé il y a plus d’un an une faillite à Gignac près de Montpellier de 12,200.  Le tireur, mon débiteur et l’accepteur de ses traites ont surpris un arrêt au parlement de Toulouse qui [mot illisible] de les actionner.  Ce voyage serait nécessaire.  Je ne puis l’entreprendre qu’arrangé décidément. 

 

Le tableau de mes affaires me rend débiteur au total de L.58000 et mon actif se monte à L.73002.  Savoir en biens fonds qui m’ont été estimés il y a 3 ans 44 mille livres que cette guerre rend bien moins chers et que je réduis en cette raison à………………………………………………………………………..L.36000

Ils consistent en 3 métairies, vignes et maison en ville. 

Mobilier dans la chambre que j’occupe vers……………………………….400

Ne tenant pas maison, ni ménage, mangeant chez ma mère, ce qui doit vous ôter toute crainte que le luxe me ruine.  Marchandises chez moi……………………8500

Idemau dehors……………………………………………………………9440

3 créances à Cadiz………………………………………………………...7800

Idemchez divers…………………………………………………………..4783

Autres [mot illisible] ou de longue rentrée………………………………..4679

Vers 35 pr. cent pesant espérés de la faillite de [mots illisibles]………….1400

                                                                                                                L.3002

Et espoir de réaliser quelques [mot illisible] de créances faillées ou sur quoi peu en état de payer ou en faille de ressources bien [mot illisible].  Le tout monte à………………………………………………………………………..L.25785

En autres pertes sur intérêts ou faillites atermoyées……………………...6953

 

D’après ce tableau, vous verrez que je ne puis réaliser beaucoup de comptes qu’avec [mot illisible] temps et des soins bien assidus et par des voyages nécessaires, tout bien combiné avec mes amis de Saumur à qui je dois et celui d’ici.  Je vous demande un an de [mot illisible] pour rassembler ce que je pourrai et pour vous payer en totalité 3 ans après cette année révolue par 1/3. 

1/3 en 1782

1/3 en 1783.

1/3 en 1784.

Et pour vous prouver que je vous ferai bon suivant les 3 ans de 3 pr. cent pesant par an sur les capitaux que je vous devrai.  C’est à peu près le revenu net que peuvent produire nos domaines en ce temps de guerre vu le bas prix de la denrée, bled et [mot illisible]. 

 

Ayant la confiance de plusieurs amis pour les commissions d’achat de vos productions etc., mon travail pourra d’autant mieux fructifier et tourner à votre avantage en m’accélérant les moyens de vous satisfaire plus tôt s’il est possible et je chercherai à placer le domaine à première occasion favorable et opportune.  Daignez m’être favorable.  J’attends désormais mon bien-être de votre indulgence que vous voudrez bien m’éviter le tort d’un dépôt [mot illisible] et la disgrâce qui me minerait bien du fait jusqu’à [mot illisible] et favorable.  Je laisse sous cordes quelques objets qui m’arrivent et en fais retirer à Orléans et Saumur, ne pouvant honnêtement en disposer que je ne sache si je puis soutenir mes affaires sans vos bonnes grâces. 

 

Je vous dois hors mes 2 billets à échoir l’un en avril prochain de 1318, l’autre en décembre de 1600 pour lesquels je réclame les effets de votre complaisance à adhérer aux propositions ci-dessus et persuadez-vous que jamais je [mot illisible] de vos bontés. 

 

Je suis en toute sincérité, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné  

Date: 
Thu, 03/01/1781