A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 15 mai 1779

 

                                                                                              Loudun, le 15 mai 1779 

 

Messieurs, 

 

Je dois réponse à vos deux lettres 11 et 29 avril passé.  Je suis toujours sans nouvelle de votre balle en retard.  Il faut bien que MM. Revol n’ayant pas encore levé les obstacles qui s’opposent à son expédition pour Orléans.  Ces retards dérangent le débit et font qu’un ouvrage nouveau devient quasi vieux à l’arrivée, et que ceux qui le désiraient s’en trouvent pourvus.  Car aujourd’hui le débit de certains écrits n’est que l’affaire du moment.  Manqués, ils restent du temps et se placent avec langueur et à petit prix.  

 

Vous m’accordez la partie de vos libri offerte aux conditions franco Lyon et termes énoncés de 18 mois et 2 ans, rendue chez moi, reçue et vérifiée.  Je vous en donnerai mes engagements dans Paris.  Vous me faites part aussi de vos soins pour vous procurer une connaissance dans le pays des Grisons pour savoir si la mère du sieur Endrely, morte, on payera quelque chose aux créanciers.  Il faut que M. de Salis soit mort.  Il paraissait prendre à cœur mes intérêts et la mère morte, s’il vivait encore, je pourrais espérer être payé.  Ma créance dont j’ai un billet a été occasionnée pour une montre d’or pour aider le sieur Endrely dans le temps d’un procès qu’il avait avec la famille de son épouse au conseil supérieur de Poitiers qu’il a perdu par des mauvais comportements, car naturellement, on ne pouvait lui ôter sans cela la [mot illisible] de ses 2 filles qui sont toujours, je crois, au couvent de Fontevrault. 

 

Quand j’aurai reçu votre édition de la Bible, je la proposerai et on verra si les curieux la préféreront aux autres.  Aujourd’hui, on veut ces sortes de livres à grand marché. 

 

Je n’ai rien su ni vu encore de la part de la Société genevoise dont vous me parlez, qui va proposer une édition nouvelle de J.J. Rousseau.  Au cas d’offres de sa part je me rappellerai votre avis.  À première occasion d’expédition vous pourriez mettre 10 à 12 exemplaires des nouveaux sermons de M. Bertrand que vous annoncez.  J’offre aux occasions votre 3e édition de L’Encyclopédie.  Si on m’en arrête, je vous en demanderai.  Je crains que le long temps que sont à me parvenir les volumes de la souscription retenue ne la fasse contre ordonner. 

 

Votre seconde lettre m’annonce sept balles contenant les livres libres dont j’ai traité montant L.3265-18.  Je vérifierai le tout à l’arrivée et le contenu se trouvant d’accord à votre facture, je vous en passerai mes 2 billets à 18 et 24 mais votre remise de 35 pr. cent pesant, quoique d’apparence honnête, devient sur quelques articles pas trop forte, car il en est de fort chers et d’autres d’un triste débit et qui pourront me rester.  Les chers sont La Nouvelle M. Parnasse, libre, qu’on a à Rouen à L.0-10-0.  Belle Allemande, pas Le Temps du beau sexe, mauvais ouvrage  qui ne vaut pas L.0-12-0.  Vénus dans le cloître, Lettres sur la philosophie nouvelle qui vaut à peine L.0-2-0.  Essais sur le despotisme.  Je l’ai eu à L.0-20-0.  La Vie des Capucins, à Rouen, L.0-10-0.  L’Examen de B., à L.0-20-0.  Le Recueil de comédies et chansons gaillardes est donc en 2 volumes, car en un à L.0-35-0, c’est trop cher.  Je me serais bien passé du Partage de la Pologne, livre, ce n’a aucun débit.  On aurait l’abbé Terray à Chatellerault chez Guimbart à L.0-25-0.  La Lyre gaillarde à L.0-15-0, Les Anecdotes de du Barry à L.0-25-0.  Vous voyez par ce recensement que l’avantage ne sera pas si grand, courant risques de garder longtemps cette partie où il y a certains ouvrages en grand nombre.  Si je pouvais vendre dans un an à la bonne heure.  Je connais bien M. Pavie.  S’il voulait traiter avec raison, je l’en arrangerais volontiers.  J’en offrirais au libraire. 

 

Vous me ferez plaisir de me référer les demandes qui vous seront faites afin que j’écoule à l’arrivée tant que je pourrai.  Je ne ferai point d’offres que les balles ne soient en sûreté. 

 

Sur votre facture L.430-4 à 12 mois, il faut déduire 5 pr. cent pesant

……………………..21-4

Ce sera……………409 à vous remettre. 

 

Si les propositions que vous me préparez sont à lieu de pouvoir être acceptées, je me prêterai à tout ce qui pourra vous obliger.  Comptez sur mes soins. 

 

M. de Salis m’avait fait espérer qu’à la mort de la mère Endrely on prendrait quelques tempéraments pour payer les dettes du fils capté.  On m’avait même fait recueillir divers mémoires de ce qu’il devait à diverses auberges de Saumur, Poitiers, etc. et chez les marchands.  La mère a fait même un fort héritage d’un beau-frère mort, où Endrely aurait eu sa part.  Si la mère n’eut pas vécu, elle a tout touché. 

 

S’il faut attendre la mort de la mère, rien ne presse encore d’envoyer mes titres.  Ils ne consistent qu’en un billet.  Mon profit d’Endrely qui ne l’a pas payé et que j’ai remboursé, et dans un petit prêt fait et 2 paires bas vendues passant ici pour aller pendant son procès à Fontevrault voir ses filles.  Il fut obligé de prendre 2 huissiers avec lui pour faire faire une injonction aux religieuses.  Sans le sou, je lui prêtai à cette occasion L.24. 

 

Vous avez bien fait de recommander à Lyon d’expédier ces sept balles avec toute la précaution et sûreté jusqu’à convenable.  Attendant sans nouvelles de leur arrivée à Orléans, je suis bien sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Au cas que le titre de ma créance sur Endrely vous fût utile pour l’exhiber à la mère ou frères de mon débiteur, la voici.  Je ne connaissais pas l’homme.  Il avait un procès malheureux et où sa religion entrait pour beaucoup.  Je crois qu’il fallait l’obliger et j’eus tort. 

Date: 
Sat, 05/15/1779
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