Loudun, le 14 décembre 1781

Messieurs,

Ma lettre 1^er août est sans réponse.  Elle vous portait mes nouveaux engagements en votre faveur pour le bon acquit desquels je me prépare de loin.  Et en vue de faire liquider divers intérêts je me rends à Nantes et Lorient, ce qui me tiendra absent un mois ou cinq semaines.  Si dans cette course mes soins vous étaient utiles, faites-le-moi connaître.  Ils vous sont toujours dévoués.  Vous pourriez m’adresser réponse chez M. P. Redoullez, négociant à Nantes.  Où en est votre collection des Arts ?  Il me faudra la suite pour 4 exemplaires et un volume [mots illisibles] n’ayant pas bien réglé encore avec ce libraire Prudhome de Meaux actuellement à Paris.  L’Encyclopédie 4° tomes 18 à 36 me reste.  Que me ferez-vous payer les tomes 1 à 17 pour la compléter afin que je tâche de la placer, cette édition étant au rabais, j’aurai peine à en tirer le prix de votre facteur.  Enfin me fournissant ces 17 volumes je tâcherai de la placer et vous-même y veiller dans ma tournée.  Je tâcherai de vous passer pour ces volumes-là et deuxArts quelque billet qui me viendrait.  J’ai encore vers les 2/3 de toute votre partie de livres philosophiques dont le débit se ralentit fort.  Et j’ai le tout [mot illisible], les Bibles de Voltaire et Bolingbroke chers et en nombre.  Il faudra peut-être y perdre.  Ma galanterie va encore [mot illisible] si mon assiduité au travail, mon économie et ma surveillance à mes affaires dont je m’occupe seul peuvent m’attirer et me perpétuer quelque confiance.  Je pourrai peut-être encore vous paraître digne de quelque bienveillance.  Je ne crains point qu’on me desserve sur ces trois objets.  Vous agirez comme bon vous semblera.  Eu égard à nouvelle confiance, je ne la presserai pas qu’elle soit ­­­­[mot illisible] acte de bonne volonté et non de sollicitation. 

Croyez-moi toujours en sincérité, Messieurs, votre très humble serviteur,

Malherbe, l’aîné