A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 14 juillet 1781

 

Loudun, le 14 juillet 1781

 

Messieurs,

 

Ma lettre du 23 juin a croisé celle dont vous me favorisez le 21.  Je vous y faisais part avec quelle rigueur on exerçait contre moi toutes poursuites ruineuses de justice pour l’argent de l’effet 1318 échu et vous y réitérais l’impossibilité où je me trouvais de faire les fonds-là avec la célérité qu’on les exigeait.  On s’est donc saisi de 3 balles de vos propres marchandises comme je vous l’annonçais.  Il y en a pour L.1500 [mot illisible].  Je n’ai su donner autre chose.  Si ces objets étaient mis en vente au marché public tout serait perdu.  Personne n’en connaît la valeur ici et de ces L.1500 on n’en ferait pas 200 et la police pourrait les faire saisir.  Tout cela redouble mes inquiétudes.  Votre lettre 21 juin reçue 29 devrait les détruire puisque vous daignez vous rendre comme mes autres amis à des sentiments d’indulgence.  Je vous en remercie, et je vous prie de ne pas me mettre dans la classe de ceux qui vous ont trompés.  Je n’en suis point lassable.  Il m’existe de quoi vous payer.  Je n’ai point touché.  Encore à mon bien fonds faute d’en pouvoir trouver la valeur, cette guerre nuisant beaucoup aux vendeurs.  Les productions bled et vin n’ayant pas de débouchés restent à bas prix.  J’ai des marchandises comme vous l’a offert mon tableau soumis [mot illisible] du gros.  C’est un grand malheur pour moi de me voir malgré mes soins, beaucoup de pertes et bien des fonds [mot illisible] qu’il faut attendre.  Comme je vous l’ai insinué, Messieurs, si vous pensiez votre confiance mal placée et devoir être dupés de votre indulgence, l’offre que je vous ai faite de vous ressaisir de vos marchandises me mettrait dans le cas de combler votre [mot illisible] de suite aux prix de vos factures en ayant venant de votre maison au moins pour ce que je vous dois.  Vos intérêts ne sont point livrés à un dissipateur.  Je ne crois pas que personne soit capable de me vexer de mauvais propos à cet égard.  Le luxe ne me ruinera pas.  Je vis avec toute l’économie possible.  Je me trouve de quoi payer et pour un ménage du reste avec le soutien de mon travail, si on m’en laisse la liberté.  Voilà en toute sincérité ma situation.  Je vous citais dans ma circulaire personnes respectables qui pouvaient vous en rendre la confirmation. 

 

Puisque donc, Messieurs, vous daignez contribuer comme d’autres amis à me faire soutenir mes affaires, toute mon émulation sera tournée à travailler, d’accélérer la rentrée de mes objets, et de vous en aider, avant l’échéance que je prends si je parviens à toucher surtout L.12000 à Cadiz.  4 à 5 à l’Amérique etc.  J’ai terminé avec M. Guillaume Cops de Harlem qui n’a pas exigé de nouveaux billets, avec M. Cornefort à [mot illisible], M. Joly à Avignon etc.  À Lille, Sens, Bailleul et cette semaine avec un de Maringus.  Il est quelques petites sommes qu’il faut payer.  Ainsi que le peu que je fais de frais, mes offres acceptées.  Je devais croire sans difficulté toute voie de justice contre moi interrompue au reçu de votre lettre.  Vous m’y dites que vous écrivez à M. Battilliot de retirer de son correspondant à Poitiers, M. Supervielle, directeur des postes, l’effet que vous avez lâché sur moi.  M. Battilliot en m’écrivant enfin le 29 juin qu’il devait avoir reçu votre missive, il s’annonçait n’avoir pas encore reçu d’ordres contraires de vous que cependant je pouvais faire voir la lettre à la personne qui me poursuivait et lui dire de cesser tout et qu’il renvoie à M. Supervielle le billet en question.  Il y a du louche dans cet écrit de M. Battilliot.  [mot illisible] d’ici ne tenant rien de vous ni de M. Battilliot a voulu avoir ordres de M. Supervielle de [mot illisible], de sorte, Messieurs, qu’il faudra peut-être plaider [mot illisible] votre lettre [mots illisibles] le sieur Supervielle à qui j’ai communiqué ce que vous m’écrivez du 21 et la lettre du 29 de M. Battilliot répond opiniâtrement qu’il n’a pas lu d’ordres contraires de M. Battilliot et [mot illisible] au contraire l’huissier à continuer la marche tant [mot illisible] contre moi, ce qui me remet dans l’embarras et pour éviter que les 3 balles saisies fussent mises en vente mercredi, il a fallu faire opposition à la sentence, la vertu de votre lettre, et celle de M. Batilliot.  Je ne conçois rien en la conduite de M. D. de Paris qui dit ne pas avoir de vos nouvelles et cependant que je fasse voir sa lettre qui doit suffire pour cesser poursuites et qu’il n’en ait rien marqué à M. Supervielle qui s’annonce mettre en doute ce que porte votre lettre.  L’huissier l’a vue et lue.  Il dit la référer à M. Supervielle et on attend la réponse ce soir s’il lui plaît la faire.  Il serait bien malheureux pour moi de produire cette affaire en plaidoirie.  Ce fera un éclat qui me nuira beaucoup et si malgré mon opposition on trouvait quelque détour pour faire vendre les objets saisis, je me verrais réduire L.1500 de votre fait à rien.  Je pense, Messieurs, que ce n’est pas votre volonté.  Votre lettre en porte la preuve et pour satisfaire en tout ce que vous m’y prescrivez, je vous remets ci-joint tableau de notre compte.  L’ancien se monte à L.29-18-0 que je vous remplis comme à ceux qui ont exigé nouveaux billets en 3 effets que voici inclus du capital par 1/3 de L.972-13-4

