A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 23 décembre 1780

 

                                                                                              Loudun le 23 décembre 1780

 

Messieurs,

 

Je venais de vous écrire 21 novembre quand votre lettre du 12 m’est parvenue.  Je vous y expliquais mes craintes sur le billet 408 qui n’est revenu que par le peu d’attention de M. Prudhome à payer cette somme comme je l’en avais prié avant son échéance chez MM. Sache sur votre avis que ce billet était protesté et que vous le renvoyiez avec retraite à M. Battilliot.  Je lui en écrivis et au sieur Prudhome pour que vos L.423-12-0 fussent remises de suite à M. Battilliot.  Mais par une fatalité que trop commune dans ce temps M. Prudhome n’a payé chez M. Battilliot, malgré que je requière le prix des envois qui ont un an de dater.  M. Battilliot me fait même craindre que ce n’est pas argent [mot illisible], ce qui me surprend assez, M. Prudhome m’ayant enfin écrit qu’il avait été absent, qu’il allait viser mon compte et sous 15 jours le solder en effets et 6 jours après cette lettre M. Battilliot me dit, lui, qu’il ne faut pas que j’y compte, ce qui m’intrigue cependant.  Il paraît peu probable que M. Prudhome eût songé à conserver sa maison à Meaux et à venir en former une à Paris voilà quelques semaines s’il était embarrassé.  J’attends plus ample éclaircissement à cette occasion et puisque l’on n’a pas payé à Paris, comme je le comptais, c’est un surcroît de gêne.  Je viens de remettre au porteur ici de votre retraite L.270 et demain ou lundi à mon retour de Saumur, je solderai.  Votre M. Battilliot n’est pas homme fort traitable.  Il avait recommandé les suites les plus rigoureuses et j’ai eu assez de peine à les éviter.  Cependant votre lettre, Messieurs, ne me faisait pas entendre [mot illisible] vous fassiez tant inquiets et les frais dont vous [mot illisible] le décompte sont bien assez écrasants sans que [mot illisible] à les accroître surtout ayant bonne volonté [mot illisible] payer.  M. Battilliot m’a aussi reproché de n’avoir pas affranchi une lettre écrite.  C’est être un peu regardant.  Voilà qui est fini.  Il me semble qu’il y aurait moyen d’éviter ces frais en [mot illisible] et que sous protêt et intervention tels objets valeur en [mot illisible] pourraient être retournés.  Plusieurs banquiers décident même qu’il n’y a qu’une traite directe qui soit susceptible de retraite.  Il peut arriver de ces retours avec toute précaution.  [mot illisible] pour payer, c’est [mots illisibles] de ce billet de L.408, si on remet du papier en provision qui ne soit pas payé et que le banquier ne fasse pas l’avance, le protêt a lieu et il est très désagréable de se voir assujetti à des frais de 4 à 5 pour cent.  Cela me décidera à faire à l’avenir mes billets payables chez moi ou à Saumur. 

 

On est si difficilement payé surtout pour les objets de librairie qu’il faudrait doubles et triples capitaux pour conserver aisance.  Je sollicite sans cesse bien des rentrées et cela vient avec une lenteur assommante qui dégoûte bien du commerce.  Pour pouvoir prendre plus aisément patience, je cherche parfois moyen de m’aider de 40 à 45 mille livres de domaines, nullement hypothéqués, encore je ne puis trouver à vendre à forfait tant cette guerre rend l’argent rare ou resserré ici.  Je fais négocier à Paris une vente à charge de réméré.  Depuis plusieurs mois on me fait espérer de réussir et j’attends avec assez d’impatience ce succès puisque je ne rencontre rien auprès de moi.  Je n’ai [mot illisible] rien reçu de votre envoi des volumes des [mot illisible] de l’Encyclopédie, tomes 18 à 36.  C’est bien long [mot illisible].  Ces lenteurs font souvent manquer vente de certains objets qu’on ne peut offrir à ce moyen que les ayant reçus. 

 

Votre seconde lettre me donne une facture de volumes 16 et 17 des Arts expédiés que j’attendrai.  Je souhaite qu’ils viennent plus promptement que ceux précédents.  Rendus et tout vérifiés, je vous donnerai crédit de L.90.  Je communiquerai les prospectus que je dois trouver dans ce dernier ballot.  Je n’ai pas reçu l’annonce de vos nouveautés. 

 

J’ai l’honneur d’être avec sincérité, Messieurs, votre humble serviteur,

 

Malherbe l’aîné 

Date: 
Sat, 12/23/1780
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