A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 22 janvier 1772

 

                                                                                              Loudun, 22 avril 1772

 

Messieurs,

 

Je me suis trouvé à Nantes quand m’est parvenue l’honneur de votre lettre 3 mars, y ayant séjourné deux mois pour y régler différentes discussions touchant mes anciennes affaires.  On m’y a envoyé votre lettre.  J’ai parlé suivant vos désirs à MM. les libraires de cette ville.  J’ai même fait copier le catalogue que vous me remettez avec l’avis de votre nouvelle édition des Arts et métiers que je leur ai distribuée.  J’ai donc fait note pour port du paquet dernier de L.1-14-0 et pour 20 copies de votre catalogue et 12 de l’avis………………………… L.1-6-3

 

Voici le nom et adresse des principaux: 

M. Cors à La Bible d’or

M. Vatar, fils aîné, Place du pilori

M. St-Aubin

M. Malassis, Place du Pilori

M. Douette

Mme la veuve Vatar

M. Brun à l’entrée de la fosse

 

Je les ai engagés de correspondre avec vous s’ils penchaient à traiter de quelques-unes de vos éditions.  J’ai même mis au bas des copies de votre catalogue qu’ils pouvaient m’adresser leurs observations, s’il leur était plus commode, que je vous les ferais passer.  M. Cors, syndic de leur chambre, m’a observé que l’entrée à Nantes souffrirait des difficultés ayant une chambre fort rigide.  Non seulement vos éditions ne sont pas permises en France parce que les ouvrages y sont la plupart prohibés, mais encore parce que pour les autres comme Libraire de France, il y a des privilèges particuliers pour les libraires français.  Il vous serait donc essentiel que vos associés dans leur tournée levassent tous les obstacles pour l’introduction.  S’ils y parviennent, donnez-m’en avis.  Vous pouvez écrire à MM. Cors, Vatar, Veuve Vatar, Malassis et Brun.  Ce sont ceux qui font le plus.  Je les ai beaucoup engagés à faire quelques essais.

 

À Angers, j’ai remis aussi copie de votre catalogue à MM. Barriere et Billault, à M. Parisot à Saumur, Billard, à M. Bouteny, à M. De Gouy. 

 

Si je croyais que vous approuvassiez qu’on fît les frais de faire imprimer une centaine d’exemplaires de votre avis pour l’édition des Arts et métiers, je tenterais de l’adresser aux libraires de nos villes voisines, aux communautés et gens curieux.  Peut-être en résulterait-il que l’on m’adresserait quelques souscriptions.  J’attendrai à cet effet de vos nouvelles, et je prendrai cette précaution si vous la laissez à ma volonté—tant pour cet avis que pour ceux que vous pourriez me faire passer à la suite.

 

On a oublié de joindre à votre lettre le prospectus du Droit des gens de M. Vatel qui est annoncé par le catalogue.  Pour votre Journal helvétique, j’ai fait mettre, d’après l’engagement que vous me faites de vous procurer des souscripteurs, un avis sur la feuille hebdomadaire qui s’imprime à Nantes que vous m’avez commis pour en recevoir l’abonnement.  S’il m’en est adressé quelques-uns, je vous en préviendrai.  Il faudrait aussi que vous m’envoyiez un petit avis pour le faire imprimer et je l’adresserais volontiers dans nos environs aux libraires etc.  Je compte passer à Poitiers sous peu et peut-être à Tours.  J’y donnerai copies de votre catalogue.  Il y a à Tours M. Billault qui fait beaucoup, à Poitiers M. Chevrier, près l’intendance, M. Brault, M. Faulcon.  Correspondant avec quelques-uns des libraires ci-dessus dénommés, vous conviendrez de vos faits tant pour l’impôt de 20% que pour l’introduction.

 

Je serai toujours porté d’inclination à vous rendre tous les services qui dépendront de moi, d’abord sous nulle vue d’intérêt, mais uniquement par l’estime que je vous ai vouée.  Si des affaires se présentent, je vous laisserai les maîtres de me bonifier tels dédommagements que vous jugerez à propos ou tels que vous les accordez à vos autres correspondants.  S’il vous était facile de rendre à Lyon ce que les libraires de province vous demanderaient, ils se décideraient plus volontiers à vous adresser des mémoires.  Ils ont peur de la longueur de la route. 

 

Si vous étendiez vos affaires jusqu’à Cadiz, vous pourriez employer à vos commissions M. La Chambre, chez MM. Magon et Le Fer frères.  C’est un garçon actif et intelligent.  À La Rochelle, M. Pellier pourrait, si vous n’y avez pas d’amis, vous servir aussi avec cette activité qui gagne la confiance des commettants aux commissionnaires.  Quand votre Bible sera finie, s’il n’existe pas de risques évidents pour l’introduction, comme je vous l’ai annoncé dans ma dernière, un de mes amis en prendra 25 exemplaires et moi-même autant.

 

Vous me permettrez de vous dire que les années échues de votre journal ne sont plus du même prix que celle courante.  On ne peut donc les payer la même valeur.  C’est pourquoi je ne vous demanderai que l’abonnement à commencer de ce mois pour un an.  Si vous me l’adressez, je ferai tenir L.18 à l’adresse prescrite.  Si je veux me procurer les volumes précédents, on peut les faire venir dans un ballot, mais il faut les passer au moins à moitié diminution du prix de la souscription à Neuchâtel.  Si je vous procure des abonnés, je compterai sur la remise que vous faites aux autres.  On pourra statuer pour la Bible à un an de terme du jour qu’elle parviendra à qui vous en demandera.

 

Je suis charmé que vous soyez parvenus à étouffer les tracasseries violentes qu’on m’avait mandé vous avoir été suscitées.  La protection que vous avez acquise doit vous mettre dorénavant à l’abri de pareilles brouilleries.  Votre établissement en deviendra d’autant plus affermi et vos spéculations plus certaines.  Je vous en fais mon compliment. 

 

Attendant votre réponse, j’ai l’honneur d’être avec un respectueux dévouement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur,

 

Malherbe, l’aîné

 

Si quelques maisons solides de votre ville avaient besoin de commettre quelques emplettes dans nos provinces, ou qu’elles inclinassent à quelques spéculations, j’ose réclamer votre bonne recommandation pour me procurer leur connaissance et quelque fructueuse occupation.  Nous fournissons dans les temps eau de vies, huiles, cire, bougies, plumes d’oie, grains d’anis, coriandre etc.  Je suis à portée pour faire les commissions soit de sucre, café, indigo, [mot illisible], bois des îles etc.  Voici une lettre pour M. Fauche.  Je vous prie de la lui remettre.  

Date: 
Wed, 01/22/1772