    et j’ajoute à chacun 3%         29-03-8

                                  1001-17-0. 

                                              

[en marge] Nanquins vraie Chine en jaune et blanc pouvant vous convenir à L.9/pièce, ils valent L.10 au détail.  Je trouverai peut-être à placer de vos livres en ­­changes ou de pierres à feu, boucannières blondes et grises à L.3-5-0 mil., [mots illisibles] à L.2-5-0. 

 

Ces trois nouveaux billets pour solde de Lancien sont

L.1001-17-0 à 2 ans à votre ordre du 12

L.1001-17-0 à 3 ans id.

L.1001-17-0à 4 ans

L.3003-51-0

 

1318 échu, 1600 à échoir seront nuls.  Vous me les retournerez ou ferez remettre.  Trois à quatre amis m’ont volontairement quitté de l’escompte de 3 pr. cent pesant que je leur offrais pour les objets reçus il y a peu.  Je vous en donne aussi le tableau qui se monte à L.490 pourquoi je vous remets à 15 mois mon effet.  Si je ne puis placer solidement l’Encyclopédie [mot illisible] reçue 4° 18 à 36 à celui qui me l’a demandée, je la garderai et vous prierai de me fournir les tomes 1 à 7.  On me promet effets à ce sujet et je les attends avant de l’expédier craignant de mal confier encore car depuis un an j’ai bien laissé de côté des demandes, me voyant trop dupé par 7 à 8 colporteurs et je refuse ceux qui me donnent à présent mémoires, à moins qu’ils ne me fournissent effets en double figure, connus, ou sûretés, point lonely.  Avec cette précaution, je réparerai, j’espère, les torts qu’ils me font et cette maison de Gignac près Montpellier où je voudrais bien faire le voyage pour savoir qu’en tirer.  Je voudrais faire aussi un voyage en Bretagne.  Pouvant y traiter de quelque partie de café, je vous la proposerai avec plaisir et dans cette tournée et une aux environs de Paris pour voir à tirer pied ou aile de ces colporteurs, je tâcherai de placer de vos livres ph. et g. et le faisant par parties, je vous remettrai les effets que j’en tirerai, je vous le promets.  Comptez-y et sur ma sincérité et mon attachement pour vous, étant toujours, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné

 

État de mon compte avec Messieurs de la Société typographique de Neuchâtel en Suisse.

1779

mai 7                   Pour 7 ballots annoncés fixés à [mot illisible] -----------------------L.3674

novembre 6         Remis mon billet ------------------------------------------L.1600

novembre 29       Remis L.408-14-0 et L.1318 ----------------------------L.1726-14-0

1780 octobre 28  Voiture aux 7 balles libri reçues--------------------------L.347-6________

                                                                                                                L.3674

Reste à payer mes billets ci-dessus.

 

L.1318

            }  L.2918: Savoir en 2 ans………………………………….L.972-13-4

L.1600                   ajout 3%...................................................................29 – 3-8

                                                                                                         L.1001-17

 

                              En 3 ans………………………………………..L.972-13-4

                              ajout 3% …………………………………………..29- 3 -8

                                                                                                        L.1001-17

 

                               En 4 ans ………………………………………L.972-13-4

                               ajout 3% ………………………………………….29- 3- 8

                                                                                                        L.1001-17

                                                                                                                                

                                                                                                         L.3005-11

 

Dois de plus nouveaux envois reçus.  Ballot M n°260 : facture par lettre, 12 septembre 1780.  Reçu il y a peu.  [mot illisible]…………………………………………..…à L.300

Restant d’une balle M. n°201 : expédié par MM. Revol……L.105-18-0 pour……..L.100

Ballot 4 n°309 : vols. 16 et 17.  Des Arts…………..…………………………………L.90

Il me manque les tomes 13 et 14 et ceux 18 et suivants……………………………..L.490 que je vous passe à 15 mois de ce jour. 

 

Enfin, le Sieur Supervielle écrit que quoiqu’il n’ait pas de lettre de M. Battilliot que d’après celle reçue de [mots illisibles] et celle du Sieur Batilliot [mot illisible] qu’il donne ordre de suspendre.  Je ne comprends pas pourquoi M. Batilliot n’a pas écrit à Poitiers dans le sens de ce que vous avez dû lui écrire.

Date: 
Sat, 07/14/1781