A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 10 mars 1779

 

                                                                                              Loudun, le 10 mars 1779  

 

Messieurs,

 

Je suis favorisé de votre lettre 25 février.  Si les frais aux expéditions sortant de chez vous continuaient à être aussi coûteux, il n’y aurait pas moyen de tirer à vos prix.  Il devient donc essentiel, si vous ne pouvez les modérer, qu’au moins vous tâchez de faire mieux économiser les frais de transport et accessoires. 

 

Je n’ai aucune nouvelle encore de votre dernier envoi.  S’il est passé Lyon, il faut bien que non, MM. Revol me l’auraient marqué. 

 

M. Fauche m’a écrit et annoncé le retour de son gendre.  Il me promettait satisfaction prochaine sur ce que j’attends de lui, comme il lui importe de ne pas la retarder, j’ose croire qu’il me tiendra sa promesse.  J’en attends l’effet. 

 

J’avais à Mayenfelz M. de Salis, doyen à l’ordre du mérite et qui voulait bien me faire espérer par ses soins de me faire payer à la mort de la mère d’un officier suisse, le sieur Endrely de Monswick de 300 quelques livres qu’il me doit prêtes ici et à Saumur et pour une montre d’or placée.  Vous m’avez écrit une fois que ce M. de Salis était mort.  Depuis, je n’ai entendu parler de rien.  Cependant, dans sa dernière lettre, il annonçait la mère Endrely plus qu’octogénaire et comme en enfance et se rétablissant de deux attaques dangereuses depuis le 24 septembre 1777 qu’était la dernière lettre de M. de Salis.  Il est très possible que la mère Endrely soit morte.  Je voudrais savoir, en ce cas si on s’occupe de payer les dettes du sieur Endrely qui s’est fait enfermer dans une maison de force, je crois, au dessus de Versailles et cela pour ses mauvais comportements.  Il a 2 filles au couvent de Fontevrault d’un mariage d’inclination qu’il avait fait à Saumur avec une demoiselle Binace, fille de marchand bien moins que lui pour la naissance.  M. de Salis à qui il était dû, espérait que l’on paierait ceux qui auraient billets et comptes arrêtés, la mère étant fort riche et ayant encore eu une succession depuis peu d’un oncle de mon débiteur qui a un frère au service de Hollande et un autre à Mayenfelz.  Pouvant, Messieurs, par M. Otto votre correspondant à [mot illisible] ou quelqu’un qu’il vous indiquerait à Mayenfelz me faire avoir quelque information sûre et satisfaisante, je vous en aurai obligation.  

 

La partie de livres que vous m’avez proposée sera d’un très long débit et il y a aujourd’hui beaucoup de risques et dangers à tenir de ces sortes-là.  Il faut donner des termes très longs et il y a beaucoup de mauvaises paies.  Je ne puis vendre qu’à libraires et colporteurs.  Il me faudrait plutôt 3 ans que 2 pour vous payer.  Je ne puis donc l’accepter qu’aux conditions énoncées, sous remise de 35 pr. cent pesant et rendus à Lyon, le tout chez moi et vérifié.  Je vous remettrais mes promesses dans Paris.  Je ne puis m’en charger au court terme que vous me limitez.  Si c’était une marchandise qui pût se placer à volonté, comme tant d’autres, cela ne me ferait pas une difficulté, mais il faut de nécessité attendre les occasions et les demandes et depuis les nouveaux règlements, ces sortes sont moins demandées, vu les risques et les précautions à prendre.  Si vous trouvez mieux je ne jalouserai pas que vous en profitiez. 

 

J’apprends avec bien du regret la perte que vous déplorez par la mort de votre associé M. Bertrand.  Puissiez-vous voir naître des objets de consolation qui diminuent vos regrets.  J’y prends, je vous assure, toute la part possible.  Je ne puis me charger de L’Encyclopédie que par demande arrêtée et sûre.  Je la propose à l’occasion, m’en étant connu.  Je vous communiquerai mes demandes. 

 

J’ai l’honneur d’être avec sincérité, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Il me manque vol. 7 à un exemplaire de La Description des arts.  Il ne me reste que cet exemplaire, venant d’en payer 2 à Chatellerault. 

Date: 
Wed, 03/10/1779