Loudun, le 13 septembre 1775

Messieurs,

Je ne puis répondre que brièvement ce matin à l’honneur de votre lettre 5 septembre.  Vous aurez reçu ma dernière 26 août qui vous portait demande, rendue à Lyon, de divers articles.  Enfin, MM. Schodelles m’ont appris l’expédition à Orléans du ballot qui tardait tant.  Je l’attends. 

Vous me donnez de nouveau facture d’un n°98.  Je souhaite qu’il soit à Lyon promptement.  C’est bien 4 exemplaires que MM. Augier de Charente m’ont demandés.  Tâchez donc de les procurer.  C’est encore 3 exemplaires des vols. 19, 20, 21 et 22 à me faire passer.  Ils seront charmés d’avoir ce remploi.  Je suis fâché que vous n’ayez pas compris positivement le sens de ma lettre, ce qui leur fera un retard. 

Les deux nouveaux ouvrages de M. Voltaire seront sûrement bien demandés quand vous les aurez mis en 12 à 20 exemplaires de chaque, ainsi que des Voyages de M. Bridonne etc.  Quant aux sermons, le débit n’est pas grand.  Les livres de dévotion sont communs et la dévotion très refroidie en général.  D’ailleurs, comme dans tout le Poitou, le Saintonge est né à La Rochelle.  Ils ont exercice public soit à la campagne soit en ville.  On n’a pas besoin de tant de livres.  On place toujours quelques volumes des bons ouvrages.  Vous pouvez mettre 10 à 12 semons de Lagé en premier envoi.  C’est ce que le présent courrier me permet de vous répliquer.  Je reviendrai à votre lettre par [mot illisible].  Croyez-moi sincèrement et avec estime, Messieurs, votre très humble serviteur,

Malherbe, l’aîné

On espère quelque arrangement pour officier le mariage des protestants.  On compte beaucoup sur la faveur de M. de Malzerbes.  M. Dutens de Tours, habitué à Londres, homme de lettres, était à La Rochelle il y a peu.  Il s’est chargé d’un mémoire des réformés pour le présenter à M. de Malzerbes.  On doit espérer plus que jamais [mot illisible] le ministère actuel.