A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 1er mars 1773

 

                                                                                              Loudun 1er mars 1773

 

Messieurs,

 

Aussitôt la réception de votre chère dernière lettre 25 janvier, j’ai acheminé l’incluse pour M. Malassis de Nantes en lui écrivant le 5 février.  Il ne m’a encore rien répondu.  Il est donc à présumer qu’il persiste à ne point accepter les 2 ballots libres que je tiens à mon auberge à Saumur à sa disposition ou à la vôtre.  Il aura pu vous répondre directement.  Ayant avisé ce que vous voulez que je fasse de cet envoi, vous me donnerez vos ordres, et je les suivrai.  Les hauts frais qu’a faits cet envoi joints au retard de celui-ci font, je pense, persister M. Malassis dans son refus.  Si vous avez des droits à exercer contre lui, vous verrez s’il convient de les mettre en usage pour le forcer à accepter ces livres.  Mais en attendant et comme je vous en priais par ma dernière, vous me ferez plaisir de me faire remettre sur Paris ou m’y indiquer au remboursement pour les L.166-8-0 que j’ai payés pour la voiture et droits etc. du ballot, ensemble 72 pour mes déboursés à votre sujet jusqu’à ce jour en port de lettres, impression et copies de catalogues : L.238-8-0. 

 

Les petites affaires que je gère maintenant requièrent le peu de fonds que j’ai devant moi.  Vous m’obligerez beaucoup de ne pas m’arrêter [mot illisible] longtemps cette petite somme.  Il y a apparence que Mlle Grasset ne m’enverra pas ce que je lui demandais puisque je n’en ai pas ouï parler depuis ma dernière du 5 janvier. 

 

Je vous continue mes soins avec plaisir et ce sera à vous, Messieurs, à tenir une note des mémoires qui vous seront venus par mon canal et mes perquisitions.  Je ne reçois plus votre journal depuis le commencement de cette année.  Vous êtes libres d’en agir à ce sujet comme bon vous semblera.  M. Lair de Blois désire beaucoup que vous lui expédiiez promptement ce qu’il vous a demandé.  Plus vous mettez de célérité dans vos envois et plus vos commettants récidiveront leurs mémoires.  Cette attention est essentielle au débit.  Un ouvrage nouveau qui est en vogue est recherché d’abord et les libraires sont [mot illisible] de satisfaire les curieux avec promptitude. 

 

Monsieur Desbordes de La Rochelle, mon ami, a dû vous envoyer un mémoire.  Attachez-vous à bien le servir.  Il ne me reste plus que 3 de vos catalogues que j’enverrai à Nantes par première occasion.  J’en ai acheminé un à M. Billault à Tours qui est riche et aisé.  Je souhaite qu’il vous fasse des demandes.  J’ai acheminé le 5 février celui que vous destiniez à M. Couret de Villeneuve à Orléans, et le 23 dernier sur la demande que m’en a faite M. Forest de Vannes.  Je lui en ai adressé un qui sûrement sera suivi d’un mémoire. 

 

J’ai recommandé à mon ami Desloges de Poitiers, qui dirige les affiches du Poitou qui ont commencé à ce mois de janvier, d’engager M. Faulcon son imprimeur à vous faire quelques demandes et j’ai envoyé un de vos catalogues à son bureau.  J’ai fait aussi insérer dans les feuilles, ainsi que dans celles de Paris, votre avis touchant votre journal.  Si vous trouvez quelque autre occasion pour Paris, envoyez-moi quelques nouveaux catalogues. 

 

Je vous serais obligé de faire soigner à l’exécution du petit mémoire que je vous ai remis.  Je serais bien aise que l’expédition ne tarde pas tant, et puisque la voie que vous m’indiquez est sûre, je l’accepte aux conditions que vous me notez.  Vous ferez adresser à Orléans le ballot à M. J. M. Pisseau Cagnyé, négociant au dit lieu à qui je donnerai ordre de me l’acheminer par bateau à Saumur ou Chinon.  Vous me ménagerez vos prix en vous bornant à un bénéfice modéré et les ouvrages qui seront sur petit papier vous les mettrez au prix qui conviendra.  Je recevrai en temps volontiers quelques exemplaires des sermons de M. Bertrand.  Je vous serais obligé de demander quelque information sur le crédit et l’infortune de M. de Grussy à Vévey.  Je lui ai expédié quelques huiles et eau-de- vie dont il m’a remis partie de la valeur par Lyon.  Je donnerai l’information nécessaire à l’occasion touchant l’ouvrage de M. Holland dont vous me parlez afin que MM. les libraires ne se laissent pas surprendre.  

 

J’ai l’honneur d’être avec une estime distinguée et un vrai attachement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné

 

Je souhaite que la santé de M. Ostervald soit entièrement rétablie. 

 

Ce courrier m’apporte le premier volume de votre journal de janvier 1773.  Je vous en remercie. 

 

Je vous dis dans cette lettre que Mlle Grasset ne m’ayant rien répondu que sans doute elle ne m’envoyait pas ce que je lui demandais qui pouvait se monter de L.50 à L.60.  Dans ce moment je reçois lettre de MM. Grasset qui me font payer L.0-23-0 pour me dire, quoi que je vous priasse dans ma dernière.  S’ils vous demandaient ce petit remboursement, de le leur faire passer que vous avez répondu à leur demande que vous n’avez nul ordre de payer ni aucun fonds.  Réponse qui me surprend.  Vous ayant prévenus que mes déboursés pour vous se montaient de 70 à 80 et ayant de plus payé pour vos ballots libres qu’il me reste L.166-8-0.  Cette réponse donne un mauvais relief.  On peut s’imaginer que j’ai avancé une fausseté et un rien nuit au crédit qu’on cherche à s’établir.  Vous ne manquez pas d’occasion de faire dire à MM. Grasset que vous leur paierez pour moi de L.50 à L.60 suivant le montant de la bagatelle que j’ai demandée à Mlle leur sœur.  Ce surplus, vous me le remettrez s’il vous plaît sur Paris ou m’y indiquerez un rembours.    

Date: 
Mon, 03/01/1773