A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 19 septembre 1778

 

                                                                                             Loudun, le 19 septembre 1778

 

Messieurs,

 

Je suis favorisé de votre chère lettre 4 courant passé qui me donne état d’une nouvelle balle libri expédiée à MM. Revol et cie. pour m’être acheminée.  Je l’attends avec les 2 premières qui commencent à me tarder beaucoup et cela me fait craindre quelques obstacles pour leurs passagers.  J’ai écrit à MM. Revol et cie. et MM. Sergent, Chasseins frères d’Orléans à qui j’ai adressé deux lettres.  Ils les leur ont acheminées en leur prescrivant ce qu’il faut observer, expédiant de Lyon à Orléans pour obvier à toute visite.  Depuis je n’ai nul avis de MM. Revol et il y a peu, MM. Sergent, Chasseins frères me marquaient n’avoir rien reçu, ce qui m’a décidé, le courrier passé, d’en récrire directement à MM. vos commissionnaires.  Les 3 ballots me parvenant, je vous ferai passer mes remises, vérification faite de vos factures, cette dernière montant suivant votre détail de L.196-12. 

 

Les nouvelles ordonnances paraissent s’exercer avec rigueur à Bordeaux et Toulouse.  On a saisi dans ces 2 villes nombre de balles venant d’Avignon, Nîmes, et d’ailleurs.  Les ordres sont de rigueur.  On n’y a pourtant rien encore estampillé.  La chambre de Poitiers est en vigueur.  L’inspecteur y a estampillé et à Limoges on l’attend à La Rochelle.  J’étais la semaine passée à Angers.  On n’a encore rien facturé dans cette chambre-là.  La commission d’inspecteur n’est pas donnée encore.  On l’attend cependant que cela ne tardera pas.  Comme il y a peu d’imprimeries dans le ressort de la chambre d’Angers et qu’elles sont en grande partie occupées aux usages, on n’y sera peut-être pas si sévère qu’à Bordeaux et Toulouse.  Comme notre ville, quoiqu’en Poitou, dépend de la généralité de Tours, aux ressources d’Angers, il me tarde de savoir comment tout s’y passera pour ma règle.  Je verrai pour être moins tracassé.  Jusqu’ici on ne m’a rien fait dire à négocier un brevet de libraire.  Si on me fait connaître protestant, peut-être sera-ce un obstacle. 

 

J’ai eu le plaisir d’avoir ici pendant 15 jours le gendre de M. Fauche de votre ville qui s’est un peu reposé de la fatigue de son voyage.  Il m’a quitté.  Il y eut jeudi 8 jours pour se rendre à Paris.  Comme il y séjournera certain temps, il m’a promis de sonder si possibilité s’offrira d’obtenir le brevet ou permission en question.  On m’avait annoncé M. Vritel comme homme aimable et intelligent.  J’ai été charmé de le connaître personnellement et vraiment.  Il m’a paru mériter beaucoup, tant par les sentiments qu’il m’a montrés que par les diverses connaissances dont il paraît doué.  Nous nous sommes quittés liés d’amitié et j’espère qu’il s’en rappellera.  Je l’ai accompagné à Angers.  M. Fauche doit se féliciter d’avoir acquis un tel gendre qui ne peut que contribuer à l’avantage et prospérité de sa maison.  Du moins c’est ce que j’ai pu en présumer pendant le peu de temps qu’il a bien voulu rester avec moi. 

 

Vous m’annoncez la visite de l’un de vos commis.  Je serai charmé de le voir et de lui rendre les bons [mot illisible] qui seront en mon pouvoir.  Jusqu’à ce moment, il n’a pas paru.  

 

J’ai déjà noté la souscription de votre Encyclopédie.  S’il m’en est arrêté, je vous en demanderai.  Sera-t-elle mieux que celle de Genève ?  J’ai 2 ou 3 correspondants qui y ont souscrit et qui se plaignent du papier etc. et trouvent divers articles de théologie traités trop dans le goût sorbonnique, sans doute pour favoriser d’autant mieux sa circulation en France, mais ces entraves à la liberté de penser ne plaisent pas à tout les lecteurs.  Cette observation m’a été faite, entre autres, par des amis de Cognac. 

 

J’attendrai l’arrivée de vos 3 ballots avant que de faire un nouveau choix dans vos dernières notes.  Il me faudra bientôt des Dorat, Millot, Histoire générale, Voyageur français, si vous en avez etc.   Le dernier me manque. 

 

Si vraiment M. de Salis a Mayenfelz est mort, pourriez-vous m’y procurer une adresse, ou y ayant connaissance, ou à croire qui ne doit pas être éloigné, vous informer si mère Endrely de Monswick est encore vivante ou morte.  La dernière dépêche de M. de Salis me la dépeignait dans un état désespéré ou son grand âge n’étant plus, je voudrais savoir si on payera ce que doit M. de [mot illisible] fils qu’on a fait renfermer au dessus de Versailles et qui me doit vers L.300 et à bien d’autres de Saumur, Poitiers etc. 

 

J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Je viens d’acheter anis pour Besançon L.35 les [mot illisible].  La coriandre vaut L.0-14-0 à L.0-15-0.  Mes fruits se cuisent.  Si vos épiciers en voulaient en octobre, on expédie. 

 

Date: 
Sat, 09/19/1778