A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 19 août 1772

 

                                                                                              Loudun 19 août 1772

 

Messieurs,

 

Pour satisfaire à la lettre dont vous m’avez favorisé du 2 courant, la note ci-jointe vous instruira de l’usage que j’ai fait de votre circulaire et à qui j’en ai adressé jusqu’ici.  Il m’en reste une trentaine d’exemplaires que je ferai passer aux adresses que je pourrai découvrir.  Je souhaite que mes soins répondent à votre attente et à vos désirs.  Je serai très flatté de vous avoir été utile.  Vous fixerez comme vous le jugerez à propos ce que vous croirez devoir à mes soins.  En attendant je note à mesure mes petits débours pour vous qui depuis ma dernière consistent en quelques ports de lettres et frais de copies de votre dernier catalogue que je communiquerai aux occasions.  Je l’ai fait passer à M. Chevrier et ai fait dire à M. Brault que s’il voulait vous faire quelques demandes qu’elles seraient bien reçues.  Je vois avec plaisir pour vos intérêts que l’introduction des livres non prohibés n’est point difficile puisqu’à ce moyen vous aurez sûrement mémoires à remplir qui en vaudront la peine.  Il conviendra que vous ayez un ami affidé à la frontière qui prenne l’acquit à caution nécessaire et un autre à Lyon qui acquitte les droits et fasse passer le ballot à la chambre syndicale pour l’acheminer à la destination.  Si vous pouviez rendre à ce moyen à Orléans ce qu’on vous demanderait, il en résulterait bien plus d’encouragement à vous faire des demandes.  Par exemple pour les petits objets surtout, un M. De Blois m’a écrit ces jours passés d’après l’avis que j’ai fait insérer sur les affiches de Tours qu’il désirait votre journal.  Je lui ai répondu en lui en faisant passer le prospectus qu’en m’en envoyant l’abonnement qu’il le recevrait.  Il voudrait aussi La Description des arts et métiers, L’Encylopédie économique d’Yverdon et le Dictionnaire encyclopédique idem, celui d’histoire naturelle de Bomare.  Il me demandait le prospectus de l’encyclopédie.  Je m’en suis trouvé un et je lui ai fait passer.  Comme il le représente, souscrivant pour les ouvrages, il ne peut les prendre à Neuchâtel.  Il les voudrait vendus chez lui ou chez moi ou enfin à Orléans.  Répondez-moi à cet égard ce que vous pouvez faire.  Je lui communiquerai.  J’attends sa réponse et vous en ferai part.  J’ai fait usage autrefois de la route de Turin, Nice et Marseille en tirant de MM. Cramer frères quelques livres de dévotion, mais elle est bien coûteuse : 30 à 40%, ce qui ne conviendra guère aux libraires de nos provinces vu l’éloignement.  On m’a écrit depuis peu de vos côtés qu’il se trouvait sur les frontières des assurances qui garantissaient tous risques moyennant 8, 10 ou 15% auquel cas s’ils voulaient porter leur assurance pour rendre jusqu’à Orléans, ce serait une bonne affaire, car ce n’est pas le tout que de passer la frontière.  Il faut encore éviter le passage aux chambres syndicales.   

 

