A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 21 mai 1783

 

                                                                                              Loudun, 21 mai 1783

 

Messieurs,

 

Votre lettre du 13 avril m’est parvenue en temps qui m’accuse réception du billet 17 de M. Caboche pour fin décembre 1784.  Ces MM. de Gignac m’attirent bien des faux frais par la retenue qu’ils me font constamment des L.12200 chez eux depuis juin 1779.  Voilà encore L.26-12-0 pour ne m’avoir pas aidé de L.900 à L.1000 que j’en espérais chez MM. Ziegler.  Il faut convenir aussi qu’on ne ménage rien de vos côtés sur les billets protestés.  Tant que je ne serai pas assuré de superflu, je tâcherai de ne plus y remettre de billets et qu’on veuille attendre mes remises des objets que j’y traiterai.  Car si on gagne L.0-5-0, ces misérables [mot illisible] vous les mangent.  Vous me répondrez, payés.  Cela n’arrivera pas.  Plusieurs incidents peuvent faire manquer l’acquit d’un billet.  On peut compter sur remises qui sont tardées, en remettre qui viennent à protêt, et si le banquier ne veut payer que fonds réalisés, comme la plupart l’exigent, quoiqu’on ait ou se trouve sous le joug des frais qui s’accumulent tant chez vous, tout billet à domicile n’étant pas sujet à retraite ne devrait subir que les frais d’un protêt. 

 

D’après la solde qui me revenait en vous passant l’effet sur Lyon ­à nouveau porté…………….…L.118-5

La remise de………..1700___

                                 L.1818-5

 

J’ai de vous la dernière facture des Arts….L.180

Le retour de la remise sur Lyon…………….666-12__

                                                                   L.846-12

 

Reste…………………………………….L.971-13 sur ma dite remise.  Tâchez de me ménager tous frais trop dispendieux comme ceux à ces 640, car mon bien me restant invendu, ce qui me gêne plus que je ne puis l’exprimer, tant 20 à 24 mille livres en espèces me seraient utiles et favorables dans mes affaires.  Vous sentez qu’il me faut user de toute prudence et économie pour me soutenir.  Le 3e 20e venu avec la paix grève mes [mot illisible], à un point que personne dans ma ville n’a de moyens à employer en achats de domaines.  Aussi la paix ne vivifie rien encore, ne donne aucun stimulant aux affaires, qui restent dans un engourdissement total et les faillites écrasent.  Voilà encore celle de M. Vincens à Paris qui jouissait de la plus haute considération et estime qui fait bien tort.  Elle ne sera pas ruineuse.  Il y a de quoi payer en chine, mais ce n’est pas venu.  Elle monte, dit-on, à 6 million et MM. Ve Amyrand et fils de La Rochelle ont suivi pour 2 million.  Bordeaux est écrasé de manquer Marseille de même.  Le désastre de Messine qui n’est plus y fait grand tort.  Tout cela rejaillit dans mes provinces et parfois dans ma ville, où il y a si peu de ressources.  Je cherche toujours à vendre pour 20 à 24 mille livres de domaines.  Il est fâcheux que je ne trouve pas.  Cela arrête mes affaires, les borne très à l’étroit, m’attire des charges que ce comptant mériterait.  Les objets accrochés à Gignac, où je voudrais aller cet an si je puis quitter pour voir qui statue, si c’est perdu, ou qu’en pouvoir tirer. Celui à Cadiz de L.12000 y est au même état d’indécision.  7 à 8 mille livres de même à l’Amérique.  Il y en a [mots illisibles], mais l’habitant ne se presse pas—non plus qu’une douzaine d’autres débiteurs de 300 à 1000 à 1200.  Je vais faire un voyage à Lorient et je me rendrai par Nantes pour y recueillir quelques créances, y faire vendre 7 à 8 mille livres d’objets, tâcher de vendre quelques libri en ayant en magasin pour 12 à 15 mille livres à placer.  Si je réussis, je m’élargirai un peu et au retour, sous 3 semaines à un mois, je verrai à m’arranger pour le voyage de Gignac.  Voilà à peu près ma situation, que je voudrais bien rendre moins gênée.  Toute mon étude y est portée et l’économie en tout me guide pour tâcher de satisfaire à tous mes amis.  J’avancerais beaucoup cet ouvrage si je vendais enfin pour 20 à 24 mtt. de domaines.  J’aurais plus de loisir à vaquer après [mot illisible] mes rentrées.  Enfin seul, sans établissement, je n’ai à penser qu’à mes affaires.  Je ne prends aucune distraction ailleurs, vivant toujours avec ma mère, qui me fait le cadeau de cette dépense. 

 

Je ferai le possible pour approvisionner 22 juillet le billet 1069-7 pour peu que j’exécute les vues que j’ai de me faire payer et vendre.  Il n’y aura pas d’obstacles.  Si ces susdites contrariétés à ces fins se perpétuaient, vous auriez L.971-13 qui restent à valoir, ou payant, vous me les fourniriez en marchandises.  À mon retour de Lorient je vous marquerai ce qui m’aura réussi.  Si je puis vous être utile dans ce voyage, mes lettres me seront renvoyées pour répondre au plus pressé.  Et à Nantes je les recevrai chez M. Lavocat, fils chez MM. Dacostie frères.  Il m’est tombé une vingtaine de Commentaires sur l’ordonnance de la marine par M. Vaslin de La Rochelle, bon livre, 2 vols., 4°, figures, 16 [mot illisible].  Je ne fais en épicerie que les objets du cru de ce pays : huile de noix, fruits, grains, cire, miel, pierres à feu.  Celles de l’Amérique ne sont point encore à un prix établi pour s’en occuper.  Si dans mes voyages je traitais de quelque objet de convenance chez vous, je vous l’indiquerais.  J’ai encore pour 12 à L.1500 de votre sorte de livres philosophiques qui s’en va bien difficilement.  Continuez-vous vos Arts et métiers La Géographie de Büching est-elle parachevée ?  J’en ai quelques volumes de vous.  Au premier loisir je chercherai ces notes ou les ferai pour avoir les compléments qui me manquent.  L’Histoire de la Bastille de Linguet annoncée sera descendue sans doute ?  Connaissez-vous La Gazette noire qui s’annonce de Bruxelles ?  J’y fais quelque chose avec M. de Villebon qui va imprimer ou être éditeur d’un journal de commerce.  Vous pourriez faire quelques changes avec lui de vos sortes avec celles de son pays.  Voyez et arrangez-vous. 

 

On parle beaucoup d’une nouvelle guerre de l’empereur et l’impératrice de Russie contre le Turc.  On veut que nous soyons pour le Turc, ce qui attirera peut-être guerre en Flandres et l’espèce tournera dans ces contrées comme dans la guerre qui vient de finir.  Elle a été portée aux Américains. 

 

J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

Date: 
Wed, 05/21/1783