Je commence à voir avec plaisir que l’impression et la publication de votre circulaire ne sera pas sans fruit.  M. Hovins fils de St-Malo m’écrit premier courant qu’il venait de vous demander nombre de livres.  Lui répondant, envoyez-lui votre troisième catalogue.  Sa crainte comme à divers autres est la difficulté de passer aux frontières.  Vous lui indiquerez vos moyens en correspondant avec lui regardant comme inutile que je réponde à sa lettre, ma mission étant faite par l’envoi de votre missive.  M. Audran de Rennes me répond mais son débit n’est pas assez répandu pour faire usage de vos sortes.  Il me prie de vous faire passer ce catalogue des siennes.  Voici une réponse de M. Barbou de Limoges qui vous porte un mémoire assez honnête mais à une condition que vous n’acceptiez pas sans doute mais que vous ne faites rien par échange.  Je l’en prévins en lui répondant et lui acheminant votre second catalogue.  Vous correspondrez directement avec lui pour lui communiquer votre façon de travailler.  Je souhaite que vous le déterminiez à travailler avec vous à prix d’argent.  Il se peut faire et je le désire que dans nombre des centres libraires à qui j’ai adressé votre circulaire il y en aura nombre qui vous répondront directement.  Je l’apprendrais avec plaisir.  Si un chacun vous confiait ses mémoires, vous pourriez faire de bien bonnes affaires.  M. Chevrier sera dans le cas à la suite si vos envois lui parviennent sans risques, ce qu’il en soit comptant de beaucoup faire avec vous.  

 

Vous expliquerez dans votre correspondance directe vos dispositions touchant les droits et je les annoncerai aux occasions comme vous me le prescrivez. 

 

Quand votre Bible in folio sera hors de presse, si vous voulez  m’en faire passer d’abord 25 ou 30 exemplaires, je les prendrai à mon compte.  Vous croyant disposés à me la passer au prix le plus coûtant que vous pourriez, et à des termes qui permettent et donnent l’aisance de l’écouler, vous pourriez y joindre quelques exemplaires des sermons de M. Durand. 

 

Il est bien que vous ayez noté les L.28-4-0 de mes frais dont je vous ai fourni le détail.  Je vous donnerai celui de ceux qui suivront.  Si une pièce indienne que M. Morel de chez M. Deluze m’a acheminée par Genève me parvient, je vous prierai de lui remettre une quarantaine de livres que je lui devrai. 

 

Votre expéditeur continue sans doute son oubli pour m’adresser votre journal.  S’il se présente des souscripteurs et que votre envoi ne soit pas plus régulier, on ne sera pas content.  Je n’ai reçu encore aucun volume.  Il faudra que vous donniez vos ordres que pareils retards ne continuent pas. 

 

Il pourra se trouver des amateurs pour L’Encyclopédie.

 

Tel est, Messieurs, le compte que j’ai à vous rendre de mes opérations jusqu’à ce jour.  Obligez-moi de faire passer l’incluse à Vévey.  Il répond à ma demande qu’on me fait pour parchemin, [mot illisible] etc. 

 

Je vous prie aussi de communiquer ceci à M. Fauche votre associé.  C’est ma réponse à son billet du 2 courant.  Je lui suis obligé du succès qu’il me souhaite dans mes nouvelles opérations, m’attachant à les diriger avec prudence et voulant me borner aux commissions qui me seront confiées.  J’ose espérer réussir.  Je pensais qu’il était très facile qu’il pût insérer dans la première balle libri qu’il expédierait les quelques effets que j’ai chez M. Deluze.  J’ai prié M. Morel il y a peu de jours si cette voie ne pouvait être employée qu’il me les adressât directement dans une petite caissette.  J’ai prié M. Fauche de lui recommander et de nouveau, s’il n’en fait aucune disposition relative à ma dernière lettre.  Si M. Fauche a besoin de basanes et parchemins, je lui ferai ses commissions, mais je ne puis accepter le change qu’il me propose attendu que nos articles s’achètent comptant et qu’il me faudrait peut-être des années pour vendre sa petite Bible.  Le débit n’en serait pas si rapide qu’il se l’imagine.  Une maison fournie de ce livre d’usage en a pour sa vie et on préfère les in-folio parce que le caractère en est plus propre à toutes sortes d’âges.  S’il veut m’en envoyer une centaine d’exemplaires à L.4 à la condition que je partagerai avec lui ce que je les vendrai au-dessus de L.4, il peut le faire.  Je ferai de mon mieux pour les vendre promptement.  On m’a assuré que son associé dans cette édition les laissait bien au dessous de L.6 pour s’en défaire. 

 

Je lui serais obligé de recommander mon adresse à l’occasion aux marchands épiciers et autres de votre ville qui inclineraient à faire quelques demandes de nos articles comme huile de noix qui vaut toujours L.50 le cent pesant de [mot illisible] 46, de lin 48, grains d’anis 37 à 38, coriandre 18 à 19, [mot illisible] 15, lin L.14 de cent pesant, d’oignon L..0-22-0 à L.0-24-0 latt, gomme d’arbre L.38 le cent pesant, plume d’oie L.0-31-0 à L.0-32-0 latt.  On envoie aussi angélique confite ; en fruits : des prunes de Sainte-Catherine.  La première sorte est un excellent fruit.  On l’envoie en corbeilles pesant de L.10 à L.12.  Elles vaudront cette année vers L.40 à L.42 le cent pesant, la seconde sorte L.20 à L.22 et la troisième 10 à 12.  On fait envoi aussi de cerises, de poires tapées, de pêches et d’abricots.  Le [mot illisible] vaut ici L.5-15-0 à L.6 la [mot illisible] en jaune.  Je lui serai obligé à première vue de rappeler à M. Rouget les petits frais que j’ai usés pour lui.  Si ses Bibles et psaumes étaient rendus [mot illisible], on pourrait placer mais en vain les offre-t-on pris chez lui.  Sensible au souvenir de toute la maison, je le prie de faire agréer à tous mes devoirs et que toujours je serai disposé à l’obliger. 

 

Nous sommes à la veille de voir payer un hiver bien rude pour le peuple.  Là nos grains nouveaux sont montés à des prix fous:  L.475.  La fourniture de froment de 21 [mot illisible] dont chaque pèse de 205 à 210 livres, poids de [mot illisible].  Partout la récolte a été commune et il y a bien peu de bleds vieux.  Nos vignes sont encore très vilaines.  Si M. DeBouwy est à Neuchâtel, je prie M. Fauche de lui dire que je n’ai pas répondu à sa dernière attendant qu’il m’écrive de Bâle où il marquait qu’il allait se fixer.  Vous pouvez, toujours en toute confiance que mes soins vous sont dévoués, faire usage de mes offres de services.  Je tâcherai continuellement de vous prouver la considération distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être bien sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Note à qui j’ai adressé la circulaire:

 

À M. Pavie jeune, Rochelle

Chaboiceau grand, Maison Rochelle

Aux Bénédictins de St-Maixent

À M. Billault, libraire à Tours

M. Malassis à Nantes

M. Cors id.

M. Vatar fils aîné id.

Veuve Vatar id.

Tripper à Angers

Barrière et Billault id.

Parisot id.

Billard id.

Brun à Nantes

Croisilher à Montauban

M. Favre à Montpellier

Gaudé [mot illisible]

Duplaixe à La Porte Toulouse

Manavit id

Forest id.

Fils de Gouz à Saumur

Novius fils à St-Malo

Boullanger à Rouen 

Besogne id.

Oursel id.

Bouchard à Metz

Couret de Villeneuve frères à Orléans

Jacobid.

Audran à Rennes 

Julien chez Vatar id

Le Scéne id.

[mots illisibles] à St-Quentin 

M. LeFettre à Nevers

Boisseran l’aîné à Rouanne

M. Desbords négct. à la Rochelle

David à Aix

Trabose à Bayonne 

Desvents à Dijon

Giroud à Grenoble

Barbou à Limoges

Cazin à Reims

Bizolbe à Toulouse

Masson à Blois

Manoury à Cæn

Jeune homme à Reims 

LeFebvre à Versailles

Veuve Godard à Amiens

Valade à Paris

Chez Penchouche à Lille

Delaunoy à Douai 

Patryan Havre

Fonranel à Mande

Lair à Blois

 

Date: 
Wed, 08/19/1772